La clinique des phrases (wwww)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Il faut se rappeler que c’est relativement récent que c’est l’État qui offre l’éducation à tous et à toutes et que celle-ci est, dans ses écoles, obligatoire durant un certain nombre d’années.

Ce double «c’est» n’est pas particulièrement heureux; c’est le moins qu’on puisse dire.

Essayons ceci :

Il faut se rappeler qu’il est relativement récent que l’État offre l’éducation à tous et à toutes et que celle-ci est, dans ses écoles, obligatoire durant un certain nombre d’années.

À votre service.

P.-S.—Signalons encore, dans le même texte, un synonyme inutile : «plus précisément son droit à un avenir ouvert, à un avenir non fermé».

La clinique des phrases (vvvv)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit l’annonce suivante :

L’Aubainerie s’installe aux Galeries d’Anjou. Avec sa boutique éphémère, le détaillant de vêtements québécois souhaite éventuellement avoir une adresse permanente dans cette partie de la ville et travaille également à augmenter sa présence sur l’île de Montréal.

Comment avoir une «adresse permanente» en ouvrant une «boutique éphémère» ? On pourrait avoir du mal à s’y retrouver temporellement. (Déplorons itou ce éventuellement, d’un emploi parfois critiqué.)

Essayons ceci :

L’Aubainerie s’installe aux Galeries d’Anjou. Avec sa boutique éphémère, le détaillant de vêtements québécois souhaite se préparer à avoir une adresse permanente dans cette partie de la ville et travaille également à augmenter sa présence sur l’île de Montréal.

À votre service.

La clinique des phrases (uuuu)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

La Fédération des sciences humaines lance une baladodiffusion, Voir grand. Elle en fait la publicité, sous le titre suivant : «Lancement de la série de balados Voir grand le mois prochain».

L’Oreille tendue pense ne pas se tromper en disant que la Fédération espère voir grand au-delà d’une période de trente jours («Voir grand le mois prochain»).

Clarifions les choses : «Lancement le mois prochain de la série de balados Voir grand».

À votre service.

«Lancement de la série de balados Voir grand le mois prochain», publicité, novembre 2022

La clinique des phrases (tttt)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Toutes les publicités ne sont pas également heureuses : qui a des yeux le sait.

La chaîne de magasins de rénovation Réno-Dépôt aurait pu réussir un bon coup récemment, mais une faute d’orthographe l’en a empêchée.

Une pub disant «Une salle bain rafraîchie, sans se faire rincer» aurait été pas mal, dans la mesure où elle aurait joué sur deux des sens du mot rincer.

D’une part, il y a le sens le plus banal du terme : «Nettoyer à l’eau (un récipient). […] Passer à l’eau (ce qui a été lavé) pour enlever les produits de lavage (savon, etc.)» (le Petit Robert, édition numérique de 2018). Dans une salle de bain, même à rafraîchir, on s’attend à ce qu’on y rince.

D’autre part, le mot signifie aussi «Voler, ruiner». Ne pas se faire rincer, quand on rénove, est une bénédiction.

Pour que la publicité soit efficace, il ne fallait pas écrire ce que la chaîne a écrit :

Publicité fautive, Réno-Dépôt, 10 septembre 2022

Désolé pour elle (et pour nous).

P.-S.—En langue de puck, qui subit une rince est du mauvais côté d’une dégelée.

Benoît Melançon, Langue de puck. Abécédaire du hockey, 2014, couverture

La clinique des phrases (ssss)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit les phrases suivantes :

Si l’on ajoute à cette grande activité les lourdes charges administratives, il n’y a pas à s’étonner que l’auteur-acteur-metteur en scène et entrepreneur [Molière], exténué, soit mort à cinquante et un ans — âge auquel mourront aussi Balzac et Proust, notons-le en passant sans en tirer aucune conclusion. Il est vrai que c’était un temps où on ne lésinait pas […].

Si on ne souhaite pas «tirer de conclusion», même «en passant», pourquoi insister là-dessus ? Donc :

Si l’on ajoute à cette grande activité les lourdes charges administratives, il n’y a pas à s’étonner que l’auteur-acteur-metteur en scène et entrepreneur [Molière], exténué, soit mort à cinquante et un ans — âge auquel mourront aussi Balzac et Proust. Il est vrai que c’était un temps où on ne lésinait pas […].

Allons plus loin : si ça ne mérite pas de «conclusion», ça ne mérite pas d’être dit. Bref :

Si l’on ajoute à cette grande activité les lourdes charges administratives, il n’y a pas à s’étonner que l’auteur-acteur-metteur en scène et entrepreneur [Molière], exténué, soit mort à cinquante et un ans. Il est vrai que c’était un temps où on ne lésinait pas […].

À votre service.