Une langue à soi

Thaï express, publicité, métro de Montréal, 2013

Parfois, c’est un mot : «gourgane», «poche».

Parfois, une phrase : «La base économique conditionne la superstructure idéologique…»

Parfois, une prière : «Je vous laisse la paix; je vous donne ma paix.»

Ce sont des mots que l’on n’a pas entendus depuis des lustres, puis qui ressurgissent comme s’ils n’avaient jamais disparu de la mémoire.

L’autre matin, conférence de presse pour lancer les célébrations du cinquantième anniversaire de son école secondaire. Le nom de cette école est Jean-Baptiste-Meilleur. Du temps que l’Oreille tendue la fréquentait, on l’appelait JBM. Auparavant, on disait la régionale. Cette expression — pas entendue depuis plus de trente ans — lui est revenue d’un coup quand le directeur actuel de l’école l’a utilisée : sans que l’Oreille le sache, elle ne l’avait jamais quittée.

Chacun a une langue à soi, plus ou moins profondément enfouie dans les couches de sa mémoire.

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