Autopromotion 203

Congrès de Vancouver, 2015, affiche

Au cours des prochains jours, l’Oreille sera tendue à Vancouver.

Elle y causera, à la radio de Radio-Canada, de son plus récent livre, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue).

Dans le cadre du congrès annuel de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle, elle présentera une communication intitulée «Voltaire aujourd’hui», qui prendra appui sur un texte d’abord publié ici.

Elle participera enfin à une table ronde, organisée par Joël Castonguay-Bélanger de l’Université de la Colombie-Britannique. Son titre ? «Sade : réflexions à chaud sur un bicentenaire encore tiède

Table ronde sur Sade, Vancouver, 2015, affiche

 

Référence

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

L’avoir à terre

En 2009, un député français, Pierre Lasbordes, accueille le premier ministre québécois de l’époque, Jean Charest, en lui disant que celui-ci doit avoir «la plotte à terre». Il pensait alors utiliser une expression équivalente «en québécois» à «être très fatigué». Il se trompait. (Récit ici.) Recevoir un homme politique en français, langue pourtant parlée quotidiennement par lui et par son interlocuteur, lui paraissait donc si compliqué ?

Quand on entend la pub que vient de mettre en ligne la société française Orange et son portrait ridicule de l’accent québécois, sous-titres à l’appui, on se prend pourtant à se dire à soi-même qu’on a, en effet, parfois, la plotte à terre devant ce que certains Français imaginent être la langue parlée au Québec.

Fil de presse 019

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Ouvrages récents sur la langue…

…sous forme d’interrogation…

Demoule, Jean-Paul, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, Paris, Seuil, 2015, 752 p.

…sous forme d’exclamation…

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

…sous forme neutre…

Argod-Dutard, Françoise (édit.), le Français en chantant. Septièmes rencontres de Liré, 2014, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. «Interférences», 2015, 390 p. Préface de Jean Pruvost.

Table des matières

Boquel, Anne et Étienne Kern, les Plus Jolies Fautes de français de nos grands écrivains, Paris, Payot, 2015, 166 p.

Debov, Valéry, Glossaire du verlan dans le rap français, Paris, L’Harmattan, 2015, 450 p. Préface de Christophe Rubin.

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015 (nouvelle édition revue et augmentée), 380 p.

Furetière, Antoine, Dictionnaire universel, Genève, Slatkine reprints, 2015, 3 vol., 2177 p. Réimpression de l’édition de La Haye-Rotterdam, 1690.

Hongre, Bruno et Jacques Pignault, Dictionnaire du français classique littéraire de Corneille à Chateaubriand, Paris, Honoré Champion, coll. «Champion classiques – Références et dictionnaires», 10, 2015, 776 p. Préface de Jean Pruvost.

Pruvost, Jean et Benoît Meyer, la Bière «Mets de roi… à la mousse immaculée», Paris, Honoré Champion, coll. «Champion les mots», 2015, 144 p.

Rastier, François, Saussure au futur, Encre marine, coll. «À présent», 2015, 272 p.

Tiphagne, Frédéric, Le thé qui «désenivre… et fortifie la raison…», Paris, Honoré Champion, coll. «Champion les mots», 2015, 144 p. Préface de Thierry Clément.

Benoît Melançon, Le niveau baisse !, 2015, couverture

Oto-alerte

Avenue des œuvres, Saint-Côme, Québec, août 2021

L’oreille de l’Oreille tendue s’est tendue la première fois à l’écoute d’entrevues avec l’inénarrable président de l’Association des pompiers de Montréal, Ronald Martin : pourquoi diable disait-il si souvent «l’ensemble de l’œuvre» ?

L’expression est commune dans le monde de l’art, mais on devrait pouvoir convenir que la pratique artistique n’est pas ce qui définit d’abord et avant tout l’activité des pompiers.

Puis hier, dans le Devoir, se trouve cette déclaration du ministre de l’Économie du Québec, Jacques Daoust, au sujet de l’entente de Partenariat transpacifique : «Il y a l’épisode relatif à la gestion de l’offre, mais l’ensemble de l’œuvre est drôlement intéressant pour nous» (p. B3).

Une recherche rapide dans les périodiques québécois parus dans les trente derniers jours révèle que l’expression ensemble de l’œuvre peut s’appliquer au ministère de l’Éducation du Québec (le Journal de Montréal, 6 octobre 2015), au premier ministre du Canada Stephen Harper (le Nouvelliste, 2 octobre 2015), à un conducteur de VTT (le Journal Saint-François, 30 septembre 2015), à l’autoroute Laurentienne de Québec (le Soleil, 23 septembre 2015), à l’église Sainte-Maria-Goretti de Charlesbourg (Charlesbourg Express, 22 septembre 2015), voire à la classification des handicaps du parakayak (le Jacques-Cartier, 9 septembre 2015). Tous ces exemples sont réels, promis juré.

De deux choses l’une. Ou bien l’art pénètre de plus en plus dans nos vies. Ou bien l’ensemble de l’œuvre n’est qu’une autre de ces boursoufflures qui caractérisent le français contemporain (problématique pour problème, sociétal pour social, etc.).

Quoi qu’il en soit, continuons à tendre l’oreille.

 

[Complément du 7 mai 2017]

Écoutant le match entre les Prédateurs de Nashville et les Blues de Saint-Louis — c’est du hockey —, l’Oreille tendue découvre qu’en anglais body of work paraît aussi banalisé qu’en français ensemble de l’œuvre, sa traduction.

 

[Complément du 8 février 2018]

Tony Accurso est un entrepreneur en construction québécois. Un jury vient de l’acquitter dans un procès pour corruption. Commentaire d’un avocat criminaliste dans la Presse+ du jour : «Par conséquent, la poursuite ne pouvait pas aborder le profil de l’accusé ou l’ensemble de son œuvre, y compris ses démêlés avec la justice.» Tony Accurso, artiste ?

 

[Complément du 21 juin 2019]

Le Parti libéral du Canada, artiste ?

Manchette de la Presse+, 21 juin 2019

 

[Complément du 5 janvier 2021]

À la lecture du roman Épique, de William S. Messier, l’Oreille découvre une autre dimension de l’œuvre :

J’haïssais pas ça mais, pis je dis pas que je sentais rien, non, c’est juste que ça se passait tellement vite que c’était dur de savoir si ce que je sentais, c’était juste sa pissette, mettons, qui me rentrait dedans ou l’ensemble de son œuvre, comme on dit, les coups de hanches, son souffle, ses grognements, les bruits sourds de la friction entre son affaire pis ma viviane qui sifflait presque (p. 191-193).

On notera que cette œuvre — le roman — date de 2010.

 

[Complément du 24 mars 2024]

Autre exemple romanesque, dans La soif que j’ai (2024) : «Il a des yeux bruns corrects, un nez droit, pas d’acné, rien. Malheureusement, l’ensemble de l’œuvre matche pas […]» (p. 48).

 

Références

Dufour-Labbé, Marc-André, La soif que j’ai. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2024, 139 p.

Messier, William S., Épique. Roman, Montréal, Marchand de feuilles, 2010, 273 p.