Accouplements 06

François Bon, Proust est une fiction, 2013, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

Lectures croisées des vacances (du mois d’août).

Dans Lettre à mon juge, de Simenon, un très étonnant passage sur une disparue.

Supposez que vous marchez dans une calme rue de province, par une chaude après-midi d’août. La rue est partagée en deux par la ligne qui sépare l’ombre du soleil.

Vous suivez le trottoir inondé de lumière et votre ombre marche avec vous, presque à vos côtés, vous la voyez, cassée en deux par l’angle que les maisons aux murs blancs font avec le trottoir.

Supposez toujours… Faites un effort… Tout à coup, cette ombre qui vous accompagnait disparaît…

Elle ne change pas de place. Elle ne passe pas derrière vous parce que vous avez changé de direction. Je dis bien : elle disparaît (chapitre IV, éd. 2003, p. 1231).

Puis ceci, dans Proust est une fiction de François Bon, tiré d’À la recherche du temps perdu.

je m’avançais, laissant mon ombre derrière moi, comme une barque qui poursuit sa navigation à travers des étendues enchantées (2013, p. 321).

Une ombre disparue, une ombre laissée.

 

Références

Bon, François, Proust est une fiction, Paris, Seuil, coll. «Fiction & Cie», 2013, 329 p.

Simenon, Lettre à mon juge, dans Romans. I, édition établie par Jacques Dubois, avec Benoît Denis, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 495, 2003, p. 1171-1334 et 1471-1487. Édition originale : 1947.

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