Répéter sans fin

Il existe des chansons poisons, également appelées vers sonores, ces airs qui nous trottent dans la tête sans qu’on puisse s’en défaire.

Cela sévit aussi hors du strict domaine musical.

Ainsi des ouvriers qui ont creusé un cratère dans le jardin de l’Oreille tendue. Le chargé de projet aime bien utiliser l’expression La vie est ainsi faite que. Cela a déteint sur plusieurs de ses employés, au point que le contremaître, lui, est exaspéré d’entendre à tout propos ces quelques mots. Cette rengaine l’horripile.

Une expression poison ? C’est, en tout cas, une forme de ver sonore.

Fredonner sans fin

Vous vous réveillez le matin avec un petit air en tête : Joe Dassin, Renée Martel, Stockhausen. Vous ne pouvez plus vous en défaire de toute la journée. Comment appeler cela ?

Monique Giroux, de Radio-Canada, proposait, à une certaine époque, chanson poison.

Sur le modèle de music worm, une fidèle lectrice de l’Oreille tendue, @PimpetteDunoyer, utilise ver sonore. Elle dirige ses lecteurs vers une bande dessinée en ligne, sur le blogue BD de cul, qui illustre bien l’affaire.

Quel que soit le terme retenu, une chose est sûre : c’est bien peu appétissant. Ça peut même être mortel.

Entendre Miron

Douze hommes rapaillés (2008), pochetteAvant-hier, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts, le spectacle Douze hommes rapaillés, la mise en chanson collective (ils sont douze) de quelques poèmes de Gaston Miron, l’auteur de l’Homme rapaillé.

L’intérêt de ce genre d’entreprise réside dans ce qu’elle permet d’entendre de neuf dans des textes déjà connus.

Un seul exemple, «Je t’écris pour te dire que je t’aime», poème-lettre interprété par Michel Faubert. Le jeu de guitare et, surtout, la voix du chanteur révèlent dans cette «rengaine» une chanson country. Ça s’entend notamment dans la prononciation de quelques mots — «voéyage», «souèr», «nége», «sur le seuil des mémouèrs» —, prononciation qui n’aurait pas été celle de Miron en lecture publique.

On ne s’attendait pas à ça. On est ravi.