Accouplements 57

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich, 1996, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

La semaine dernière, au micro d’Annie Desrochers à la radio de Radio-Canada, le professeur de philosophie Xavier Brouillette rappelait l’importance qu’il faut accorder aux mots : «Les mots, très souvent, peuvent penser à notre place.» Il faisait notamment allusion au grand livre de Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue (l’Oreille tendue en a notamment parlé ici).

Dimanche, c’était au tour d’Antoine Perraud, sur France Culture, de revenir sur l’indispensable attention au langage : «Interrogeons-nous plutôt sur ce qu’induisent de telles corruptions du langage, de la part d’une presse incapable de la moindre distance mesurée propre à l’observateur de bon aloi. […] Vider les mots de leur sens, c’est éroder notre démocratie républicaine fondée sur la beauté délibérative venue de la Révolution française.»

Ce n’est pas l’Oreille qui va les contredire.

 

Référence

Klemperer, Victor, LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue, Paris, Albin Michel, coll. «Agora», 202, 1996, 372 p. Traduit de l’allemand et annoté par Élisabeth Guillot. Présenté par Sonia Combe et Alain Brossat.

Accouplements 56

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Le service des vélos en libre-service de Montréal s’appelle Bixi. (Très tôt dans sa vie, l’Oreille tendue en a parlé.) Dans sa plus récente campagne de publicité, ce service joue sur une expression québécoise : qui y modère ses transports doit se calmer, se restreindre; en revanche, les usagers de Bixi doivent libérer les leurs.

Bixi, publicité, 2016

En Finlande (merci à @jeanphipayette pour la photo), dans le métro, le transport est encore plus libre : il est affaire de caresse.

Finlande, publicité dans le métro, 2016Ce transport-là est (potentiellement) amoureux. Plus que l’autre.

Pour lancer la semaine

«Quand bien même les histoires dites,
et même les amours qui commencent ou finissent,
sont les mêmes, et même le désarroi»
François Bon, Daewoo

Un coorganisateur de colloque : «Pour embrayer.»

Un participant à un congrès : «On entame l’atelier Auto-diagnostic en médecine […]» (@MarieBeau).

Un site de la Sorbonne : «Débuter une recherche.»

Un premier ministre du Québec : «Vous avez démarré une tradition d’excellence spectaculaire dans le sport universitaire» (@Carabins).

Qu’est-ce qu’il vous a fait le verbe commencer ? Pourquoi tenez-vous à mettre quelque chose à sa place ? Hein ?

 

[Complément du 16 août 2016]

Une neuropsychologue : «Je tiens à initier ce message estival […].»

 

Référence

Bon, François, Daewoo. Roman, Saint-Cyr sur Loire, publie.net, coll. «Temps réel», 2011. Édition numérique. Édition originale : 2004.

«Débuter une recherche», dit la Sorbonne