Taper dans le tableau de bord

Les habitués de l’Oreille tendue se souviendront peut-être que, s’agissant de la diaphore, il avait aussi été question de l’usage du verbe fesser au Québec.

Ce verbe n’y signifie pas uniquement «Battre en donnant des coups sur les fesses, donner la fessée à (qqn)» (le Petit Robert, édition numérique de 2010), mais aussi frapper (fort), donner un coup. La construction fesser quelqu’un est usuelle, de même que ça fesse, pris absolument. Exemple : «Dégat de la route du #tremblementdeterre ça fesse en 5 secondes» (Twitter).

En 1980, Léandre Bergeron signalait qu’on peut aussi «fesser sur un clou avec [un] marteau» (p. 223). L’année suivante, il répertoriait fesser dans l’mille (p. 100), où fesser est évidemment le synonyme de taper.

Il y a peu, sur Twitter, @LucieBourassa, une collègue de l’Oreille, s’enthousiasmait pour une expression contenant le verbe qui nous occupe : «“Ça fesse dans l’dash!” Voilà une #expression réussie! littéralement #percutante #monosyllabes #fricatives #dentales Bref, #ÇaFesseDansLDash.»

Autre exemple, déjà répertorié en 2004 dans le Dictionnaire québécois instantané : «Avec ses scènes de sexe explicites et ses meurtres carabinés, cette espèce de Thelma & Louise version hardcore, qui se situe entre road movie sanguinolent et film de cul trash-qui-fesse-dans-le-dash, est à déconseiller aux âmes sensibles» (la Presse, 15 septembre 2000).

Fesser dans le dash, donc. Ce superlatif de fesser fait appel au vocabulaire de l’automobile (tableau de bord => dashboard => dash). On peut légitimement se demander pourquoi.

P.-S. — Franqus. Dictionnaire de la langue française. Le français vu du Québec, ce dictionnaire numérique actuellement en période d’essai gratuite sur le Web, connaît fesser sur un clou avec un marteau, mais pas fesser dans le dash.

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise précédé de la Charte de la langue québécoise. Supplément 1981, Montréal, VLB éditeur, 1981, 168 p.

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture

Autopromotion 043

La 4e Journée québécoise des dictionnaires se tiendra le 4 octobre à Montréal. Son thème ? «Du papier au numérique : la mutation des dictionnaires.» L’Oreille tendue en présidera une des séances.

Le journal le Devoir des 29-30 septembre lui consacre un cahier spécial.

Le programme du colloque est disponible ici.

Autopromotion 040

La 4e Journée québécoise des dictionnaires se tiendra le 4 octobre 2012, à Montréal, sur le thème «Du papier au numérique : la mutation des dictionnaires».

L’Oreille tendue fait partie du Comité scientifique et organisateur, et elle vous invite à participer à cette journée.

On apprend tout ici.

Autopromotion 037

L’Oreille tendue en pleine gloire adolescente
L’Oreille tendue en pleine gloire adolescente

Tout à l’heure, entre 9 h et 10 h, au micro de Franco Nuovo (Dessine-moi un dimanche), à la radio de Radio-Canada, l’Oreille tendue causera langue et baseball.

Il sera question de ceci.

Il ne devrait pas être question de la photo ci-dessus.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien et l’Oreille s’emmêler les pinceaux en latin ici.

Divergences transatlantiques 024

Les médias aiment souligner, une fois l’an, que les dictionnaires font entrer de nouveaux mots dans leur nomenclature.

Le Petit Larousse 2013 a retenu le belgicisme bobette (le féminin de bob) : «Conducteur acceptant de ne pas boire d’alcool afin d’être en mesure de reconduire ses compagnons.»

Le Petit Robert du même millésime ouvre ses colonnes aux bobettes québécoises : «Sous-vêtement masculin ou féminin qui couvre le bassin.»

Il est recommandé, dans la mesure du possible, de ne pas confondre.