Fil de presse 008

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

L’anglais serait-il en crise ? (L’Oreille tendue ne parle pas de l’Anglais, cette créature protéiforme.)

The Queen’s English Society, fondée en 1972 pour défendre le bon usage dans la langue de Shakespeare, souhaite créer une Académie anglaise, l’Academy of English, ou English Academy, sur le modèle de la française. (Erin McKean, dans les pages du Boston Globe, montre pourquoi ça ne peut pas marcher, et elle a bien raison.)

Le 7 juin, The Economist crée un nouveau blogue (collectif) linguistique, Johnson :

In this blog, named for the dictionary-maker Samuel Johnson, our correspondents write about the effects that the use (and sometimes abuse) of language have on politics, society and culture around the world.

Au menu : des questions pointues (Tromso ou Tromsø ?), des débats (faut-il accepter deplane pour descendre de l’avion ?), des révélations (Vladimir Poutine tutoie Dmitri Medvedev, qui le vouvoie), des réflexions sur la néologie (en français), des interrogations étymologiques (d’où viennent right to choose et my bad ?), etc. (On y est aussi sceptique que dans le Boston Globe devant la création d’une académie.)

Il y a donc plus intéressant à faire que de s’inventer une crise.

Mot-valise du jour

Extrait du Bulletin Flaubert, numéro 123, juin 2010 :

BACCALAURÉAT
(< Catriona Seth)
Le supplément «Réviser son bac avec le Monde», cahier du Monde, no 20339, daté du mercredi 16 juin 2010, contient à la page 6 une présentation des procédés de réécriture et, en guise de «Repères», l’évocation de six récritures de Madame Bovary. Pour le journaliste, ce roman est celui qui a le plus suscité de «désirs palimpsestueux», mot-valise emprunté à Gérard Genette.

Fil de presse 007

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Le numérique a besoin de mots.

Philip B. Corbett tient le blogue After Deadline du New York Times. Il y conseille les journalistes, et les lecteurs, sur les questions de langue («grammar, usage and style»). Il recommandait récemment d’utiliser tweet — le substantif et le verbe — avec circonspection. (On le lui a reproché.)

En janvier dernier, le secrétaire d’État français chargé de la coopération et de la francophonie a lancé le concours «Francomot», rapporte le Monde du 30 mars : «les étudiants et élèves étaient invités à envoyer par mail [!!!] des équivalents français à cinq termes anglophones : “chat”, “buzz”, “tuning”, “newsletter” et “talk”». Les gagnants ? (On vous reprochera leur utilisation.) Ramdam (buzz), bolidage (tuning), éblabla et tchatche (chat), infolettre (newsletter) et débat (talk).

Comme à chaque année, les dictionnaires annoncent l’entrée de mots dans leur nomenclature. (On ne saurait le leur reprocher.) Le Petit Larousse accueille, entre autres nouveautés lexiconumériques, agrégateur, carnet d’adresses, Google, nerd, pop-up et Wikipédia. Dans le Petit Robert ? Geek et réalité augmentée.

La langue bouge, comme de toute éternité elle a bougé.

Progrès ?

«Menthez pas ça», conseillent les panneaux de McDonald à Montréal.

Un journaliste de la Presse n’en peut plus des publicités télévisées mettant en vedette Élyse Marquis (Swiffer) et François Massicotte (Sponge Towel). Dans quelle catégorie ranger icelles si on les trouve pénibles ? Le «malaisant» (22 mai 2010, cahier Arts et spectacles, p. 8).

Qu’une langue évolue, rien de plus naturel. On a cependant le droit de grincer des dents à l’occasion — d’autant que ça ne change rien à l’affaire : on n’arrête pas le progrès.