Autopromotion 094

L’Oreille tendue sera, vers 6 h 30, à l’émission Y a pas deux matins pareils de la radio de Radio-Canada à Toronto pour parler de son Langue de puck. Abécédaire du hockey.

Rebelote, vers 9 h 40, à l’émission Médium large de la radio de Radio-Canada.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien à Y a pas deux matins pareils ici.

On peut (ré)entendre la discussion à Médium large ici.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Autopromotion 086

[Mise à jour : le livre sera en librairie le 5 mars 2014. Lire le communiqué de presse. Lire un extrait du livre (PDF). Lire un deuxième extrait (HTML).]

Au printemps 2013, du premier au dernier jour des séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey, l’Oreille tendue a publié ici même les 57 entrées d’un «Dictionnaire des séries». Il y était question, jour après jour, match après match, de la langue du hockey.

Elle a tiré de ces textes un petit livre, Langue de puck. Abécédaire du hockey, bellement illustré par Julien Del Busso et préfacé par Jean Dion. Le livre part chez l’imprimeur… aujourd’hui. Il devrait être en librairie au cours de la première semaine de mars. Il est publié par Del Busso éditeur (ISBN : 978-2-923792-42-2; prix : 16,95 $).

D’ici là, quatre choses. [Suivies d’une revue de presse]

Sa couverture

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Sa quatrième de couverture

Vos joueurs favoris, ceux du bleu blanc rouge, ne sont pas en déplacement; ils font un périple de quelques matchs. Vous êtes déçu de leurs résultats ? Soyez indulgent : ils donnent leur 110%, mais la puck ne roule pas pour eux; leur gardien paraît mal et il donne des buts douteux. L’entraîneur a bien essayé de couper son banc, mais sans succès : personne n’est capable de déjouer le cerbère de l’autre équipe. Il va falloir vous faire une raison : la sainte flanelle n’est plus ce qu’elle était, les Glorieux sont une espèce en voie de disparition et ça ne sent plus du tout la coupe dans la Mecque du hockey.

Vous comprenez spontanément ce texte ? Ce livre est pour vous.

Vous ne le comprenez pas ? Il est aussi pour vous.

Essayiste, blogueur, professeur et éditeur, Benoît Melançon est l’auteur d’un livre remarqué sur le plus célèbre joueur des Canadiens de Montréal, les Yeux de Maurice Richard. En 2012, il recevait du gouvernement du Québec le prix Georges-Émile-Lapalme pour la qualité et le rayonnement de la langue française. Langue de puck lui permet de marier sa passion pour les mots à son amour du hockey.

Son avant-propos

Sur mon blogue, l’Oreille tendue (oreilletendue.com), au printemps de 2013, j’ai publié, au jour le jour, un «Dictionnaire des séries». Qu’y trouvait-on ? Des réflexions sur la langue propre au hockey. Ce sont ces réflexions — reprises et réorganisées — qu’on va lire, auxquelles s’ajoutent quelques autres textes tirés du blogue et des inédits.

Je n’ai pas voulu recenser les tics des uns et des autres. Le commentateur Yvon Pedneault aimait dire qu’un joueur allait se blottir derrière un adversaire, ce qui faisait du hockey une activité bien douillette. Je ne me suis pas attaché à ce genre de choses.

Je n’ai pas plus accordé d’attention systématique aux surnoms des joueurs. Du «Concombre de Chicoutimi» au «Bœuf de Matane» en passant par «Le patineur de Ripon», il y a un (petit) livre à faire; ce ne sera pas celui-ci.

Je n’ai pas non plus la volonté de prescrire ce que serait l’usage correct en matière de vocabulaire du hockey. Je ne suis pas parti à la chasse aux anglicismes. Je n’ai pas classé la matière en deux colonnes : dites; ne disez pas. J’ai écouté, j’ai lu, j’ai noté, sans juger (sauf exception).

Le néophyte ne trouvera pas dans les pages qui suivent de cours d’introduction au hockey et à son vocabulaire technique. C’est l’amateur éclairé qui est visé. Cela étant, si vous êtes un néophyte ou un amateur non éclairé, personne ne vous chasse.

Langue de puck, cet abécédaire, est une excursion — un périple, diraient les joueurnalistes — dans la langue du hockey, ses clichés, ses lieux communs, ses bizarreries. Les exemples y sont nombreux et ils viennent de la chanson, de la littérature, des médias. La culture québécoise est traversée par le hockey.

Manque-t-il des choses ? Probablement. Faites-le-moi savoir. J’essaierai d’avoir l’esprit sportif.

Sa table des matières

Préface (Jean Dion)

Avant-propos

A comme agitateur

A comme armée

B comme bagarreur

B comme banc

B comme bandes

B comme budget

C comme chapeau

C comme (petites) choses

C comme coins

C comme coupe

C comme crottin

D comme danse

D comme douteux

E comme équipement

E comme espace

F comme fantôme

F comme faune et comme flore

F comme finales

F comme flambeau

G comme gabarit

G comme gardien

G comme glace

G comme grandir

G comme guerrier

H comme histoire

H comme hockey

I comme inscrire

J comme jongler

J comme joueurnaliste

K comme Kostitsyn

L comme langue

L comme ligue de garage

L comme liquide

L comme loge

M comme mêlée

M comme message

M comme mise au jeu

M comme mise en échec

N comme nombre

O comme organisation

P comme (mal) paraître

P comme passe

P comme patin

P comme périple

P comme pivot

Q comme Québec

R comme rondelle

S comme science

S comme surbite

T comme tatouage

T comme tête

T comme tir

T comme top

T comme tricoter

U comme uniforme

V comme vestiaire

V comme veuve

W comme Wayne

X comme dans X et O

Y comme Y en aura pas de facile

Z comme Zamboni

Sources

Filmographie

Musicographie

Bibliographie

Remerciements

 

[Revue de presse]

Daniel Lemay, «Grand angle. Pour commencer à finir l’hiver», la Presse+, 28 février 2014 : «Pourquoi “patinoir” est-il, tout à coup, passé au féminin au tournant des années 30 ? Même Benoît Melançon, sportif lettré de l’Université de Montréal, l’ignore. L’auteur du livre Les yeux de Maurice Richard abordera peut-être la question dans Langue de puck. Abécédaire du hockey, un ouvrage qui contient quelque 650 termes du monde du hockey, pas tous approuvés par l’Académie française. Melançon y donne-t-il son 110 % dans les deux sens du patinoir ? On verra à la sortie du livre le 5 mars, quand ça va commencer à sentir la Coupe…»

Entrevue de Benoît Melançon avec Alexandre Coupal, émission radiophonique Culture physique, Radio-Canada, 2 mars 2014 : «Pour l’amateur de hockey, mais aussi pour le néophyte, c’est un ouvrage qui est très amusant, qui célèbre la façon dont on parle, dont on dit ce sport qu’on aime tant. […] Vraiment un très beau petit livre. […] Joliment illustré. […] Une belle trouvaille.»

Danny Joncas, «Parler de hockey, c’est du sport !», le Journal de Québec et le Journal de Montréal, 4 mars 2014 : «Le contenu de Langue de puck témoigne […] d’un méticuleux travail de recherche, alors que les références historiques et culturelles y sont nombreuses.»

Entrevue de Benoît Melançon avec Félix Brian Corriveau, émission radiophonique Y a pas deux matins pareils, Radio-Canada (Toronto), 5 mars 2014.

Discussion, animée par Joane Prince, entre Jean Dion, Guillaume Saint-Onge et Benoît Melançon, émission radiophonique Médium large, Radio-Canada, 5 mars 2014.

Entrevue de Benoît Melançon avec Matthieu Dugal, émission radiophonique la Sphère, Radio-Canada, 8 mars 2014.

Patrice Lemieux commente Langue de puck à l’émission de télévision Salut bonjour. Week-end, TVA, 9 mars 2014.

Entrevue de Benoît Melançon avec Andy Mailly-Pressoir et Lisa-Marie Blais à l’émission de télévision Ça commence bien, V télé, 11 mars 2014.

Daniel Lemay, «Choix hebdos. La liste plus ultra», la Presse, 15 mars 2014, cahier Arts, p. 14 : «Avec Benoît Melançon, maniaque de hockey et de la langue française, un livre se propose au lecteur avec deux quasi-certitudes : ledit lecteur, connaisseur ou profane, va apprendre plein de choses sur des sujets qu’il croit connaître (Les yeux de Maurice Richard) et, prime ultime, il va rigoler. Comme ici, dans cet Abécédaire du hockey (Del Busso) où Melançon donne son 110, d’Agitateur à Zamboni.»

Jacques Lanctôt, «De Raël à Accurso», le Journal de Montréal et le Journal de Québec, 22 mars 2014 : «À l’approche des séries éliminatoires du hockey, où l’on espère tous que la Saint-Flanelle aura sa place, voici un petit livre jouissif promis à un bel avenir. […] À lire, en souhaitant que “la puck” roule pour nous et que ce livre fasse le tour du chapeau !»

Gabriel Gaudet, blogue Ma mère était hipster, 23 mars 2014 : «Ma copie de Langue de puck ira rejoindre un recueil d’articles de The Onion et les livres de Jon Stewart et Stephen Colbert, des satiristes de très haut calibre. Il ne faut pas se fier aux apparence : ma lecture de cabinet étant triée sur le volet, c’est une promotion, et non une punition, que d’y voir son ouvrage assigné.»

Mathieu-Robert Sauvé, «Melançon passe la puck !», Forum (Université de Montréal), 48, 25, 24 mars 2014, p. 1-2 : «L’éminent dix-huitiémiste, qui dirige le Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal (et qui s’intéresse aux mots du sport comme éléments de la culture), troque ici Denis Diderot contre Roch Carrier et propose, sans condescendance, un répertoire des plus belles fleurs de notre langue vernaculaire.»

Christian Vachon, «Un abécédaire amoureux de la langue parlée du hockey», site de la Librairie Pantoute, 31 mars 2014 : «C’est à un périple amoureux — et jouissif — de la langue parlée du hockey que nous convie Benoît Melançon dans son Langue de puck : abécédaire du hockey, joli petit bouquin bleu-blanc-rouge publié chez Del Busso ce mois de mars. […] Un vrai “périple” jubilatoire.»

Le Journal de Québec, 5 avril 2014, cahier publicitaire «Salon international du livre de Québec», p. 10 : «Fanatiques du hockey, ce livre est pour vous !»

Entrevue, en anglais, de Benoît Melançon avec Bernie St-Laurent, émission radiophonique C’est la vie, Radio-Canada, 6 et 8 avril 2014.

Blogue Ponctuation. Littérature et cie, 7 avril 2014 : «Autant pour le fan inconditionnel, que pour la copine qui souhaite pouvoir faire la discussion avec son amoureux, ce livre est très bien ficelé.»

Yves Boisvert, «Choix hebdos. La liste plus ultra», la Presse, 12 avril 2014, cahier Arts, p. 14 : «Ce petit ouvrage d’hygiène linguistique sportive, signé Benoît Melançon, revisite avec un sourire des notions comme le “joueur d’énergie” et répond à la délicate question de savoir s’il y a des “coins” dans une patinoire pour y travailler fort. Savoureux.»

Entrevue de Benoît Melançon avec Geneviève Langlois à l’émission le 5 à 7 du réseau télévisé RDS, 14 avril 2014 : «Ton humoristique. […] Exercice de style assez rigolo.»

Culturehebdo.com, avril 2014 : «C’est un merveilleux petit bouquin à la thématique particulière, un abécédaire de toutes les expressions consacrées dans le monde du hockey. Et on doit ce bijou de quasi-érudition du domaine à Benoît Melançon. Il est un fan achevé de notre sport national et connaît tout le vocabulaire que les commentateurs et gens du hockey emploient. Même ceux qui ne sont pas des amateurs de ce sport prendront plaisir en amoureux de ces terminologies savoureuses par moments. C’est la Langue de puck. À posséder aux côtés d’autres ouvrages lexicographiques.»

Gabriel Bernier, blogue Entre deux arts, 18 avril 2014 : «nombreux passages savoureux […], avec toute la précision mais aussi le brin d’humour à l’image de l’auteur».

Entrevue de Benoît Melançon avec Marie-France Bazzo, émission radiophonique C’est pas trop tôt !, Radio-Canada, 21 avril 2014 : «Vraiment un livre à lire.»

Guillaume Bellehumeur, blogue de la Librairie Raffin, 22 avril 2014 : «Le langage pour le moins coloré propre au monde du hockey est ici commenté de façon intelligente et franchement drôle. […] En allant chercher le gros gaillard qu’est Langue de puck à temps pour les séries, on se place définitivement en bonne position pour reprendre l’avantage de la glace et remporter la grande danse printanière. Ça sent la coupe.»

Louis Cornellier, «Lectures des séries», le Devoir, 26 avril 2014, p. F6 : «Pour agrémenter cette réjouissante exploration lexicosportive, Melançon a parsemé son ouvrage de citations de chansons et d’œuvres littéraires québécoises utilisant la “langue de puck”. Il a, comme on dit, donné son 110 % afin que ça sente vraiment la coupe, ce printemps. On le félicite.» Voir aussi, du même auteur, le Point sur la langue. Cinquante essais sur le français en situation, Montréal, VLB éditeur, 2016, p. 105-107.

Julien Morissette, chronique à l’émission radiophonique Bernier et cie (Radio-Canada, Ottawa), 6 mai 2014 : «le mariage parfait entre l’esprit intellectuel de la langue et l’amour du sport […] Des heures et des heures de plaisir.»

Librairie de Verdun, sur Facebook, 6 mai 2014 : «un abécédaire incontournable du hockey !»

Mario Asselin, «Thomas Vanek n’est pas un plombier ! #LangueDePuck», blogue, Journal de Québec, 22 mai 2014 : «On comprendra que ce qui m’excite le plus depuis le début de la série contre les Rangers de New York, ce sont ces jeux de mots sur la langue propre au hockey que le blogueur et professeur de littérature Benoît Melançon appelle la langue de puck !»

Michel Nareau, Nuit blanche, 136, automne 2014 : «Loin de se contenter d’une nomenclature stérile, qui alignerait les termes, Melançon s’emploie à organiser des réseaux de sens entre les expressions. Ce faisant, il met en évidence ce que les lieux communs du hockey doivent au discours social.»

Langue de puck fait partie des «5 lectures différentes et parfaites pour le transport collectif» recommandées par l’Agence métropolitaine de transport sur le site Nightlife.ca (18 novembre 2014).

Recommandation de lecture de Hockey Québec, 21 avril 2020.

Médéric Gasquet-Cyrus, Dites-le en marseillais, France Bleu Provence, émission du 12 mars 2024 : «Excellent livre.»

Autopromotion 083

«La politique (en effet) se réalise dans les mots
autant que dans les actes.
Il y a des coups de mot
comme il y a des coups d’État
et des coups de foudre»
(Henri Meschonnich,
Des mots et des mondes.
Dictionnaires, encyclopédies,
grammaires, nomenclatures
,
1991).

 

Autour de 10 h 30 ce matin, l’Oreille tendue participera, dans le cadre de l’émission radiophonique Médium large de Catherine Perrin (Radio-Canada), à une discussion avec Carole Beaulieu du magazine l’Actualité sur les insultes politiques. Il y a de quoi faire.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

L’Oreille tendue avait préparé quelques brèves définitions en prévision de la discussion. Les voici. Elles n’engagent qu’elle.

Anarchiste

1. Défenseur d’une conception politique appelée l’anarchisme. Normand Baillargeon est un anarchiste.

2. Citoyen frustré qui décide de ne plus tenir compte des règles de la citoyenneté. Des manifestants violents se disaient anarchistes.

Capitaliste

N’existe plus. Voir néolibéral.

Communiste

Insulte qui a depuis longtemps dépassé sa date de péremption, sauf envers la Corée du Nord et envers Dennis Rodman.

Crypto-

«Élément, du grec kruptos “caché”» (le Petit Robert, édition numérique de 2014). Se dit, pour plus de prudence, de ses adversaires politiques et de leurs objectifs cachés. Selon ses opposants les plus radicaux, le gouvernement de Jean Charest, en 2012, n’était pas un gouvernement fasciste, mais un gouvernement cryptofasciste.

Fasciste

Voir Gestapo. «Jean Charest est fasciste», disait un anarchiste.

Gestapo

La police, quand elle s’en prend à nous et pas aux autres. «Le SPVM et la gestapo, c’est pareil», affirmaient les personnes arrêtées.

-isme

Doctrine à embrasser. Jadis, on embrassait le communisme.

-iste

Embrasseur de doctrine. S’en méfier. Les islamistes intégristes sont contre la Charte québécoise de la laïcité.

Léniniste

Insulte qui a depuis longtemps dépassé sa date de péremption, même en Corée du Nord.

Libéral

N’existe plus. Voir néolibéral.

Marxiste

Chez certains catholiques, méfiance envers les autres catholiques. «François est un pape marxiste», croient les ultraconservateurs; voir -iste.

Marxien

Marxiste qui se méfie des autres marxistes.

Néolibéral

Créature économico-politique dont l’objectif est de manger tous les enfants du monde au petit déjeuner. Le gouvernement Charest était néolibéral. Le gouvernement Marois est néolibéral. Le gouvernement Harper était et est néolibéral.

Socialiste

Défenseur du socialisme. Barack Obama est un socialiste, comme Claude Castonguay; voir –iste. Ne pas voir communiste.

Murs

Le 30 avril 2013, l’Oreille tendue était à l’émission radiophonique Dans le champ lexical, sur les ondes de CIBL, pour parler murs. Il était question de Montréal, Paris et Bangkok; de Maurice Richard, de Charles Baudelaire, de Jean-François Vilar, de Louis Sébastien Mercier et de Jean Echenoz; de graffitis, d’affiches et de publicités; de mots, d’images et de sons; de la ville comme livre, bref.

On peut (ré)entendre l’émission sur iTunes.

Ci-dessous, le texte lu ce jour-là, en une version (légèrement) plus longue.

***

Imagine…

Imagine que tu sois un partisan des Canadiens de Montréal. Mieux encore : imagine que tu sois un partisan du joueur de hockey le plus populaire de son époque, Maurice Richard, le Rocket, le célèbre numéro 9. Imagine que nous soyons le 17 mars 1955 et que tu te trouves devant le Forum de Montréal, rue Sainte-Catherine Ouest, avec des milliers d’autres partisans comme toi, réunis par la colère d’avoir vu leur héros suspendu par le président de la Ligue nationale de hockey, Clarence Campbell, pour le reste de la saison régulière et pour toutes les séries éliminatoires. Lève alors les yeux et regarde les murs du Forum. Tu y verras affichée une publicité pour le magazine américain Sport; cette publicité représente Maurice Richard dans une pose identique à celle du saint Sébastien de la tradition picturale chrétienne. Tu sauras tout de suite que ce soir-là Maurice Richard deviendra devant toi un martyr.

Maurice Richard et saint Sébastien

Imagine maintenant que tu sois Charles Baudelaire et que nous soyons en 1869, au moment où paraît le texte intitulé «Le peintre de la vie moderne», cet article qui incarnerait, pour la première fois de l’histoire, ce qui s’appellera dorénavant la modernité. Tu seras le flâneur par excellence et tu écriras que

l’amoureux de la vie universelle entre dans la foule comme dans un immense réservoir d’électricité. On peut aussi le comparer, lui, à un miroir aussi immense que cette foule; à un kaléidoscope doué de conscience, qui, à chacun de ses mouvements, représente la vie multiple et la grâce mouvante de tous les éléments de la vie (éd. 1964, p. 1160-1161).

Ce «miroir», ce «kaléidoscope», il réfléchira ce qui t’entoure : des affiches, des publicités, des images et des mots — «tous les éléments de la vie».

Imagine que tu sois le photographe Victor Blainville, alias «Victor le flâneur» (p. 122), le narrateur du fabuleux roman Bastille tango, de Jean-François Vilar, paru en 1986. Tu aimeras Jessica, cette femme «considérable», qui te laisse «des petits messages d’amour», sur les murs de ton quartier, écrits «avec un feutre» (p. 224). Parmi tes fréquentations, il y aura aussi des équipes de jeunes graffiteurs et un étrange personnage, ex-militaire argentin, qui dit s’appeler Oscar. Pourquoi «étrange» ? Toutes les nuits, il couvre les murs de Paris d’affiches décrivant des scènes de torture, des scènes de torture auxquelles il a collaboré. Sur l’une de ces affiches, tu reconnaîtras Jessica.

Imagine que tu décides, toi, de faire le touriste à Bangkok, en 1999. Tu reconnaîtras, bien sûr, le logo de McDonald. Tu seras étonné par une affiche annonçant, à gauche, «Translation»; à droite, «Law & Detective». Tu seras étonné, mais tu comprendras quand même. Par contre, tu ne comprendras rien aux autres signes de la ville, rédigés avec l’alphabet thaï. Et tu seras un brin troublé, car tu ne sauras plus lire. Ce n’est pas une expérience que tu vis souvent.

Bangkok (Thaïlande)

Imagine que tu publies, comme Louis Sébastien Mercier dans les années 1780, un Tableau de Paris en douze volumes. Imagine que tu proclames avoir écrit ce tableau avec tes jambes, car tu es un piéton de Paris. Tu auras toujours le nez en l’air et tu verras se transformer les enseignes d’antan.

Ces enseignes avaient pour la plupart un volume colossal et en relief. Elles donnaient l’image d’un peuple gigantesque, aux yeux du peuple le plus rabougri d’Europe. On voyait une garde d’épée de six pieds de haut, une botte grosse comme un muid, un éperon large comme une roue de carrosse; un gant qui aurait logé un enfant de trois ans dans chaque doigt; des têtes monstrueuses, des bras armés de fleurets qui occupaient toute la largeur de la rue (chapitre LXVI, éd. 1994, p. 177).

Tu les verras ces enseignes, et tu les entendras :

Quand le vent soufflait, toutes ces enseignes, devenues gémissantes, se heurtaient et se choquaient entre elles; ce qui composait un carillon plaintif et discordant, vraiment incroyable pour qui ne l’as pas entendu (chapitre LXVI, éd. 1994, p. 177).

Toi, oui toi, tu l’auras entendu.

Imagine que tu te promènes de nouveau à Paris, mais le 20 mars 2011, et que tu découvres un graffiti à tes pieds : «Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ?» Le paradoxe te frappera : tu regardes un trottoir qui te demande pourquoi tu regardes le ciel. Tu accepteras cela comme le propre de la ville, là où les messages clashent les uns contre les autres.

Graffiti, Paris, 2011

Imagine que tu arpentes les rues de ton quartier et que tu y repères d’autres graffitis : «Aim low», «Bows», «Everyone picks their nose», «Let it snow», «Love set you going like a fat gold watch». Tu seras en droit de te demander, devant ces mots dans un anglais parfois approximatif, si tu vis bel et bien dans la «deuxième ville française du monde». Heureusement que sur un trottoir de Notre-Dame-de-Grâce tu pourras aussi lire, le 16 juillet 2011, ce mot unique, lourd de sens, en rouge bien vif : «Rien.»

Montréal, graffiti, 2011

Imagine enfin que tu sois un personnage de l’Occupation des sols, le tout bref roman que fait paraître Jean Echenoz en 1988. Tu t’appelleras Paul Fabre et le corps de ta mère, Sylvie Fabre, recouvrira un mur du quai de Valmy, à Paris. Au pied de ce mur, tu verras un jour s’élever une palissade, «parfait support d’affiches et d’inscriptions contradictoires» (p. 12) fait de planches «gorgées de colle et d’encre» (p. 13), puis un nouvel immeuble, masquant progressivement le visage de ta mère. Il te faudra du temps pour le retrouver, mais tu t’y appliqueras.

Imagine tout cela et rappelle-toi que si la ville, ce lieu de toutes nos mémoires, est un livre, ses trottoirs sont notre cabinet de lecture.

 

Références

Baudelaire, Charles, «Le peintre de la vie moderne», dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 1 et 7, 1964, p. 1152-1192. Texte établi et annoté par Y.-G. Le Dantec. Édition révisée, complétée et présentée par Claude Pichois. Édition originale : 1863.

Echenoz, Jean, l’Occupation des sols, Paris, Éditions de Minuit, 1988, 21 p.

Mercier, Louis Sébastien, Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, coll. «Librairie du Bicentenaire de la Révolution française», 1994, 2 vol. : 8/ccii/1908 et 2063 p. Édition établie sous la direction de Jean-Claude Bonnet. Édition originale : 1781-1788.

Vilar, Jean-François, Bastille tango. Roman, Paris, Presses de la Renaissance, 1986, 279 p.