Dictionnaire des séries 30

Les Mecs comiques (2001)

«L’époque où Patrick Roy fermait toujours la porte»
(Les Mecs comiques, «Le hockey est malade», chanson, 2001)

 

Le gardien défend son filet, qu’on appelle aussi une cage.

Cette cage a, de toute évidence, des gonds. En effet, le cerbère qui résiste ferme la porte. Le joueur qui l’attaque, lui, frappe à la porte.

Tout cela est parfaitement justifié. Le gardien n’est-il pas un portier ?

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Rire dans son assiette

En janvier 2012, Alain Dubuc, dans le journal la Presse, s’en prenait au «néo-jovialisme» supposé de Jean-François Lisée.

Dans le même journal, le même Dubuc, le 24 mai, parle de la «Politique de souveraineté alimentaire» du gouvernement du Québec. Son titre ? «L’agrojovialisme» (p. A22).

On ne le dit pas assez : Alain Dubuc fait beaucoup pour le jovialisme au Québec.

Autopromotion 070

Il y a quelques semaines, l’Oreille tendue participait au tournage, à la Librairie Monet de Montréal, d’une émission de la série webtélé Rature et lit. Cette émission est désormais en ligne (ici ou ).

Animée par Elsa Pépin, l’émission porte sur les héros dans la culture québécoise. Outre l’Oreille, qui parle de Maurice Richard, on peut y entendre Roxane Bouchard, Mathieu Handfield et Patrick Nicol.

Dictionnaire des séries 29

En matière de lexique hockeyistique, ce qui concerne le lancer est particulièrement riche.

On a déjà vu, ici même, le tir voilé et le tir sans avertissement.

Le tir puissant est une garnotte, un plomb ou un boulet.

Howie ! Tout le monde a peur de sa méchante garnotte
(Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum», chanson, 2008)

Anderson a dû repousser un méchant plomb de P.K. Subban qui, ce soir encore, a élevé sa cadence pour les séries (@MAGodin).

La garnotte, le plomb ou le boulet est le fruit d’un lancer frappé (un slap shot).

On entendait les slap shots su’é portes de garages
(Les Cowboys fringants, «Banlieue», chanson, 1998)

Un verbe pour décrire cela ? Snapper (voir Jocelyn Bérubé, «Rocket», p. 33).

On ne confondra pas ce lancer frappé avec le tir des poignets (plus précis, du moins en théorie, mais moins puissant) ou le tir-passe (le plus souvent ni l’une ni l’autre, pas moins efficace pour autant).

Certains tirs sont difficiles à décocher, particulièrement le tir sur réception. (L’Oreille tendue ne connaît pas d’équivalent français au verbe to one-time it en anglais et elle le déplore).

Qu’attendre d’un tir ? De la précision, de la vélocité et de la lourdeur. De la lourdeur ?!?! Si si : avoir un tir lourd, ce serait bien.

pendant les célébrations
se lance dans la partie Gerry Rochon
il ne cesse de nous répéter
un bon lancer est bas dur lourd sec et précis
(Bernard Pozier, «La fièvre du printemps», p. 23)

Bien malin celui qui le pèsera.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Références

Bérubé, Jocelyn, «Rocket», dans Portraits en blues de travail, préface de Jean-Marc Massie, Montréal, Planète rebelle, coll. «Paroles», 2003, p. 25-36.

Pozier, Bernard, Les poètes chanteront ce but, Trois-Rivières, Écrits des Forges, coll. «Radar», 60, 1991, 84 p. Ill. Réédition : Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004, 102 p.

Un trou dans son élan

John Grisham, Calico Joe, 2012, couverture

«Baseball is only dull to dull minds» (Red Smith).

Comme tout un chacun, l’Oreille tendue consacre une partie de son temps de lecture, surtout estivale, aux livres sur le baseball.

Il y a les livres savants (The Meaning of Nolan Ryan, Double jeu), les livres de journalistes (Moneyball, Men at Work), les recueils d’articles (Triumph and Tragedy in Mudville), les romans (You Know Me Al, The Art of Fielding ou, sommet indépassé, The Great American Novel).

Voilà pourquoi l’Oreille vient de lire Calico Joe de John Grisham. Elle avait déjà lu des romans policiers de cet auteur — aucun ne lui laissant de profonds souvenirs, ni en bien ni en mal — et son roman sur le football, Playing for Pizza — aucun souvenir non plus. De Calico Joe, elle se souviendra, car c’est un texte particulièrement mauvais.

Un père va mourir. Cela ne touche personne, car c’est une ordure : violent, alcoolique, égocentrique. Lanceur pour les Mets de New York, Warren Tracey n’existe plus, dans la mémoire populaire inventée par le romancier, que comme celui qui a mis un terme à la carrière d’un joueur phénoménal, Joe Castle (Calico Joe). Comment ? En lui lançant volontairement une balle rapide à la tête. Ce geste, en langage de baseball, est appelé beaning. (Sur un sujet semblable, il vaut mieux lire Rat Palms de David Homel.) Le fils de Warren raconte la rencontre improbable, en 2003, trente ans après les faits, de son père et de Joe Castle. C’est lacrymal, inécrit, sans aucun intérêt.

En lisant, l’Oreille est cependant retombée sur une de ces étranges expressions propres au baseball : «Every rookie’s got a hole in his swing» (p. 57). Dans l’élan (swing) de toute recrue (rookie), il y aurait un trou (hole). Qu’est-ce à dire ? Qu’un joueur n’arriverait pas à frapper la balle si elle était placée à un endroit bien précis, qui n’est pas le même pour tous, et que les lanceurs essaieraient d’exploiter cette faiblesse. Voilà qui vous épargnera la lecture de Calico Joe.

P.-S. — Et il y a bien sûr les livres sur Jackie Robinson.

 

Références

Gould, Stephen Jay, Triumph and Tragedy in Mudville. A Lifelong Passion for Baseball, New York et Londres, W.W. Norton, 2003, 342 p. Ill. Foreword by David Halberstam.

Grisham, John, Calico Joe. A Novel, New York, Dell, 2013, 262 p. Édition originale : 2012.

Grisham, John, Playing for Pizza. A Novel, New York, Doubleday, 2007, 262 p.

Harbach, Chad, The Art of Fielding. A Novel, New York, Boston et Londres, Little, Brown and Company, 2012. Édition numérique. Édition originale : 2011.

Homel, David, Rat Palms, Toronto, HarperCollins, coll. «HarperPerennial», 1993, 276 p. Édition originale : 1992.

Lardner, Ring, You Know Me Al, Kessinger Publishing, [s.d.], 119 p. Reprint. Édition originale : 1916.

Lewis, Michael, Moneyball. The Art of Winning an Unfair Game, New York et Londres, W.W. Norton, 2003, xv/288 p.

Nareau, Michel, Double jeu. Baseball et littératures américaines, Montréal, Le Quartanier, coll. «Erres Essais», 2012, 395 p.

Roth, Philip, The Great American Novel, New York, Farrar, Straus & Giroux, 1980, 382 p. Édition originale : 1973.

Trujillo, Nick, The Meaning of Nolan Ryan, College Station (TX), Texas A & M University Press, 1994, x/163 p. Ill.

Will, George F., Men at Work. The Craft of Baseball, New York, HarperPerennial, 1991, ix/353 p. Ill. Édition originale : 1990.