100 – 40

Centennal : «Rare. Qui se fait, revient tous les cent ans. Exposition centennale. ? Qui couvre cent ans» (le Petit Robert, édition numérique de 2007).

Centennial : «adjective. of or relating to a hundredth anniversary : centennial celebrations. noun. a hundredth anniversary : the museum’s centennial. • a celebration of such an anniversary» (dictionnaire Apple, 2007).

Près de chez l’Oreille tendue, l’Académie centennale / Centennial Academy célèbre ses… quarante ans.

Académie centennale / Centennial Academy, Montréal, 2010

C’est beau l’espoir.

Fil de presse 008

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

L’anglais serait-il en crise ? (L’Oreille tendue ne parle pas de l’Anglais, cette créature protéiforme.)

The Queen’s English Society, fondée en 1972 pour défendre le bon usage dans la langue de Shakespeare, souhaite créer une Académie anglaise, l’Academy of English, ou English Academy, sur le modèle de la française. (Erin McKean, dans les pages du Boston Globe, montre pourquoi ça ne peut pas marcher, et elle a bien raison.)

Le 7 juin, The Economist crée un nouveau blogue (collectif) linguistique, Johnson :

In this blog, named for the dictionary-maker Samuel Johnson, our correspondents write about the effects that the use (and sometimes abuse) of language have on politics, society and culture around the world.

Au menu : des questions pointues (Tromso ou Tromsø ?), des débats (faut-il accepter deplane pour descendre de l’avion ?), des révélations (Vladimir Poutine tutoie Dmitri Medvedev, qui le vouvoie), des réflexions sur la néologie (en français), des interrogations étymologiques (d’où viennent right to choose et my bad ?), etc. (On y est aussi sceptique que dans le Boston Globe devant la création d’une académie.)

Il y a donc plus intéressant à faire que de s’inventer une crise.

Fil de presse 007

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Le numérique a besoin de mots.

Philip B. Corbett tient le blogue After Deadline du New York Times. Il y conseille les journalistes, et les lecteurs, sur les questions de langue («grammar, usage and style»). Il recommandait récemment d’utiliser tweet — le substantif et le verbe — avec circonspection. (On le lui a reproché.)

En janvier dernier, le secrétaire d’État français chargé de la coopération et de la francophonie a lancé le concours «Francomot», rapporte le Monde du 30 mars : «les étudiants et élèves étaient invités à envoyer par mail [!!!] des équivalents français à cinq termes anglophones : “chat”, “buzz”, “tuning”, “newsletter” et “talk”». Les gagnants ? (On vous reprochera leur utilisation.) Ramdam (buzz), bolidage (tuning), éblabla et tchatche (chat), infolettre (newsletter) et débat (talk).

Comme à chaque année, les dictionnaires annoncent l’entrée de mots dans leur nomenclature. (On ne saurait le leur reprocher.) Le Petit Larousse accueille, entre autres nouveautés lexiconumériques, agrégateur, carnet d’adresses, Google, nerd, pop-up et Wikipédia. Dans le Petit Robert ? Geek et réalité augmentée.

La langue bouge, comme de toute éternité elle a bougé.

Sport(ique)(ic)

Énigmatique : «l’énigmatique ailier devra batailler avec lui-même toute la saison» (site du Réseau des sports, 29 septembre 2009); «L’énigmatique numéro 74 ne sera pas du voyage» (site de Radio-Canada, 1er avril 2010). Parmi les Kostitsyn qui jouent pour les Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, vous choisissez votre énigmatique Bélarusse, le 46 (Andrei) ou son frère Sergei (le 74).

Poétique : «Nous pourrons continuer d’observer les faits et gestes de l’un des receveurs de passes les plus poétiques à avoir jouer [sic] au football» (la Presse, 15 mai 2010, cahier Sports, p. 8). Il s’agit bien sûr de Ben Cahoon, des Alouettes de la Ligue canadienne de football.

Prolifique : «“Je suis vraiment très content que tout ait fonctionné et je me réjouis déjà vraiment d’arriver lundi à Hambourg”, a déclaré le prolifique buteur néerlandais, âgé de 33 ans», Ruud van Nistelrooy; c’est la Presse du 23 janvier 2010 qui le dit.

(Cela pose un problème de langue. Par définition, le buteur est prolifique; sinon, il ne serait pas un buteur. Buteur prolifique n’est-il pas pléonastique ?)

 

[Complément du 9 juin 2010]

Grâce à la Lettre d’information de Gallica (Bibliothèque nationale de France) datée de juin 2010, l’Oreille tendue découvre le mot sphéristique. Définition de l’Encyclopédie méthodique : «On désignait sous ce nom chez les anciens, les différents jeux ou exercices pour lesquels on employait une balle.» Article complet à http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58282813.image.f000278?xtor=ES-1.

 

[Complément du 14 juin 2010]

À la radio de Radio-Canada hier : «le flegmatique Roger Federer».

 

[Complément du 15 octobre 2011]

Une preuve de plus que le Russe, par essence, est énigmatique. Ça se trouve en p. 8 du cahier Sports de la Presse du 15 octobre et ça porte sur le joueur de hockey Kirill Kabanov : «Après un début de parcours tortueux dans la LHJMQ à Moncton, l’énigmatique Russe de 19 ans a débloqué à Lewiston l’an dernier, surtout lors des séries alors qu’il a été jumelé à Michael Chaput.»

 

[Complément du 2 janvier 2012]

Le Russe a les mêmes traits en français et en anglais, et certains anglophones ont même pu parler de «facteur russe» : «There is a long string of stereotypes that the hockey world applies to Russian players. They are called “enigmatic”—sometimes referred to as “the Russian factor”—and often dismissed as greedy players interested only in themselves, not their teams» (Roy MacGregor, Wayne Gretzky’s Ghost and Other Tales from a Lifetime in Hockey, Toronto, Random House Canada, 2011, xx/369 p., p. 364).

 

[Complément du 20 octobre 2013]

S’il faut en croire la Presse+ du jour, il existerait aussi des «tirs poétiques».

 

[Complément du 4 août 2014]

Scientifique ? Pourquoi pas : «le scientifique joueur de centre Jos Primeau» (la Patrie, 10 août 1936). Merci à @JrmiPerrault pour la citation.

 

[Complément du 25 juillet 2015]

Les Canadiens de Montréal viennent d’engager, pour un an, Alexander Semin : «On le dit au mieux énigmatique, au pis carrément désintéressé» (la Presse+).

 

[Complément du 20 septembre 2015]

Dans la Presse+ du jour : «Et il y a un certain Semin qui, jusqu’ici, a réussi sa rentrée montréalaise. L’énigmatique Russe a au minimum rassuré ceux qui craignaient que sa blessure à un poignet ne le gêne encore.» Encore.

 

[Complément du 2 octobre 2017]

Alexander Radulov ? La Presse+ du jour le présente ainsi : «l’énigmatique attaquant russe». Plus ça change…

 

[Complément du 19 juin 2019]

En français dans le texte : «Podkolzin était attendu dans les cinq premiers choix pendant une bonne partie de la saison, mais une prestation en demi-teinte au Championnat du monde U18 lui a fait mal, et l’effet de récence joue parfois gros. Le facteur russe aussi» (la Presse+, 19 juin 2019).

Fil de presse 006

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