Comportement à méditer

Francine Tougas, les Mardis de Béatrice,2004, couverture

«Je croyais assez fort en mes idées et en moi-même pour discuter, me mettre en colère, gueuler, taper sur la table et, ça m’est arrivé, quitter avec fracas une soirée entre amis, pour une question de linguistique, de morale ou de politique.»

Francine Tougas, les Mardis de Béatrice. Roman, Montréal, Libre expression, 2004, 196 p., p. 9.

Tontir une deuxième fois ?

David Turgeon, La raison vient à Carolus, 2013, couverture

Soit la phrase suivante, tirée de La raison vient à Carolus de David Turgeon (2013) :

«Je me souviens, et je ne peux l’affirmer avec certitude mais c’est ce qui ferait la meilleure histoire, que Carolus un jour retontit dans notre cul-de-sac […]» (p. 14).

Retontir, donc.

En 2008, deux auditeurs de la radio de Radio-Canada avaient proposé ce verbe dans le cadre du concours «J’ajoute un québécisme au dictionnaire».

Son sens ? Arriver, souvent à l’improviste.

P.-S. — Existe en version archaïque : ressoudre, à prononcer erssoudr’.

 

[Complément du 2 octobre 2020]

Des exemples avec ressou(r)dre ?

En chanson : «Qui c’est qui r’soud ?» (Richard Desjardins, «Le chant du bum»)

En poésie : «chez vous j’ai ressoud» (Gérald Godin, «Cantouque d’amour», p. 22).

En roman, en deux graphies : «Il était convaincu qu’on allait le voir ressoudre à l’aube, les sacoches pleines de morilles» (Thierry Dimanche, Cercles de feu, p. 404); «En voyant ressourdre l’intruse à l’épluchette, Madeleine-la-Mére était rentrée dans la maison, dépitée» (Éric Dupont, la Fiancée américaine, p. 179).

Twitter donne d’autres exemples romanesques, chez Noël Audet et chez Geneviève Pettersen et Christophe Bernard.

 

[Complément du 3 octobre 2020]

Ah ! la mémoire ! L’Oreille tendue, le 23 octobre 2017, signalait un ressourdre dans Simone au travail de David Turgeon : «Examinons pourtant l’éventualité où, par cette forme toujours déplacée d’orgueil dont les écrivains ont fait tant d’histoires, Pierre-Luc eût décidé de bouder tout seul de son côté, et ce, tant que ne ressourdrait pas Sarah-Jeanne» (p. 52).

 

Références

Dimanche, Thierry, Cercles de feu. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 138, 2019, 438 p.

Dupont, Éric, la Fiancée américaine. Roman, Montréal, Marchand de feuilles, 2015, 877 p. Édition originale : 2012.

Godin, Gérald, les Cantouques. Poèmes en langue verte, populaire et quelquefois française, Montréal, Parti pris, coll. «Paroles», 10, 1971, 52 p. Édition originale : 1967.

Turgeon, David, La raison vient à Carolus, Montréal, Le Quartanier, coll. «Nova», 9, 2013, 58 p.

Turgeon, David, Simone au travail. Romans, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 111, 2017, 284 p. Rééd. : Montréal, Le Quartanier, coll. «Écho», 2018, 280 p.

Autopromotion 082

Magazine, Lion, 662, 2013, dossier «Canada»

Pour des raisons familiales anciennes, l’Oreille tendue a ses entrées dans les clubs philanthropiques Lions.

Cela explique pourquoi elle publie aujourd’hui un texte dans l’édition française de la revue de l’organisation. Ça s’appelle «Parler français au Québec» et ça se trouve ici.

 

Référence

Melançon, Benoît, «Parler français au Québec», Lion, édition française, 662, décembre 2013, p. 65-67. https://doi.org/1866/31983

 

[Complément du 11 novembre 2015]

On retrouvera des éléments de cet article dans le plus récent ouvrage de l’Oreille tendue :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Y toucher ou pas

Pour la chroniqueuse gastronomique de la Presse

Dans notre Dictionnaire québécois instantané de 2004, respecter avait droit à deux définitions (p. 193).

1. Ne pas faire ça. Céline, ce soir, je vais te respecter.

(Faire ça ? «Forniquer», p. 87.)

2. Laisser quelqu’un croupir dans son cheminement. Je respecte ta décision.

Il faut aujourd’hui en ajouter une nouvelle.

3. Se soumettre au bon vouloir d’un aliment. Un vrai chef sait respecter son produit.

P.-S. — La nécessité impérieuse de cette troisième définition est venue à l’Oreille tendue à la lecture d’un tweet de @reneaudet. Merci.

 

[Complément du 5 décembre 2013]

Sur Twitter, @nicolasdickner écrit : «Ah oui, mais il faut “respecter *le* produit”, pas “respecter son produit”. L’article est capital.» Juste.

 

Référence

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture

Divergences transatlantiques 029

«Garnir (les claies d’élevage des vers à soie) de petites cabanes de branchage où les vers feront leurs cocons» ? Encabaner, dit le Petit Robert (édition numérique de 2014).

S’enfermer ? S’encabaner, entend-on parfois au Québec : il arrive qu’on s’y réfugie dans sa cabane (maison). Exemple publicitaire sur le modèle d’une prière : «Tu ne t’encabaneras point» (le Devoir, 25 novembre 2013, p. A5).

On ne confondra évidemment pas.