Citation québécoise du jour ?

Arnaldur Indridason, la Muraille de lave, 2012, couverture

«Son père fermait les yeux. Il semblait très fatigué, sans doute aurait-il mieux valu qu’il reste un peu plus longtemps à l’hôpital, mais suite à ces éternelles coupes sombres dans les budgets, les patients étaient renvoyés chez eux dès que possible.»

Arnaldur Indridason, la Muraille de lave, traduction d’Éric Boury, Paris, Métailié, coll. «Métailié noir. Bibliothèque nordique», 2012, 317 p., p. 238. Édition originale : 2009.

Un autre mot vous manque, et tout est dépeuplé

Il y a peu, l’Oreille tendue déplorait l’absence, dans les débats québécois actuels, du mot casuistique (c’est ici). Il en est un autre qu’il serait utile de garder à l’esprit : manichéisme.

Non pas la «Religion syncrétique du Perse Mani (IIIe s.), alliant des éléments du christianisme, du bouddhisme et du parsisme, et pour laquelle le bien et le mal sont deux principes fondamentaux, égaux et an tagonistes» (le Petit Robert, édition numérique de 2010), mais, plus communément, la «Conception dualiste du bien et du mal» (bis).

Ces jours-ci, le mot s’applique sans mal d’un bout à l’autre du spectre politique. Deux exemples.

Un des personnages les plus visibles des manifestations récentes au Québec est Anarchopanda : sous un costume contrasté, un professeur de philosophie dans un cégep montréalais participe aux manifestations, du côté des manifestants, pour offrir des câlins aux policiers qui les encadrent. Il est devenu un personnage public : on le voit sur des pancartes, le Devoir lui consacre un article, il donne des entrevues. Dans l’une de celles-ci, il distingue, deux fois, les «meilleurs étudiants» de «ceux qui ont du fric». Ce n’est pas pour rien que son costume est noir et blanc.

Denise Bombardier est chroniqueuse et romancière (dit-on). Depuis quelques semaines, dans les pages du Devoir, elle ne se peut plus : elle y déverse des tombereaux de bile (noire) contre les manifestants de tout acabit, surtout les leaders des associations étudiantes en grève. Le 26 mai, elle tranche, anaphoriquement : «La rue a gagné.» D’un côté, le désordre de la foule — et sa victoire. De l’autre, symétriquement, l’État de droit — et sa «reddition».

Blanc bonnet et bonnet blanc.