Autopromotion 253

L’Oreille se sert beaucoup de sa bouche, notamment pour donner des entrevues. Deux ont paru aujourd’hui.

L’une, par Catherine Lévesque, porte sur le français du premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Ça se trouve dans le Huffington Post Québec et ça prolonge ceci.

L’autre, par Charles-Éric Blais-Poulin, dans la Presse+, aborde un sujet qui intéresse l’Oreille depuis… plus de vingt ans : que reste-t-il de la lettre à l’ère du numérique ? Réponse brève : beaucoup de choses.

Le niveau baisse ! (2009)

«Les étudiants vont devoir renouer avec la dictée. Des milliers d’élèves de différents campus bénéficient cette année de cours d’orthographe. Une nécessité car les recruteurs apprécient peu les fautes des diplômés.»

Source : le Parisien, 28 septembre 2009, cité dans Claude Lelievre, «La “bataille de l’orthographe” à l’Université», 5 octobre 2010.

Pour en savoir plus sur cette question :

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Accouplements 66

Gustave Flaubert, l’Éducation sentimentale, éd. de 1961, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Tu ne l’avais entendue que dans la bouche de ta mère.

Puis un jour tu trouves cette chanson chez le Flaubert de l’Éducation sentimentale :

J’ai deux grand bœufs dans mon étable,
Deux grands bœufs blancs…
(éd. de 1961, p. 266)

(Ils seraient «tachés de boue», selon la vulgate familiale.)

Cela te dépayse.

P.-S. — Un autre lien entre le Québec et Flaubert ? Par ici.

 

[Complément du 9 mars 2018]

Les revoici, sous la plume de Jacques Roubaud, dans Poésie, etcetera : ménage (1995), s’agissant de Denis Roche :

La procrastination n’est pas la caractéristique essentielle de Roche. À aucun moment il n’a été tenté par deux des puits au fond desquels tombe volontiers la poésie de langue française : le puits «il y a une armoire à peine luisante / qui a entendu la voix de mes grand’tantes» (Francis Jammes); et le puits «J’ai deux grands bœufs dans mon étable / Deux grands bœufs blancs tachés de roux» (p. 188-189).

 

Références

Flaubert, Gustave, l’Éducation sentimentale. Histoire d’un jeune homme, Paris, Classiques Garnier, 1961, xii/473 p. Ill. Introduction, notes et relevé de variantes par Édouard Maynial. Édition originale : 1869.

Roubaud, Jacques, Poésie, etcetera : ménage, Paris, Stock, coll. «Versus», 1995, 282 p.

Les singes de l’Olympe

Ils l’ont dit à la radio ce matin : aux jeux Olympiques de Rio, le Canada défend son titre en golf. La dernière fois que cette discipline a été représentée aux JO, c’est en effet le Canada qui a remporté la médaille d’or. C’était en 1904.

Pourquoi signaler cela ? À cause des singes.

Pour Rio, on a dessiné un nouveau parcours à Barra da Tijuca. Les joueurs qui s’y sont entraînés n’insistent pas sur ses difficultés, mais sur sa faune. Elle compte des caïmans, des bradypes, des chevêches des terriers, des capybaras — et des singes. (Merci à Jean Dion pour la leçon de vie animale.)

Or les singes et le golf sont intimement liés dans la psyché de l’Oreille tendue. Voyez.

Ses parents ont vécu quelque temps dans les Caraïbes et ils y ont pratiqué leur sport préféré (si tant est que le golf soit un sport). En visite, l’Oreille y a foulé les verts, pour la première fois de sa vie, en leur compagnie. On ne lui avait donné qu’une seule consigne : ne pas aller chercher les balles perdues dans la forêt (la jungle ?), car il y avait des singes et ceux-ci pouvaient être protecteurs des balles qu’ils y trouvaient.

Par la suite, pendant des années, l’Oreille a utilisé la même excuse pour ne pas jouer au golf : sans singes, pas de swing. À Rio, elle n’aurait pas pu se servir de cette excuse. Imaginez : l’Oreille tendue aux JO !

P.-S. — On ne confondra pas les singes de l’Olympe et les chars de l’Olympe.

P.-P.-S. — On ne confondra pas non plus le golf olympique et la boxe olympique, discipline dans laquelle s’est illustrée, genre, l’Oreille.