Euphémisme délicat (littéralement) du jour

Dépêche de l’Agence France-Presse, publiée dans le Devoir du 4 août 2010 : «Un homme en délicatesse avec ses employeurs a tué huit collègues de travail hier […]» (p. A5).

«Être en délicatesse avec qqn», selon le Petit Robert : «avoir à se plaindre de lui; être dans une situation délicate avec lui».

Heureusement que le meurtrier n’était qu’«en délicatesse». Sinon, cela aurait pu être grave.

À ne pas oublier

Quoi qu’en pensent le Figaro et la Presse (2 septembre 2010, p. A16), quand une célébrité publie le récit de sa vie, elle ne publie pas une œuvre dont le genre serait le féminin, de belles mémoires. Cette célébrité publie de gros mémoires, au masculin.

Mieux encore, en bonne typographie, le mot prend toujours la majuscule : des Mémoires spitants.

Bref, les mémoires de Tony Blair ne sont pas barbantes / passionnantes. Ses Mémoires sont barbants / passionnants.

Tout se perd.

 

[Complément du 31 août 2011]

L’Oreille tendue, le 31 août 2011, a fait paraître un texte sur l’ex-joueur de hockey Jean Béliveau dans le quotidien le Devoir (p. A7). Imaginez combien elle fut marrie de découvrir qu’un correcteur, pensant bien faire, avait enlevé la majuscule qu’elle avait mise à «Mémoires». Elle ne s’en remettra peut-être pas.

 

[Complément du 14 mai 2015]

Merci, @MondedesLivres, pour ce tweet :

L’art du portrait, toujours

 Henri Calet, Cinq sorties de Paris, 1989, couverture

«Léonard [de Vinci] ne passa que ses trois dernières années au Clos Lucé. Le bâtiment est en briques, avec un pignon à redans de genre flamand, si je me souviens bien. La dame qui nous conduisit, et qui était plus vraisemblablement une vieille demoiselle, avait les cheveux tirés et portait des lunettes, ce qui lui donnait un air de sévérité. Elle était en pantoufles. Quoi qu’il en fût, je savourais son langage châtié, précis, assez monotone au demeurant. Elle utilisait le passé simple avec facilité.

Elle me fit voir quantité d’objets précieux : une page d’évangéliaire illustrée par Fouquet, trois plats de Bernard Palissy, et même des petits automates qu’elle fit distraitement fonctionner. Rien ne la déridait.»

Henri Calet, Cinq sorties de Paris, Paris, Le Tout sur le tout, 1989, 96 p., p. 43.

Pissons wallon

L’Oreille est tendue internationalement; qu’on se le dise.

Une lectrice attentive a rapporté la photo suivante de ses pérégrinations liégeoises.

Pissotière, Liège, 2010

Question : avait-on bien besoin de dire la pissotière («pihot’reye») ? Une image ne vaut-elle pas mille mots, vers la gauche comme vers la droite ?

P.-S. — Entrez «Pichelotte» et «Pissotière» dans Google, et vous ne trouverez — cas rare — qu’un lien, vers cette page, où tout est dit, mais sans photo.