Se battre pour rien, mais pas seul

Jean-François Chassay, l’Angle mort, 2002, couverture

L’Oreille tendue croit — elle peut se tromper — que le verbe quitter est transitif : il demande donc un complément d’objet. Je quitte ? Non. Je quitte ma girafe ? Oui.

Au Québec, son attente du CO est souvent déçue. C’est un de ses combats perdus d’avance. (Voir la catégorie Quitter ici.)

Elle a néanmoins des alliés, par exemple Gilles Pellerin ou Marie-Éva de Villers.

Et Stéphane, une narratrice de Jean-François Chassay dans son roman l’Angle mort (2002) :

il faut […] téléphoner systématiquement à la radio quand un journaliste dit «l’événement que je vous parle» ou «il a quitté» sans complément, pour demander qu’on le foute à la porte, parce qu’il n’y a rien de pire que les incultes suffisants qui se croient en train de bien perler (p. 120);

Pour parler en bon québécois, Richard au niveau de son vécu, il a quitté. Intransitif à part ça ! Ben oui Claire, calvaire, je sais bien que la langue évolue, mais quand on fabrique une faute de français pour donner l’impression de parler avec distinction, entre nous, on a l’air profondément imbécile, franchement ! (p. 167)

Il est agréable de se sentir moins seul.

 

Référence

Chassay, Jean-François, l’Angle mort. Roman, Montréal, Boréal, 2014, 326 p.

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

Une réponse sur “Se battre pour rien, mais pas seul”

Laissez un commentaire svp