Langue universelle

On se demande parfois si la francophonie existe pour vrai. Il suffisait d’assister à quelques tables rondes du Salon du livre de Paris — ce que l’Oreille tendue a fait il y a quelques jours — pour trouver réponse à cette question. La multiplication des problématique, au niveau de, quelque part, opportunité et voire même indique bien que le français est une langue universelle. Ses tics sont les mêmes des deux côtés de l’Atlantique.

 

[Complément du jour]

Sur Twitter, @francisroyo parle d’«atlantics». L’Oreille tendue regrette de ne pas y avoir pensé.

Leçon d’anatomie

En légende d’une photo dans un quotidien : «Bruny Surin incarnera Michelot Antoine, un fier-à-bras avec des remords de conscience[,] dans le nouveau film de Marie-Ange Barbancourt» (la Presse, 10 décembre 2010, cahier Arts et spectacles, p. 1).

Avoir des remords ? L’Oreille tendue peut comprendre. Mais des remords de conscience ? Cela lui échappe. Connaissez-vous quelqu’un qui a déjà eu des remords de genou ? De pied gauche ? Où sont les remords sinon dans la conscience ?

P.-S. — L’expression est fréquente au XVIIIe siècle (Marivaux, Rousseau, Fréron, les Nouvelles ecclésiastiques, les Lettres édifiantes et curieuses des Jésuites) ? L’Oreille n’en disconvient pas. Ça ne la réconcilie pourtant pas avec elle.

Paroles mêlées

L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion de parler du code-switching, cette présence, chez la même personne, dans la même phrase, de plusieurs langues.

Cela peut être volontaire; c’est le cas chez François Blais dans Vie d’Anne-Sophie Bonenfant ou dans la publicité du réseau des écoles publiques anglophones du Québec.

Dans le texte ci-dessous, tiré de l’album de bande dessinée les Canayens de Monroyal. Saison 2. Hockey corral, c’est moins sûr.

Achdé, les Canayens de Monroyal. Saison 2. Hockey corral, page 32, case

 

Il est difficile d’imaginer quelqu’un mêlant, d’un côté, «sacrer son camp» (partir) et «moé» (moi) avec, de l’autre, «tambouille pour marin». On ne voit pas bien, par ailleurs, d’où sortiraient cet «pittbulls d’opérette» (notons que lesdits chiens ont un t en trop).

Pour l’effet de réel — la scène se déroule dans une indistincte campagne québécoise —, on repassera.

 

[Complément du 15 décembre 2010]

Précision : dans ce cas, il s’agit de variations régionales d’une même langue.

 

Références

Achdé, les Canayens de Monroyal. Saison 2. Hockey corral, Boomerang éditeur jeunesse, 2010, 46 p. Couleur : Mel.

Blais, François, Vie d’Anne-Sophie Bonenfant. Roman, Québec, L’instant même, 2009, 241 p.

Lettre au Gros Bon Sens

Cher Gros Bon Sens,

Je viens de voir la publicité que vous signez aujourd’hui dans la Presse (p. A15) pour un nouveau véhicule de Nissan.

Publicité fautive de Nissan, la Presse, 2010

 

Pareille publicité, en couleurs, sur deux pages, doit coûter fort cher. J’imagine que vous voulez limiter le prix de vos véhicules. Je comprends tout ça.

Sont-ce des raisons suffisantes pour faire des économies en matière de langue ? Cela vous aurait-il coûté beaucoup plus cher d’engager quelqu’un qui maîtrise l’emploi du subjonctif ?

Signé : Un lecteur qui trouve que c’est bien beau parler d’innovations, encore faut-il que ça soit écrit correctement.