Accouplements 128

Un lien familial (2018) et la Femme jalouse (1790 / 2015), couvertures

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Bismuth, Nadine, Un lien familial. Roman, Montréal, Boréal, 2018, 317 p.

«Au fond de mes poches, je sens mes mains devenir moites. Magalie est donc là, à l’étage au-dessus de moi, à respirer le même air» (p. 250).

Ségur, Joseph-Alexandre, vicomte de, la Femme jalouse, Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 245 p. Édition présentée et commentée par Flora Amann et Benoît Melançon. Édition originale : 1790. https://doi.org/1866/32306

«Au moins, il ne s’éloignait pas, je respirais le même air que lui; mais dans deux jours il part, je le perds pour jamais, et je renoncerais à l’espoir de le voir un moment ! De rencontrer ses yeux ! D’entendre dire de sa bouche qu’il n’oubliera pas la plus infortunée de toutes les femmes !…» (p. 194-195)

Accouplements 127

Affiche du documentaire de Ken Burns. Couverture d’une édition de 2014 de textes d’Olympe de Gouges.

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

En 1791, Olympe de Gouges rédige une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Extrait du dixième article : «la femme a le droit de monter sur l’échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune» (éd. Reid 2014, p. 36).

En 1945, le Parti communiste des États-Unis réclame le droit pour les Noirs de jouer au baseball dans les ligues majeures : «If we can stop bullets why not balls ?» C’était avant l’embauche de Jackie Robinson. La phrase est citée dans le documentaire de Ken Burns qui porte son nom (2016, première partie, 48e minute).

La liberté peut être affaire de vie ou de mort.

 

Référence

Gouges, Olympe de, «Femme, réveille-toi !» Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et autres écrits, Paris, Gallimard, coll. «Folio 2 €», 5721, 2014, 99 p. Édition présentée par Martine Reid.

Accouplements 126

Julia Deck, Viviane Élisabeth Fauville, 2014, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Ce tweet, d’hier :

Cette citation de Julia Deck, déjà évoquée en 2015 :

«L’entreprise Biron gagne beaucoup d’argent, elle occupe un immeuble de huit étages rue de Ponthieu, à deux pas des Champs-Élysées. Dans le hall, des hôtesses d’accueil souples et collantes comme les lanières en plastique des anciens rideaux de cuisine font patienter les visiteurs avec des trivialités équivoques» (p. 16-17).

 

Référence

Deck, Julia, Viviane Élisabeth Fauville, Paris, Éditions de Minuit, coll. «Double», 99, 2014, 166 p. Édition originale : 2012.

Accouplements 124

David Turgeon, À propos du style de Genette, 2018, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Turgeon, David, À propos du style de Genette. Essai, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 122, 2018, 223 p.

«Les multiples réseaux de prolepses et d’analepses chers à Genette […] nous ont fait entrevoir une propension de l’auteur à tisser des ponts d’un endroit à l’autre de ses livres, et même d’un livre à un autre, provoquant des effets narratifs qui dépassent le simple balisage rhétorique […] pour dessiner au fil du texte quelque chose comme un récit, voire, lançons le mot, une intrigue.

De même, la configuration de la phrase genettienne, sa ponctuation surtout, dessine pour nous le récit d’une pensée, laisse entendre que l’activité théorique, quand elle ne se contente pas de ressasser le déjà connu, est quelque chose qui ressemble, lançons ce mot-là aussi, à une aventure» (p. 103).

Belleau, André, «Petite essayistique», Liberté, 150 (25, 6), décembre 1983, p. 7-10; repris dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 7-9; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 85-89; repris dans Lise Gauvin et Gaston Miron (édit.), Écrivains contemporains du Québec depuis 1950, Paris, Seghers, 1989, p. 72-73; repris dans Marie Malo, Guide de la communication écrite au cégep, à l’université et en entreprise, Montréal, Québec/Amérique, 1996, p. 269-270; repris dans Jean-François Chassay (édit.), Anthologie de l’essai au Québec depuis la Révolution tranquille, Montréal, Boréal, 2003, p. 205-208; repris dans François Dumont (édit.), Approches de l’essai. Anthologie, Québec, Nota bene, coll. «Visées critiques», 2003, p. 159-163; repris dans Laurent Mailhot (édit.), l’Essai québécois depuis 1845. Étude et anthologie, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «Cahiers du Québec. Littérature», 2005, p. 182-187; repris dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 83-87. https://id.erudit.org/iderudit/30652ac

«Il y a dans l’essai une histoire, je dirais même une intrigue, au sens que l’on donne à ces mots quand on parle de l’histoire ou de l’intrigue d’un roman et d’une nouvelle. Ce qui déclenche l’activité de l’essayiste, ce sont tantôt des événements culturels, tantôt des idées émergeant dans le champ de la culture. Mais pour qu’ils puissent entrer dans l’espace transformant d’une écriture, il faut que ces idées et événements soient comme entraînés dans une espèce de mouvement qui comporte des lancées, des barrages, des issues, des divisions, des bifurcations, des attractions et répulsions. Voilà qu’ils se conduisent au fond tels les personnages de la fiction et qu’ils nourrissent entre eux des rapports amoureux, de haine, d’opposition, d’aide, etc. Il se produit une réelle dramatisation du monde culturel et je parierais qu’à la fin, il existe des idées gagnantes et des idées perdantes» (éd. de 1983, p. 8).

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté À propos du style de Genette le 9 novembre 2018.