Suffixe du jour

Magazine Châtelaine, Montréal, été 2013

Le français moderne aime créer des mots se terminant en –ing. Exemples récents.

Vous transformez tout en jus ? Vous voilà adepte du juicing. Attention, cependant : le magazine Châtelaine, au cours de l’été 2013, s’interrogeait. «On a testé le juicing : bon choix ou tendance risquée ?»

Vous faites du jogging à reculons en jonglant ? C’est du joggling. (Merci à @mcgilles.)

Vous vous êtes levé en cherchant «un sport de préhension issu de plusieurs disciplines, telles que la lutte, le judo ou le sambo» ? Le grappling est pour vous, même en entreprise.

Vous êtes plutôt «mode, glamour, affirmation identitaire, danse urbaine et posture» ? Tâtez du voguing.

Ça vous changera du cocooning, de l’outdooring, du couponing, du planking, du stocking et du (désuet) tebowing.

On n’arrête pas le progrès.

Jurons mou

Duchateau et Denayer, les Casseurs, 1988

On a eu maintes fois l’occasion de le constater : au Québec, plusieurs jurons (tabarnak) ont une forme euphémisée (tabarnan[ne]).

Il en va de même avec crisse dont on connaît une variante en crime, voire en crimepoff(e).

Exemple publicitaire. La brasserie Sleeman, à la télévision, aime bien mettre en scène son passé trouble, voire criminel. Son slogan ? Sa bière est «bonne en crime.»

P.-S. — L’illustration ci-dessus est tirée de la bande dessinée les Casseurs (éd. de 1988, p. 17).

 

[Complément du 29 août 2016]

Crimepoff(e) a vraisemblablement transité par l’anglais (cream puffs, choux à la crème).

 

[Complément du 25 août 2019]

Un personnage de la pièce Lignes de fuite (2019) de Catherine Chabot lance ceci : «Je suis peut-être vieux jeu, mais crime-pof !» (p. 31) Dire «crime-pof» est la preuve que l’on est «vieux jeu».

 

[Complément du 11 décembre 2021]

Dans la Presse+ du jour, une pub jouant de l’homophonie crime / crème.

«Crème qu’on aime les Fêtes», publicité, la Presse+, 11 décembre 2021

 

Références

Chabot, Catherine, Lignes de fuite, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 20, 2019, 130 p. Ill. Suivi d’Aurélie Lanctôt, «Une génération dans le miroir».

Duchateau, André-Paul et Christian Denayer, les Casseurs. Match-poursuite. Une histoire du journal Tintin, Bruxelles et Paris, Éditions du Lombard, coll. «Les casseurs», 15, 1988, 48 p. Repris dans Denayer & Dûchateau, les Casseurs. L’intégrale, Bruxelles, Le Lombard, 2010, vol. 5.

Autoportrait prémortuaire

 Beaumarchais, Pierre-Augustin Caron de et Amélie Houret de la Morinaie, Lettres d’amour, 2007, couverture

«Quant à vos lettres, vous ne les aurez jamais, j’en ai assez pour faire un drap de mort. Je les ferai coudre ensemble, on m’ensevelira dedans ou vous viendrez les chercher dans ma bière» (Amélie Houret de la Morinaie, à Beaumarchais, le 29 juillet 1791, éd. Lever, p. 74).

 

Référence

Beaumarchais, Pierre-Augustin Caron de et Amélie Houret de la Morinaie, Lettres d’amour, Paris, Fayard, 2007, 140 p. Présentées et annotées par Évelyne et Maurice Lever.

Fortune de la tchén’ssâ, ter

William S. Messier, Twitter

Le 19 mai 2012, l’Oreille tendue donnait naissance, en quelque sorte, à l’École de la tchén’ssâ. Depuis, cette école littéraire québécoise a connu une étonnante fortune (il en a été question ici et ).

Six ajouts à ce rayonnement inattendu.

Dans la revue Liberté, sous la plume de Jonathan Livernois («Un shack à soi. De la permanence tranquille ou pourquoi craindre la disparition», numéro 300, été 2013, p. 18).

Jonathan Livernois, Liberté, 300

 

Dans un tweet de @david_turgeon le 6 juin 2013.

David Turgeon, Twitter

Dans l’hebdomadaire Voir, chez Dominic Tardif («8 raisons de marcher jusque chez le libraire», 5 septembre 2013).

Dominic Tardif, Voir

 

Dans le quotidien le Devoir, quand Christian Desmeules rend compte de Dixie de William S. Messier («William S. Messier, maître brasseur», 7-8 septembre 2013, p. F2).

Le Devoir, Christian Desmeules

Dans un modeste Tumblr lancé par un ami de l’Oreille, Chicks With Chainsaws.

Chicks with Chainsaws

Sur le blogue Ils sont partout, le 25 septembre 2013.

Blogue Ils sont partout

Jusqu’où cela s’arrêtera-t-il ?