Le bois du petit matin

L’Oreille tendue, pas plus tard que le 13 mai, apportait sa pierre à l’érection du vocabulaire anglo-saxon de l’érection, s’agissant du basketteur Dennis Rodman.

Autre pierre, en quelque sorte, aujourd’hui, tirée d’un article du Scientific American du 20 mai 2011 signalé par @cynocephale sur Twitter : la tumescence matinale inopinée s’appellerait «the morning wood».

Il n’est jamais trop tard pour accroître son vocabulaire.

 

[Complément du 21 septembre 2016]

Dans le même ordre d’idées : «Érection du matin, chagrin; érection du soir, espoir» («Les dits du Gnou», Gnou, cinquième ruade, janvier 1998, [s.p.]).

Tous à vos planches

L’Oreille tendue ne se le serait jamais pardonné : elle aurait pu rater la Journée internationale du planking. (C’est aujourd’hui.)

Explication de cette «nouvelle (et totalement absurde) mode», importée d’Australie, dans le quotidien la Presse du 24 mai 2011 (cahier Vivre, p 8) :

Comment pratiquer le planking ? Rien de plus simple : il suffit de s’allonger face au sol, droit comme un piquet, avec les orteils pointés et les bras de long du corps. Le visage du «plancheur» doit rester de marbre.

Cette activité «gratuite, parfaitement inutile et totalement étrange» ferait un malheur sur Facebook.

On en jugera par soi-même : on consultera le site Planking AustraliaShowcasing Our Planking Achievements») ou on répondra à l’invitation à plancher de la Presse, aujourd’hui, midi, sur la place des Festivals, à Montréal, rue Jeanne-Mance, entre Sainte-Catherine et De Maisonneuve.

On n’arrête pas le progrès.

De la turgescence du basketteur exposé à la madone

L’ex-basketteur Dennis Rodman a 50 ans aujourd’hui. (Merci à Jean Dion de l’avoir rappelé hier dans le Devoir, p. B6.)

S’il est connu, entre autres caractéristiques, pour son culte du tatouage, il ne faudrait pas oublier la contribution de Rodman à la langue anglaise. N’est-ce pas lui qui, dans une entrevue télévisée, a décrit sa réaction physiologique devant Madonna en utilisant les termes «I went solid» ? L’intervieweur en était resté éberlué.

Chroniques du bilinguisme hexagonal 004

Vous n’êtes pas français et vous souhaitez mener des recherches postdoctorales en France ? Ça tombe bien : vous pouvez vous inscrire au «programme Fernand Braudel (incoming)» de la Fondation Maison des sciences de l’homme (Paris, France).

Vous êtes français et vous souhaitez mener des recherches postdoctorales hors de la France ? Ça tombe bien : vous pouvez vous inscrire au «programme Fernand Braudel (outgoing)».

Si on retient votre candidature, vous pourrez contribuer au développement de la science (bilingue ?).

Tatou et tatou

Sandra Gordon, les Corpuscules de Krause, 2010, couverture

Si les Québécois aiment bien leur tatou, ce n’est pas par zoophilie. Ils n’ont pas d’attirance particulière — ni de dégoût — pour ce «Mammifère d’Amérique (édentés), cuirassé de plaques cornées disposées en bandes articulées» (le Petit Robert, édition numérique de 2010). Le tatou, dans la langue populaire — mais pas seulement — québécoise désigne un tatouage, cela après avoir transité par l’anglais tattoo.

Démonstration en double registre dans le roman les Corpuscules de Krause de Sandra Gordon (2010). Le narrateur : «Le tatouage de Lucie s’étalait sous la lumière crue d’une soixante watts dépourvue de réflecteur» (p. 86). Le personnage principal : «À chaque matin je zyeute mon tatou pis je le trouve beau» (p. 198).

L’Oreille tendue est la première à s’en étonner : c’est la cinquième fois qu’elle parle de tatouage (numérique, ethnique, musical, sportif). Elle en profite pour signaler que la boutique d’une banlieue montréalaise affichant, en vitrine, «V.I.P. tattoo» a pondu un bel oxymore, certes involontaire.

 

Référence

Gordon, Sandra, les Corpuscules de Krause. Roman, Montréal, Leméac, 2010, 237 p.