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Twitter, 24 mai 2019Illustration : @TFressin

 

Ces jours-ci, l’Oreille tendue corrige les épreuves de son prochain livre, à paraître chez Del Busso éditeur. Il sera en librairie le 27 janvier 2020.

De quoi s’agit-il ?

Titre

Nos Lumières
Les classiques au jour le jour

 

Quatrième de couverture

Vous vous souvenez d’une allusion à Candide dans Mad Men ? Que dit-on de Mme de Staël dans The Sopranos ? Qu’ont en commun Chuck Norris, Mike Tyson et Bill Lee ? Rousseau est-il, malgré les apparences, un auteur plus important que Voltaire dans le Québec d’aujourd’hui ? Pourquoi Donald Trump devrait-il lire l’Encyclopédie ? Que penser des mises en scène contemporaines des pièces du XVIIIe siècle ?

À partir d’exemples souvent étonnants, Benoît Melançon montre que, quoi qu’on en dise, le siècle des Lumières est toujours bien vivant.

Dix-huitiémiste, blogueur, professeur et éditeur, Benoît Melançon est l’auteur de plusieurs livres remarqués, dont Les yeux de Maurice Richard (2006), Le niveau baisse ! (2015) et L’Oreille tendue (2016). Il a reçu en 2012 le prix Georges-Émile-Lapalme, la plus haute distinction en matière de qualité et de rayonnement de la langue française remise par le gouvernement du Québec.

 

Table des matières

Avant-propos (PDF)

Voltaire, Rousseau et les autres, au Québec

Omniprésents arpents

Les autres Voltaire

La faute à l’un, la faute à l’autre

Rousseau penseur politique

Dire je

Rousseau, pourquoi ?

Sade ? Diderot ?

Médias

La fortune de Mme Geoffrin

Emmanuel Macron, Diderot et Sophie Volland

Chanter les Lumières

Pour une esthétique du ravage

La Révolution programmée

Mme de Staël et la mafia

Le jazz et Mme de Staël

Les Lumières de Mordecai Richler

La robe de chambre de Diderot

Moratoires titrologiques

Turpitude picturale

Quelques Marie-Antoinette

Donald Trump et l’Agneau de Scythie

Les vertus utopiques de l’encyclopédisme

Qui ? Le patriarche de Ferney ?

Périphrases

Le Numéro 6 cultive-t-il son jardin ?

Mad Men et Candide

Drame sadovoltairien chez Patrick Senécal

Habiter le Voltaire

Chuck Norris et Voltaire, même combat ?

Voltaire et Mike Tyson, même combat ?

Pierre Foglia, chroniqueur voltairien ?

Nécrologie voltérienne

Les manettes de François-Marie

Voltaire en bulles

Pauvre Evelyn Beatrice Hall

Voltaire et Charlie hebdo (I)

Voltaire et Charlie hebdo (II)

Scènes

Sade à l’ombre d’une prison

Diderot chez les francs-maçons

Moderniser les Lumières ?

Le choix du noir

Jouer Marivaux demain ?

Postface (HTML)

Sources

Notice

Remerciements

Bibliographie

 

Vidéo de présentation

 

Dans les médias

«Cette tradition du château de carnaval se poursuit, désormais au nom du royaume de l’auto. Dans Nos Lumières, un livre à paraître fin janvier, Benoît Melançon porte attention aux traces laissées par la pensée du siècle de Voltaire» (Jean-François Nadeau, le Devoir, 23 décembre 2019).

Entretien radiophonique avec Marie-Louise Arsenault à l’émission Plus on est de fous, plus on lit ! (Société Radio-Canada, Montréal), 24 février 2020

«Discours politique, pédagogie, littérature, théâtre, chanson, presse, cinéma, télévision, bande dessinée, Web, publicité, jeux vidéo : mis à toutes les sauces, le présentisme des Lumières banalise maintes radicalités libératrices. Marquant le Web, qui n’est pas l’actuelle Encyclopédie Diderot et d’Alembert, l’“ouï dire” culturel (Calvino) est intenable pour penser notre monde prévient l’avisé Melançon, homme des Lumières, intellectuel fidèle à la lettre et à l’esprit de l’œuvre» (Michel Porret, blogue la Ligne de mire [Genève], 30 mai 2020).

Sauvé, Mathieu-Robert, «Benoît Melançon s’intéresse à la présence du passé», udemnouvelles, 12 novembre 2020.

 

Benoît Melançon, Nos Lumières, 2020, couverture

Vidéo du jour

Conférence «Qui fait changer la langue française ?», page d'accueil

Sous le titre «Qui fait changer la langue française ?», France Culture vient de mettre en ligne la vidéo de deux conférences présentées en septembre 2019 dans la série «Les conférences à la Cité des sciences et de l’industrie» (Universcience), cycle «Est-ce ainsi que les langues vivent ?»

Dans la première partie, la plus brève, Pierrette Crouzet-Daurat décrit le circuit de la néologie officielle en France.

Dans la seconde, Maria Candea essaie de répondre à la question «Qui fait changer la langue française ?»

En définissant des concepts  : langue, dialecte, évolution, variants / invariants, insécurité linguistique.

En s’attachant à plusieurs objets : graphie, prononciation, accord, orthographe, néologie, accord (de proximité) — et, donc, dictionnaire.

En s’appuyant sur un large corpus : les Serments de Strasbourg, Chrétien de Troyes, Molière, Boileau, Fréhel et Trenet, Chirac et Macron.

En offrant des masses d’exemples : monnoie, dompter, boloss / bolos, serpillière, pharmacienne.

En utilisant des ressources diverses : la bibliothèque numérique Gallica, des dictionnaires (le Petit Larousse, le Petit Robert, le Multi), des travaux scientifiques (dont les cartes de Mathieu Avanzi), l’ouvrage Sidonie ou le français sans peine de Salomon Reinach (1913) et même Le niveau baisse !

En disant du mal de l’Académie française, comme ici.

À voir.

Parlons français avec les chefs

Hier après-midi, pour le réseau anglophone de la Société Radio-Canada, l’Oreille tendue y est allée de quelques pronostics à propos de la maîtrise du français des candidats au poste de premier ministre du Canada. C’était en effet jour de débat télévisé entre ces candidats, des francophones (Maxime Bernier, Yves-François Blanchet), des anglophones (Elizabeth May, Andrew Scheer, Jagmeet Singh) et Justin Trudeau. (On peut revoir le débat ici.)

La boule de cristal de l’Oreille n’était pas tout à fait au point. S’il est vrai qu’un candidat a joué la carte du français populaire québécois, tel que l’avait justement prévu l’Oreille, ce candidat n’a toutefois pas été Andrew Scheer, du Parti conservateur, mais Jagmeet Singh, du Nouveau parti démocratique.

Comment a-t-il fait ? Il a d’abord accusé le premier ministre en poste, Justin Trudeau (Parti libéral), d’avoir promis plus qu’il n’a tenu : voilà un «grand parleur, p’tit faiseur», selon un adage québécois bien connu. Il lui a plus tard reproché d’annoncer une politique (progressiste) pour en pratiquer une autre (conservatrice) : il aurait «flashé à gauche» pour «tourner à la droite.» Empruntée au lexique automobile, cette expression aurait davantage fait mouche si Singh avait respecté la symétrie : «flasher à gauche, tourner à droite» (sans «la»). Cela sentait la petite phrase préparée, mais pas tout à fait maîtrisée. Enfin, dans un échange avec Yves-François Blanchet, du Bloc québécois, Singh a mêlé un québécisme à un giscardisme (ou à un couillardisme ou à un legaultisme) : au lieu de dire «ça me dérange», il a répété «ça m’achale», en lançant à son adversaire qu’il n’avait «pas le monopole du Québec», là où Valéry Giscard, le 10 mai 1974, parlait de «monopole du cœur», Philippe Couillard, le 13 septembre 2018, de «monopole de la compassion» et François Legault, les 19 et 22 août 2012, de «monopole de l’amour du Québec».

Comme au débat en anglais, il avait quelques formules toutes faites dans sa besace. Le 7 octobre, s’agissant des changements climatiques, il appelait Justin Trudeau «Mister Delay» et Andrew Scheer «Mister Deny». Hier, Singh a martelé qu’il était là «pour les gens» et il a affublé trois de ses adversaire du sobriquet «Monsieur pipeline» (Bernier, Scheer, Trudeau).

Les autres ?

Andrew Scheer a remercié ses parents de l’avoir mis dans une école d’immersion, là où il a appris le français. Si l’Oreille tendue dirigeait une école de ce type, elle n’engagerait pas Scheer comme porte-parole. Elle se réjouit de voir qu’elle n’a pas eu tout faux : à un moment, quand Scheer a parlé d’un cadre financier écrit sur une «napkin au coin d’une table», il était clairement dans le registre populaire. Son emploi récurrent d’«ingérer» au lieu de «s’ingérer», lui, avait une troublante connotation digestive.

L’Oreille a déjà eu l’occasion de dire qu’Elizabeth May (Parti vert) peut, quand elle en a le temps, parler un français raboteux mais compréhensible. La formule des débats télévisés, où il faut penser et dire rapidement, la dessert plus que tout autre. Elle donne une forte impression de sincérité, mais elle n’est pas toujours facile à comprendre.

Maxime Bernier représente le Parti populaire et le populisme, notamment langagier. Cela passe par certains traits de prononciation («eul courage» pour «le courage») et par une utilisation fautive du pronom relatif («que» mis pour «dont»). Il s’inscrit alors dans une longue tradition québécoise.

Justin Trudeau nous a déjà exposés à bien pire que ce qu’il a dit hier soir : ne pas trop faire de fautes de syntaxe spectaculaires est toujours pour lui une victoire. Notons quand même, par fidélité à lui-même, quelque chose comme «Donner de l’investissement aux gens pour faire de la résilience».

Yves-François Blanchet était probablement le plus à l’aise linguistiquement, ce qui va de soi (et devrait aller de soi pour le premier ministre).

Bref, le débat n’a donné lieu, sur le plan de la langue, à aucune révélation. Chez les anglophones, Jagmeet Singh est celui qui a semblé le plus à l’aise, malgré un nombre considérable d’approximations. Quand on dirige un parti qui a eu Jack Layton comme chef, c’est la moindre des choses. Il lui a d’ailleurs emprunté son «flasher à gaucher, tourner à droite», ainsi que l’a signalé Paul Journet sur Twitter.

P.-S.—Patrice Roy a contrôlé les échanges avec fermeté et les spectateurs ne peuvent que l’en remercier. Contrairement à ce qui est arrivé dans un débat en 2015, il n’a pas utilisé de «mauvais mot» («dégoûtés»), mais une de ces questions improvisées aurait pu être un brin plus claire : «Je vais poser la même question à tous : souhaitez-vous, souhaitez-vous, un accord de réparation pour SNC-Lavalin pour que l’entreprise, je le rappelle pour le bénéfice des gens à la maison, pour que l’entreprise ne soit pas obligée d’être condamnée à ne plus recevoir, s’il y a une condamnation, des contrats publics pendant dix ans ?» Ce sont les joies du direct.

 

[Complément du jour]

Aujourd’hui, vers 18 h 30, l’Oreille tendue était à l’émission Là-haut sur la colline d’Antoine Robitaille, sur Qub radio, pour parler de la langue du débat. C’est ici.