Cinq notes pour la Fête nationale

Char allégorique, Fête de la Saint-Jean-Baptiste

I.

Lire les premières lignes d’un texte de Lise Payette dans le Devoir du 21 juin :

Nous sommes un peuple de patience et d’endurance. Nous l’avons prouvé pendant 400 ans ou presque. Nous avons été tondus si souvent que nous avions presque fini par trouver notre sort normal et nous avons pensé que c’était notre destin.

Ne pas s’y reconnaître. Arrêter de lire.

II.

Apercevoir le titre «Des Mosaïcultures grandioses avec des plantes d’ici» (le Devoir, 22-23 juin 2013, p. D6). L’ajouter à sa collection de d’ici.

III.

Chercher un cou bleu autour de soi et ne pas en trouver.

IV.

Se dire que les mots de la Saint-Jean(-Baptiste), donc de la fête nationale du Québec, dont l’Oreille tendue a parlé l’an dernier à la radio de Radio-Canada sont toujours parfaitement d’actualité, bien que le gouvernement ait changé.

V.

Retrouver une citation de circonstance.

Dictionnaire des séries 56

Quand un joueur atteint — enfin — la Ligue nationale de hockey, c’est qu’il est monté avec le grand club. Inversement, s’il est rétrogradé, c’est dans les mineures (la Ligue américaine). Ce peut être pire : être retourné à son équipe junior.

Des mineures à la Nationale
Emmenez-en des baveux
(Éric Lapointe, «Rocket (On est tous des Maurice Richard)», chanson, 1998)

Les joueurs qui aiment partir de leur zone pour passer dans celle de l’adversaire joueraient nord-sud. Ceux qui préfèrent les déplacements latéraux joueraient est-ouest. (Non, il s’agit pas de l’ouest du bœuf de l’Ouest.)

Depuis des années, la Ligue nationale de hockey essaie de s’implanter dans des régions étrangères à la culture de ce sport. Cela s’appelle réussir à percer le marché américain. Ou pas.

Un équipe qui joue à domicile serait, semble-t-il, favorisée, contrairement à celle qui joue sur la route pendant un périple plus ou moins long. Elle aurait l’avantage de la glace. L’existence de celui-ci a été mis en doute par Jean Dion dans le Devoir du 9 mai 2013 :

Il y a aussi, bien sûr, l’avantage de la glace. Personnellement, j’apprécie surtout l’avantage de la glace dans une succulente crème de menthe verte, mais le concept s’applique aussi au hockey, ç’a l’air. Cet avantage, il semble bon de l’avoir, raison du reste pour laquelle il s’agit d’un avantage. Pour s’en imprégner, toutefois, il faut mettre de côté les occurrences où, après qu’une équipe eut gagné à l’étranger, un expert vous dira que ce club vient de prendre ou de reprendre l’avantage de la glace comme si c’était important, alors même qu’en gagnant à l’étranger, il vient tout juste de prouver que l’avantage de la glace n’est pas si important que ça (p. B6).

Le hockey donne des leçons de géographie.

P.-S. — Vous être un peu mêlé par tout ça ? Servez-vous de votre vision périphérique et tout ira mieux.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Dictionnaire des séries 55

L’Oreille tendue a offert sa définition de la ligue de garage le 4 avril dernier.

Elle avait alors oublié de citer Patrick Lagacé parlant des «gladiateurs des ligues de garage» (la Presse, 4 février 2013, p. A10).

Voilà qui est chose faite.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

L’art du portrait cinématographique

Jean Echenoz, les Grandes Blondes, 1995, couverture

«[L’]inspecteur Clauze présentait un faciès ratier de second rôle français. Voix sinueuse et filament de moustache, œil plissé sur sourire de biais qui affichaient le plus franchement du monde une personnalité de faux jeton. Physique de fourbe qui traîne souvent dans les castings : ironiques, obséquieux, éventuellement menaçants, se croyant malins, d’ailleurs l’étant, plus qu’on ne l’imaginerait, mais somme toute pas assez car échouant toujours dans leurs entreprises. Types recrutés pour jouer l’agent de change véreux, l’ancien collègue maître-chanteur ou le beau-frère dans la police. En l’occurrence c’était le beau-frère dans la police. Et comment va Geneviève ?»

Jean Echenoz, les Grandes Blondes. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1995, 250 p., p. 61.