Qu’on nous explique

Casquette des Kings de Los Angeles

«Devant un bar, un jeune rappeur avec une casquette des Kings lui demande s’il veut de l’herbe» (Pomme S, p. 181).

«Bien sûr, je pourrais demander à la caissière qui me relève : connais-tu le gars tranquille au jacket bleu et à la casquette des Kings ?» (Dans le noir jamais noir, p. 34).

Pourquoi, en septembre 2013, les Kings ? (C’est du hockey, à Los Angeles.)

 

Références

Major, Françoise, Dans le noir jamais noir. Nouvelles, Montréal, La mèche, 2013, 127 p.

Plamondon, Éric, Pomme S. Roman. 1984 — Volume III, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 63, 2013, 232 p. Ill.

Des titres à éviter, bis

Sushi & sa chimie

Le 15 mars 2013, l’Oreille tendue dressait une liste de titres à éviter pour cause de jeu de mots.

Rebelote.

«Justin Trudeau et le pot. Un pari fumant» (la Presse, 23 août 2013, p. A1).

«L’hypothèque s’installe à demeure» (le Devoir, 17-18 août 2013, p. C4).

«Droits des homosexuels. C’est pas gai en Russie» (la Presse, 10 août 2013, p. A1).

«Un bibliothécaire à livre ouvert» (Métro, 6 août 2013).

«Le Commensal à la diète. La chaîne de restaurants se place sous la protection de la loi sur les faillites» (la Presse, 29 mai 2013, p. 6).

«La déprime mine le moral des futurs géologues» (la Presse, 22 avril 2013, cahier Affaires, p. 8).

«Environnement. Un terreau fertile pour les emplois» (la Presse, 16 mars 2013, cahier CV, p. 1).

Peter Szendy, À coups de points. La ponctuation comme expérience, Éditions de Minuit, 2013.

Qui prend pays prend brebis

Mourir, la belle affaire

L’homme d’affaires québécois Paul Desmarais vient de mourir. On l’a annoncé hier.

Comment ?

Sur Twitter, beaucoup ont dit que Desmarais était «décédé». Les lecteurs de l’Oreille tendue savent que, parmi ses batailles perdues d’avance, il y a celle de mourir. Pour le dire d’un mot : dans la langue courante, les gens ne décèdent pas; ils meurent. (Ils ne prédécèdent pas non plus.)

Décéder est un de ces euphémismes qu’aime la langue du XXIe siècle. Ce n’est pas le seul; voir ici et .

S’agissant de Paul Desmarais, la palme de l’euphémisme revient au compte Twitter @LeDevoir : «L’homme le plus riche du Québec tire sa révérence.»

Dans le Petit Robert (édition numérique de 2014), c’est Courteline qui sert d’exemple à cette «locution plaisante» : «après quoi je tirai galamment ma révérence et m’en allai».

On ne saurait reprocher à quiconque d’être galant.

P.-S. — Merci à Jacques Brel pour le titre de ce billet, tiré de la chanson «Vieillir».

Chronique leste

Thierry Crouzet, J’ai débranché, 2012, couverture

L’Oreille tendue, dans la mesure du possible, essaie de ne pas casser celles de ses lecteurs avec ses idiosyncrasies lexicales.

Faisons exception aujourd’hui, uniquement en matière de numérique, avec quatre mots qui la ravissent.

Qui remplit un formulaire en ligne doit renseigner les champs. Autre emploi possible : «Je renseignerai pour toi la base de données» (J’ai débranché, p. 241).

Ce qui se trouve dans votre machine (ordinateur, téléphone, liseuse) lorsque vous l’achetez y a été préembarqué.

Vous voulez faire une recherche documentaire pointue ? Il faut que vous trouviez les outils qui feront le meilleur moissonnage possible de l’information.

Il arrive qu’un logiciel soit nécessaire pour faire passer un fichier d’un format à un autre ou pour effectuer une tâche automatiquement. Vive la moulinette ! (On ne confondra pas cette indispensable moulinette avec l’ordinateur comme «moulinette analytique» [p. 70], conception justement moquée dès 1983 par André Belleau.)

On ne peut pas râler tous les jours.

P.-S. — Oui, cela a un rapport avec ceci.

 

Références

Belleau, André, «Le fragment de Batiscan», dans Dix contes et nouvelles fantastiques par dix auteurs québécois, Montréal, Quinze, 1983, p. 65-88.

Crouzet, Thierry, J’ai débranché. Comment survivre sans internet après une overdose, Paris, Fayard, 2012, 306 p.