Autopromotion 304 (dite «du 25e anniversaire»)

[Ce qui suit est d’abord destiné aux bibliographes et aux dix-huitiémistes, voire aux bibliographes dix-huitiémistes. Il s’agit de la mise à jour d’un texte paru la première fois le 16 mai 2012.]

C’était le 16 mai 1992. L’Oreille tendue n’était pas encore l’Oreille tendue. En stage postdoctoral à Paris, elle eut l’idée de préparer une liste de quinze parutions récentes concernant le XVIIIe siècle français — on peut la retrouver ici —, uniquement des livres, et de distribuer cette liste aux abonnés du groupe de discussion électronique Balzac-L (le groupe est disparu depuis, sans qu’il y ait de rapport de cause à effet). Cet envoi était accompagné d’une question : «Ça vous paraît utile ? Si oui, je pourrais continuer» (la formulation n’était peut-être pas exactement celle-là, les archives numériques n’étant pas toujours ce qu’elles devraient être). Réponse (prévisible) ? Oui. Depuis, XVIIIe siècle : bibliographie a paru à raison d’au moins une dizaine de livraisons par année.

Aujourd’hui, 15 mai 2017, 25 ans plus tard, la 318e livraison vient d’être mise en ligne.

Intérieur de la bibliothèque d’Horace Walpole, gravure, 1784

Bilan.

La bibliographie compte aujourd’hui 37 116 titres : 11 219 livres, 2876 ouvrages collectifs, 8811 chapitres de livres, 12 237 articles, 779 mémoires ou thèses, 1072 publications électroniques, 31 cédéroms (on le voit : les temps changent). Il y a quelques doublons. En théorie, les textes recensés ont paru en 1990 ou plus tard (mais il y a des exceptions [11]). Environ 25 % des titres (9414) ont passé entre les mains de l’Oreille tendue; les autres ont été découverts chez leur auteur (2031) ou chez leur éditeur (8600), ou repris de sources diverses (catalogues de libraires, bibliographies disponibles sur papier ou dans Internet — notamment celles de Kevin Berland et de Jean-Christophe Abramovici —, etc.). Au moins 2600 références contiennent un URL.

Quels sont ses objectifs ? Un texte de 2007, présentant XVIIIe siècle : bibliographie et Selected Readings, la bibliographie de Kevin Berland, les définissait ainsi (et n’a guère perdu de son actualité) :

Quels sont les objectifs de ces bibliographies ? On peut en relever au moins quatre. 1. Faire connaître rapidement les travaux sur le XVIIIe siècle. 2. Faire connaître gratuitement ces travaux. 3. Permettre à l’information bibliographique d’être réutilisée sans risque d’erreur par les internautes. Tout lecteur de ces bibliographies peut en effet en copier les données directement sur son poste de travail sans avoir à les saisir de nouveau. 4. Faciliter l’interrogation. À cet égard, des progrès restent à faire, car les fichiers des deux bibliographies sont encore des fichiers en mode texte, plutôt que d’être rassemblés dans une banque de données. Ni l’une ni l’autre n’a la prétention de se substituer aux outils déjà existants (Klapp, MLA, Revue d’histoire littéraire de la France, etc.), et cela pour plusieurs raisons. Comme il s’agit, dans une large part, d’entreprises individuelles, on n’y a pas les ressources nécessaires pour s’assurer de l’exhaustivité du dépouillement. Pour les mêmes raisons, tous les titres recensés n’ont pas été vus par les bibliographes, ce qui fait que toutes les entrées n’ont pas le même degré de précision. N’existant que sur support électronique, elles ne connaissent pas encore une diffusion aussi étendue que les ressources traditionnelles. Pour l’instant, ces deux types de ressources bibliographiques — traditionnelles et électroniques — restent complémentaires.

Concrètement, comment XVIIIe siècle : bibliographie est-elle constituée ? Au départ, il s’agissait de simples listes saisies dans un traitement de texte. Ensuite, elles ont été importées dans un logiciel bibliographique, ProCite, malheureusement décédé après quelques trop brèves années de loyaux services. À la suite de cette disparition, une tentative de conversion de ProCite en EndNote n’a pas fonctionné. Depuis, toutes les entrées sont saisies dans une banque de données FileMaker, bidouillée maison, puis exportées dans un logiciel de traitement de texte, où elles sont toilettées avant leur mise en page finale dans un éditeur Web (en l’occurrence Dreamweaver). Dans le meilleur des mondes possibles, Zotero serait mis à contribution, mais nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes possibles (ça se saurait).

À l’origine, la bibliographie circulait par courriel, auprès des abonnés de Balzac-L, puis de ceux de C18-L, de SECFS-L ou de la liste des dix-huitiémistes norvégiens (qui paraît être disparue). Il fut même une époque, évidemment héroïque, où elle existait en deux versions, l’une accentuée, l’autre pas. Le courriel est toujours utilisé, mais uniquement pour annoncer les nouvelles livraisons. Depuis quelques années, Twitter est mis à contribution.

Archivée, dans un premier temps, sur le gopher Litteratures (sans accent) de l’Université de Montréal, elle est aujourd’hui disponible sur deux sites, celui de son auteur et celui de Bibliothèque et Archives Canada (XVIIIe siècle : bibliographie possède son ISSN depuis 1996). Elle n’a connu qu’une seule incarnation papier, en 1998, à la demande de Marianne Pernoo, dans la Revue d’histoire littéraire de la France.

Elle est fréquemment recommandée : par la Société française d’étude du dix-huitième siècle; par Lehman College (New York); par l’Université de Paris III; par le site Gazettes européennes du 18e siècle; par l’Association Jean-Jacques Rousseau; par la Bibliothèque de Port-Royal; par A Companion to Digital Literary Studies; etc. À une époque, elle était recensée dans les Signets de la Bibliothèque nationale de France; ça ne paraît plus être le cas. En 2000, le site l’Astrolabe. Recherche littéraire et informatique de l’Université d’Ottawa lui donnait une note de 3 sur 5; exactement à la même époque, le site Fabula la considérait «remarquable».

Quoi qu’il en soit, ça continue.

Illustration : intérieur de la bibliothèque d’Horace Walpole à Strawberry-Hill près Twickenham, Middlesex, gravure de Jean Godefroy, 1784, Rijksmuseum, Amsterdam

 

Références

Melançon, Benoît, «Annexe 2. XVIIIe siècle : bibliographie sur Internet», Revue d’histoire littéraire de la France, 98, 5, septembre-octobre 1998, p. 923-990.

Melançon, Benoît, «Bibliographies informatiques du XVIIIe siècle», Bulletin de la Société française d’étude du XVIIIe siècle, troisième série, 23, janvier 1997, p. 15-16. Repris dans le Bulletin de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle, décembre 1996, p. 24-25. Version numérique mise à jour en 2007 ici.

Nancy, Dominique, «Littérature française du 18e siècle sur le Web. Benoît Melançon a répertorié plus de 6500 références consacrées au Siècle des lumières», Forum, 34, 8, 18 octobre 1999, p. 8.

Autopromotion 302

France Forum, 67, avril 2017, couverture

À la demande d’une revue française, France Forum, l’Oreille tendue vient de rédiger un court texte sur le hockey au Québec :

Melançon, Benoît, «Au pays du hockey. Le hockey a son palet à Montréal», France Forum (Paris), nouvelle série, 65, avril 2017, p. 95-96. https://doi.org/1866/31990

Le sous-titre n’est pas de l’Oreille, mais le jeu sur palet / palais ne lui déplaît pas.