Fil de presse 026

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Ci-dessous, quelques ouvrages récents sur la langue, classés, comme il se doit, par ordre alphabétique (de prénom).

Steuckardt, Agnès et Mathilde Thorel (édit.), le Jugement de l’oreille (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Honoré Champion, coll. «Linguistique historique», 2017, 258 p.

Rey, Alain, Pierre qui roule n’amasse pas mousse et autres proverbes illustrés par Grandville, Paris, BNF éditions, 2017, 192 p. Ill.

Rey, Alain et Fabienne Verdier, Polyphonies. Formes sensibles du langage et de la peinture, Paris, Albin Michel, 2017, 193 p.

Zeiter, Anne-Christel, Dans la langue de l’autre. Se construire en couple mixte plurilingue, Lyon, ÉNS éditions, 2018, 302 p. Préface de Thérèse Jeanneret.

Hoedt, Arnaud et Jérôme Piron, la Convivialité. La faute de l’orthographe, Paris, Éditions Textuel, 2017, 143 p. Préface de Philippe Blanchet. Illustrations de Kevin Matagne.

Un compte rendu ? À votre service.

Pivot, Bernard, Au secours ! Les mots m’ont mangé, Paris, Allary Éditions, 2016, 110 p.

Grimaldi, Claudio, Discours et terminologie dans la presse scientifique française (1699-1740). La construction des lexiques de la botanique et de la chimie, Oxford, Berne et Berlin, Peter Lang, coll. «Contemporary Studies in Descriptive Linguistics», 2017, xxvi/234 p. Présentation de Maria Teresa Zanola. Préface de John Humbley.

Montreynaud, Florence, le Roi des cons. Quand la langue française fait mal aux femmes, Paris, Le Robert, coll. «Temps de parole», 2018, 160 p.

Goyet, Francis, le Regard rhétorique, Paris, Classiques Garnier, coll. «L’univers rhétorique», 4, 2017, 408 p.

Les Cahiers du dictionnaire, 9, 2017, 378 p. Dossier «Les dictionnaires de littérature», sous la direction de Giovanni Dotoli et Francesco Paolo Alexandre Madonia.

Delacomptée, Jean-Michel, Notre langue française, Paris, Fayard, 2018, 220 p.

Laforest, Marty, États d’âme, états de langue. Essai sur le français parlé au Québec, Montréal, Alias, coll. «Alias classique», 4, 2018, 112 p. Préface de Louis Cornellier. Édition originale : 1997.

Moreau, Patrick, Ces mots qui pensent à notre place. Petits échantillons de cette novlangue qui nous aliène, Montréal, Liber, 2017, 274 p.

McCain, Stewart, The Language Question under Napoleon, Basingstoke, Palgrave Macmillan, coll. «War, Culture and Society, 1750-1850», 2018, xv/307 p. Ill

L’oreille tendue de… Raposo

Arturo Pérez-Reverte, Deux hommes de bien, 2017, couverture

«Raposo, qui contient difficilement un éclat de rire — et depuis déjà quelques minutes —, imagine madame Barbou dans le couloir, châle sur les épaules, en train de tendre l’oreille, guettant le résultat de l’entretien» (p. 361).

«Pendant un long moment, Raposo reste immobile, sur le qui-vive, encore penché sur un paquet de livres. Il tend l’oreille. On n’entend rien d’autre que la voix de la rivière et le frouement soudain d’un oiseau» (p. 480).

Raposo «se tasse pourtant davantage sur lui-même, jusqu’à ce que les feuilles mouillées d’une fougère lui frôlent le visage. Il respire profondément, puis retient son souffle, tend l’oreille aux bruits pour situer l’endroit exact où se tiendra l’adversaire quand il se découvrira» (p. 485).

Arturo Pérez-Reverte, Deux hommes de bien. Roman, traduction de Gabriel Iaculli, Paris, Seuil, 2017, 501 p. Édition originale : 2015.

Citation épistolaire à méditer

Sculpture de Blaise Pascal par Augustin Pajou

«Mes Révérends Pères, mes lettres n’avaient pas accoutumé de se suivre de si près, ni d’être si étendues. Le peu de temps que j’ai eu a été cause de l’un et de l’autre. Je n’ai fait celle-ci plus longue que parce que je n’ai pas eu le loisir de la faire plus courte.»

Blaise Pascal, les Provinciales, seizième lettre, 4 décembre 1656, dans Œuvres complètes, texte établi et annoté par Jacques Chevalier, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 34, 1962 (1954), xxviii/1529 p., p. 865. Édition originale : 1657.

 

[Complément du 6 février 2021]

À la 31e minute de son film Mank (2020), David Fincher révèle son érudition pascalienne (la citation est d’ailleurs correctement attribuée à Pascal par le personnage d’Herman J. Mankiewicz).

Scène de Mank, film de David Fincher, 2020

 

Illustration : Blaise Pascal étudiant la cycloïde; à ses pieds, à gauche, les feuillets épars des Pensées, à droite, le livre ouvert des Lettres provinciales. Sculpture d’Augustin Pajou présentée au Salon de 1785; le modèle en plâtre avait été présenté à celui de 1781. Déposé sur Wikimedia Commons

L’oreille tendue de… Gustave Desnoiresterres

Lemonnier, «Première lecture, chez Madame Geoffrin, de L’Orphelin de la Chine, tragédie de Voltaire, en 1755», 1812

«Il n’y avait pas que des violents, que des paysans du Danube, dans ce Paris. Il y avait, et nous le savons, des dominateurs par l’esprit, et chaque salon subissait l’influence plus ou moins absolue de l’un de ces causeurs armés jusqu’aux dents, autour desquels on se pressait, l’oreille tendue, prêts à applaudir aux moindres choses qui sortaient de leurs lèvres : un Rivarol, un Chamfort, un Rulhières.»

Gustave Desnoiresterres, la Comédie satirique au XVIIIe siècle, Paris, Librairie académique Didier, Émile Perrin, libraire-éditeur, 1885, 458 p., p. 141.

 

Illustration : Anicet Charles Gabriel Lemonnier, «Première lecture, chez Madame Geoffrin, de L’Orphelin de la Chine, tragédie de Voltaire, en 1755», 1812.