Autopromotion 147

Jean-Pierre Minaudier, Poésie du gérondif, 2014, couverture

Le 10 novembre dernier, l’Oreille tendue chantait les louanges de Poésie du gérondif de Jean-Pierre Minaudier (2014).

Elle fera la même chose cet après-midi à 13 h (rediffusion à 20 h) au micro de Marie-Louise Arsenault à l’émission Plus on de fous, plus on lit ! de la radio de Radio-Canada.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien — qui contient de l’inca, de l’italien et une traduction du motuna — ici.

 

Référence

Minaudier, Jean-Pierre, Poésie du gérondif. Vagabondages linguistiques d’un passionné de peuples et de mots, Le Rayol Canadel, Le Tripode, 2014, 157 p. Ill.

Billet (un brin) irrité du mardi matin

Profession oblige, l’Oreille tendue participe à des colloques et séminaires avec des collègues français. Elle en tire (parfois) profit : la question n’est pas là.

Elle est dans l’imaginaire de la langue au Québec à l’œuvre chez certains de ces collègues.

Le cas le plus patent est celui des collègues qui s’excusent fréquemment d’utiliser des termes dont ils pensent que les Québécois les utilisent peu (ou pas). Qu’ils se rassurent : nous n’avons pas besoin de sous-titres pour mél (courriel) ou pour podcast (baladodiffusion). Qu’ils se rassurent, bis : aucun commando ne viendra les obliger, Antidote au poing, à changer leur façon de parler. Ces collègues peuvent bien utiliser les mots qu’ils veulent. Les Québécois feront de même. Les uns et les autres arriveront à se comprendre, sans avoir à s’excuser de leurs particularismes.

Cela suppose que les collègues français reconnaissent l’existence de courriel et de baladodiffusion; c’est tout. Ils ne sont donc pas tenus, en outre, d’afficher leurs préjugés (Personne ne dit ça) ni leur ignorance (on dirait ceci ou cela en québécois, alors que le québécois ou la langue québécoise n’existe pas).

L’autre cas récurrent est celui de l’accent. Oui, les Québécois ont un accent. Les Français aussi. Leurs collègues québécois ne passent pourtant pas leur temps à le leur faire remarquer. (Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a que les muets qui n’ont pas d’accent.)

En 2001, Jean-Marie Klinkenberg posait ce diagnostic (amusé) dans la Langue et le citoyen :

Un Francophone, c’est d’abord un sujet affecté d’une hypertrophie de la glande grammaticale; quelqu’un qui, comme Pinocchio, marche toujours accompagné d’une conscience, une conscience volontiers narquoise, lui demandant des comptes sur tout ce qu’il dit ou écrit (p. 26).

Une conscience, c’est assez. Deux, c’est une de trop.

P.-S. — Oui, merci : l’Oreille se sent mieux.

 

[Complément du 27 novembre 2014]

Un lecteur de l’Oreille, doctorant de son état, lui écrit ceci :

Un petit mot de réaction concernant votre billet irrité de mardi pour ajouter mon exaspération à la vôtre. Présentement en séjour de recherche à Paris, je ne dénombre plus ces constantes marques à la fois d’ignorance et de fausse supériorité. Mention spéciale à un professeur parisien m’ayant demandé comment on prononçait, en québécois, le nom de Mikhaïl Bakhtine. Ou encore ce professeur qui, pendant une pause de colloque, est venu, tout sourire, me dire qu’il avait apprécié ma communication, même s’il n’avait pas tout compris à cause de mon accent. Dans le monde universitaire français, il me semble d’ailleurs que la question de l’accent s’inscrit plus largement dans une sorte de dénigrement de convention (tout comme les Québécois, les Belges et les francophones d’Afrique, notamment, sont aussi l’objet de cette dévalorisation par l’accent).

 

Référence

Klinkenberg, Jean-Marie, la Langue et le citoyen. Pour une autre politique de la langue française, Paris, Presses universitaires de France, coll. «La politique éclatée», 2001, 196 p.

Pat Quinn, Maurice Richard et l’Union Jack

Union Jack, drapeau du Royaume-Uni

Pat Quinn, qui vient de mourir à 71 ans, a été joueur de hockey, entraîneur et administrateur d’équipes professionnelles.

Au moment de la mort de Maurice Richard, le plus célèbre joueur de la plus célèbre équipe de hockey au monde, Quinn est interrogé par le Calgary Herald. Il souhaite montrer que celui qu’on surnomme le Rocket n’est pas seulement un symbole pour les Québécois, mais qu’il l’est pour tous les Canadiens :

He was [a] symbol of struggle to all Canadians, not just Quebecers. […] For my generation, he symbolized the desire to get out from under the British flag, that we were no longer a colony and we had to stand on our own as a country. He made us proud to be Canadian (1er juin 2000, p. A3).

Personne, ni avant ni après lui, n’aura essayé de lier Richard et l’émancipation canadienne d’avec la couronne de Grande-Bretagne («the British flag»). On ne dit généralement pas du Rocket qu’il a aidé le Canada à ne plus se sentir comme une colonie («we were no longer a colony») et qu’il aurait rendu ses compatriotes fiers d’êtres canadiens («proud to be Canadian»).

Même sur la glace, il y aurait deux solitudes.

Appel métabibliographique

En 1992, l’Oreille tendue lançait une bibliographie électronique du XVIIIe siècle.

XVIIIe siècle : bibliographie (ISSN : 1207-7461) en est à sa 258e livraison, pour un total de 30 704 titres recensés.

L’Oreille se met aujourd’hui en quête de traces de l’utilisation de cette bibliographie : pas des témoignages transmis personnellement, mais des manifestations sur papier ou sur le Web de son utilisation. Elle connaît les textes de Marianne Pernoo-Bécache (1998), de Peter Damian-Grint (2007) et de John O’Neal (2012), et le rapport de recherche de Nadine Pontal (2001-2002), de même que le site de Jack Lynch, le blogue l’Histoire des Deux Indes, des sites de bibliothèques (Bibliothèque nationale de France, Yale) et un des forums Zotero.

Connaissez-vous d’autres commentaires semblables ? Autrement dit : quelle utilisation publique fait-on de cette bibliographie ?

Merci à l’avance.

P.-S. — La recherche ne sera pas simple. Un commentaire paru sur Fabula en 2000 a disparu du site (mais il est lisible sur Isidore).

 

Références

Damian-Grint, Peter, «Eighteenth-Century Literature in English and Other Languages : Image, Text, and Hypertext», dans Ray Siemens et Susan Schreibman (édit.), A Companion to Digital Literary Studies, Blackwell Publishing, coll. «Blackwell Companions to Literature and Culture», 50, 2007, p. 106-120. http://www.digitalhumanities.org/companionDLS/ (voir p. 107)

O’Neal, John, «Jean-Jacques Rousseau», French Studies, 68, 2, avril 2014, p. 224-232. http://fs.oxfordjournals.org/content/68/2/224.full (voir note 3) Traduction de Julie Étienne : «État présent. Jean-Jacques Rousseau», Dix-huitième siècle, 46, 2014, p. 351-365. https://doi.org/10.3917/dhs.046.0351 (voir p. 352 n. 4)

Pernoo-Bécache, Marianne, «Internet et les études littéraires», Revue d’histoire littéraire de la France, 98, 5, septembre-octobre 1998, p. 829-905. (Voir p. 188/982.)

Pontal, Nadine, le XVIIIe siècle et l’Antiquité, permanence et représentation, à travers les textes et l’iconographie, en Europe et principalement en France, Villeurbane, Enssib, mars 2001-2002, 80/xii p. Rapport de recherche bibliographique sous la direction de Dominique Varry. http://enssibal.enssib.fr/bibliotheque/documents/dessride/rrbpontal.pdf (voir p. 29-30)