Dégustation à l’aveugle

Demandez qu’on vous serve un texte sans vous en indiquer l’auteur.

Essayez d’y repérer la présence conjointe des expressions / formulations suivantes :

la locution adverbiale non seulement suivie d’une inversion du verbe et du sujet (non seulement pontifiait-il);

le verbe identifier utilisé à toutes les sauces (il a identifié sa problématique);

l’expression faire en sorte mise pour faire (son imbibition pendant le match des Canadiens a fait en sorte qu’il a manqué la remontée de son équipe);

l’expression au niveau de pour tout et pour rien (j’aime la langue au niveau de ses clichés);

le verbe se vouloir employé avec un sujet inanimé (son blogue se voulait comique);

comme étant là où comme tout seul ferait parfaitement l’affaire (vous ne considérerez pas cette expression comme étant nécessaire).

99 fois sur 100, vous serez en train de lire un texte québécois.

Se le calmer

Tweet, l’autre jour, de @jacquescostaud, sous la rubrique #québécismes :

Entendu @PaulArcand : Il a voulu lui faire sa fête, on lui a dit de se calmer le pompon.

Pompon à calmer ?

L’Oreille tendue, en 2004, dans le Dictionnaire québécois instantané, proposait deux définitions à pompon.

1. En avoir plein le ~ ou ras le ~. En avoir assez. Céline en a plein le pompon des journalistes.

2. Se calmer le ~. Ne plus s’énerver. «Garderies à 5 $ : on se calme le pompon» (la Presse, 3 juin 2003). Voir nez (respirer par le ~).

P.-S. — Au moment d’aller sous presse (façon de parler), l’Oreille tendue ne connaissait pas encore le résultat du match d’hier soir entre les Canadiens de Montréal et les Bruins de Boston — c’est du hockey. De deux choses l’une. Les Canadiens ont gagné : on se calme le pompon; il reste encore deux matchs à gagner pour remporter cette série éliminatoire. Les Canadiens ont perdu : on se calme le pompon; l’équipe a toujours l’avantage de la glace (façon de parler).

 

Référence

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture

Si le hockey était…

Manchette de la Presse+, 17 janvier 2021

…un insecte, ce serait une guêpe : les joueurs ne bourdonnent-ils pas autour du filet ?

…un gène, il pourrait muter : les entraîneurs n’ont-ils pas le droit de muter leurs joueurs d’un trio à l’autre ?

…une bière, il pourrait se faire brasser : n’est-ce pas ce que craignent les équipes qui ne jouent pas physique ?

…une danse ou une musique, il aurait un rythme endiablé : c’est bien ce que l’on attend d’un match des séries éliminatoires ?

…un malade, on pourrait, pour le traiter, lui injecter du sang neuf : ne dit-on pas qu’il faut toujours prévoir la relève dans son équipe ?

…une librairie, on pourrait y fermer les livres : les joueurs et les dirigeants ne craignent-ils pas cela plus que tout au monde ?

…un rayon, il ne faudrait pas qu’il soit unidimensionnel : ne se méfie-t-on pas des athlètes qui manquent de polyvalence ?

…un salon de coiffure, on pourrait y régler le problème des gardiens qui ont un style échevelé : ne vaut-il pas mieux pratiquer un style classique ?

…un bateau, il pourrait baisser pavillon : des équipes en lice durant les séries éliminatoires, n’est-il pas vrai qu’il n’en restera qu’une seule à la fin, les autres ayant toutes concédé la victoire ?

…un tissu, ce pourrait être la flanalette : n’arrive-t-il pas à la sainte flanelle de perdre sa sainteté ?

P.-S. — Oui, il s’agit bien d’ajouts au Langue de puck. Abécédaire du hockey que l’Oreille tendue faisait paraître il y a quelques semaines.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

 

La bibliothèque idéale de l’amateur de baseball

«Le baseball, comme le cinéma,
est une sculpture du temps.»
Daniel Canty

Le 31 octobre 2013, l’Oreille tendue proposait sa liste de titres de livres pour constituer la bibliothèque idéale de l’amateur de hockey. Ci-dessous, rebelote, mais pour le baseball. Il y a bien sûr plus de livres pour le baseball que pour le hockey.

Roger Angell, Late Innings. A Baseball Companion (1982).

Pour découvrir la prose de l’inventeur du palindrome «Not so, Boston».

Nicholas Dawidoff, The Catcher Was a Spy. The Mysterious Life of Moe Berg (1994).

Pour constater qu’il est des gens aussi bizarres que les gardiens de but au hockey : les receveurs au baseball. Particulièrement ce receveur-là.

Stephen Jay Gould, Triumph and Tragedy in Mudville. A Lifelong Passion for Baseball (2003).

Pour apprécier le fait que la paléontologie mène à tout.

David Homel, Rat Palms (1992).

Pour lire la scène où le narrateur sait ce qui va arriver à son père quand il va se présenter au bâton.

Jonah Keri, Up, Up, & Away. The Kid, The Hawk, Rock, Vladi, Pedro, Le Grand Orange, Youppi !, The Crazy Business of Baseball, & the Ill-fated but Unforgettable Montreal Expos (2014).

Pour ne pas oublier les Expos.

Ring Lardner, You Know Me Al (1916).

Pour marier art de la lettre et art du baseball.

Michael Lewis, Moneyball. The Art of Winning an Unfair Game (2003).

Pour ne plus jamais voir le baseball du même œil.

Arnold Rampersad, Jackie Robinson. A Biography (1997).

Pour continuer à admirer Jackie Robinson.

Philip Roth, The Great American Novel (1973).

Pour comprendre ce qu’est un «inside the mouth grand slam home run». (Et pour les allitérations.) (Et pour tout le reste.)

George F. Will, Men at Work. The Craft of Baseball (1990).

Pour être obligé d’être d’accord avec un chroniqueur conservateur.

Vos suggestions ?

 

Référence

Canty, Daniel, «Tintin dans la Batcave. Aventures au pays de Robert Lepage, épisode 7», Liberté, 295 (53, 3), avril 2012, p. 63-79. https://id.erudit.org/iderudit/63792ac