Exercice du jour

Jean-Claude Germain, Diguidi, diguidi, ha ! ha ! ha !, 1972, couverture

Soit le riche texte suivant :

Premier comédien, à l’éclairagiste — Ossti d’tabarnacque de saint cibouère de calvaire de câlisse de chrisse, BRANCHE-TOUÉ SACRAMENT… T’es pas dans une discothèque icite, viarge, t’es dans un théâtre… UN THÉÂTRE SIMONACQUE

Vous devez :

1. trouver quel(s) juron(s) québécois d’inspiration religieuse manque(nt) à ce texte;

2. remplacer un(des) juron(s) du texte par le(s) juron(s) que vous aurez découvert(s).

 

[Complément du juin 2015]

 

Référence

Germain, Jean-Claude, Diguidi, diguidi, ha ! ha ! ha ! [suivi de] Si les Sansoucis s’en soucient, ces Sansoucis-ci s’en soucieront-ils ? Bien parler, c’est se respecter !, Montréal, Leméac, coll. «Théâtre québécois», 24, 1972, 194 p. Ill. Introduction de Robert Spickler. Citation : p. 33.

Citation à méditer

 

Hamburger ou Hamberger (La Malbaie) ?

«[…] les emprunts à n’importe quelle langue, exception faite de l’anglais, reçoivent au Québec un accueil indiscutable. On a bien traduit le hamburger en hambourgeois, mais il ne viendrait certes à personne l’idée saugrenue de proposer des équivalents pour les sushis japonais ou les paninis italiens. Toute innovation provenant d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud ou d’Europe peut être adoptée au Québec avec son nom d’origine, à la condition expresse que ce nom ne soit pas anglais.»

Chantal Bouchard, On n’emprunte qu’aux riches. La valeur sociolinguistique et symbolique des emprunts, Montréal, Fides, coll. «Les grandes conférences», 1999, 40 p., p. 21.

Remarque nostalgique du jour

L’Oreille tendue se baladait hier dans son quartier, N’Didji, quand, devant elle, un groupe d’adolescents anglophones s’est séparé.

Leur formule de salutation ? «Bye. Love you.»

Sans sujet (pas de I), lancée à la cantonade (you), cette adresse révèle que l’amour, ce n’est plus ce que c’était.

Le fossé des générations, encore et toujours, s’élargit devant nos yeux.

Une nouvelle flopée

Publicité de Nespresso, 2015, détail

Irrégulièrement (2009, 2010, 2011, 2013, 2014), l’Oreille tendue fait le ménage de sa corbeille pleine de à saveur, cette manie québécoise. Le moment est de nouveau venu.

Vous êtes dans les affaires ? «À saveur entrepreneuriale» (la Presse, 15 avril 2015, cahier Affaires, p. 13).

Vous faites de la science ? «Plus d’une centaine d’activités à saveur scientifique» (le Devoir, 12 juin 2015, p. B1).

Vous êtes sportif ? «Omnium canadien @RBC : Un week-end à saveur olympique» (@OlympiqueCanada); «UEFA. Une finale de soccer à saveur québécoise» (la Presse, 15 mai 2014, cahier Affaires, p. 2).

Vous voterez bientôt ? «Une publicité à saveur électorale» (le Devoir, 18 juin 2012, p. A10); «C’est un discours à la Nation à saveur électoraliste qu’a prononcé mardi Barack Obama» (le Devoir, 28-29 janvier 2011, p. B1).

Vous voterez très bientôt ? «une publicité à saveur franchement électorale» (le Devoir, 21 août 2012, p. A4).

Vous voterez plus tard ? «Une rentrée à saveur préélectorale pour Stephen Harper» (le Devoir, 15 septembre 2014).

Vous aimez voyager ? «Une cuvée à saveur européenne» (la Presse, 10 mai 2012, cahier Arts, p. 10); «Un printemps à saveur celtique — Les célébrations de la Saint-Patrick — Instantanés BAnQ» (@Andre_Gareau); «un conte de style jeu de rôle à saveur japonaise» (la Presse, 25 avril 2014, cahier Arts, p. 6).

L’écologie vous intéresse ? «Un Q7 à saveur diesel» (la Presse, 23 mars 2008, cahier Auto, p. 16); «Du #StreetArt à saveur environnementale. #Joli» (@FabienDeglise); «Il y a aussi le “marché à saveur de développement durable” http://ddsadcestrie.blogspot.ca/2013/03/marche-lavallee-un-marche-saveur-de.html» (@LucGauvreau).

Tant de saveurs, pas de goût.

Les zeugmes du dimanche matin et de David Goudreault

David Goudreault, la Bête à sa mère, 2015, couverture

«Je lisais, donc. Dans l’autobus, dans mon coin de la cour de récréation, dans les maisons où on me trimbalait, aux toilettes et dans mes insomnies» (p. 20).

«S’ils débusquaient un homme dans sa vie ou dans son appartement sans avoir été prévenus, ça compromettrait le retour de ses enfants» (p. 50).

«J’ai laissé ma mère abandonner ses résistances et sa petite culotte […]» (p. 92).

«Bonne idée d’aller travailler. Ça m’a remonté le moral et le budget» (p. 136).

«Et s’il avait la très mauvaise idée de m’attaquer, j’exécuterais ma menace et lui-même» (p. 150).

«Elle m’embrassait avec beaucoup de passion et de langue» (p. 168).

«J’en étais à ce stade de constatation, fomentant l’idée de l’inviter à prendre un verre et son pied» (p. 183).

«De toute manière, je devais reprendre contact avec elle, en personne et en vitesse» (p. 200).

David Goudreault, la Bête à sa mère, Montréal, Stanké, 2015, 231 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)