Vaut mieux en avoir

François Hébert, Montréal, 1989, couverture

Soit la phrase suivante, tirée de l’essai que consacrait François Hébert à Montréal en 1989 :

Gaston Miron a fait ce qu’il a pu pour réveiller l’autre solitude. Torrent essayant de tenir dans une main sa source et dans l’autre son embouchure, un peuple sur la tête et une femme à sa hanche, il déboulait parfois dans la succursale de la Banque Royale, encore elle, où travaillait un ami à qui il déclamait son dernier poème, devant des bovins estomaqués qui attendaient à la caisse voisine pour déposer ou retirer quelque foin (p. 69).

«Quelque foin» ? Dans la langue populaire du Québec, le mot foin désigne l’argent, pas seulement la nourriture des «bovins».

À votre service.

P.-S.—On ne peut rien vous cacher : nous avons déjà causé pognon ensemble.

 

Référence

Hébert, François, Montréal, Seyssel, Champ vallon, coll. «Des villes», 24, 1989, 103 p.

L’oreille tendue de… François Hébert

François Hébert, Holyoke, 1978, couverture

«Avouez qu’il n’est pas facile pour un homme respectable qui se souvient d’avoir été un curé respectable d’avouer en public, un public il est vrai restreint à quatre personnes, mais tout de même : Qa pianote des doigts sur le comptoir, Aq tend une oreille distraite aux propos de Couillard, Luc Larivière se cache derrière les grandes feuilles du journal, qu’il lit à l’envers / Marie Dupont pensait aux bras de Pierre qui l’avait enlacée la veille / d’avouer que l’église, ç’avait commencé dans le presbytère et c’était sans doute venu de la boulangerie voisine, que l’église était infestée de blattes […].»

François Hébert, Holyoke. Les ongles noirs de Pierre. Roman, Montréal, Quinze, coll. «Prose entière», 1978, 300 p., p. 125.

Autopromotion 764

«Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche XX

La 610e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 71 936 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche XX

Une société bilingue ?

Deux messages de la STM sur Twitter, 25 mai 2024

Depuis quelques décennies, un métro roule à Montréal. L’Oreille tendue l’utilise fréquemment.

Il arrive que des pannes nuisent au service. Comment connaître leur existence ? En suivant la Société de transport de Montréal (la STM) sur Twitter (que certains appellent X). Cela peut être utile.

Pourtant, il y a un problème, et de taille. La STM envoie tous ses messages en double, l’un en français, l’autre en anglais. Cette pratique contrevient évidemment à l’esprit de la Charte de la langue française, dont le premier article est clair : «Le français est la langue officielle du Québec. Seule cette langue a ce statut.»

La STM n’a que faire de l’esprit de la loi. C’est ennuyeux, pour le dire poliment.

P.-S.—Oui : l’Oreille continue à taper sur le même clou depuis plus de dix ans.