Le monde à l’envers

S’il faut en croire Masha Bell, l’auteure de Learning to Read et Rules and Exceptions of English Spelling, les enfants britanniques auraient du mal à apprendre… l’anglais, à cause de sa graphie incohérente. Le Telegraph rapporte ses propos dans son édition du 8 juillet 2010 : «She [says] that English employs 185 “unreliable” spellings for just 44 speech sounds. Words such as too, true, who, flew, shoe and you all employ different letters to represent the same sound […].» (Elle n’est pas la première à s’aviser de pareilles incohérences.) Voilà la cause de la faiblesse scolaire («educational underachievement») et professionnelle des sujets d’Élisabeth II, et de leur forte fréquentation de la… prison.

On dit pourtant à l’Oreille tendue depuis toute petite que l’anglais domine le monde à cause de la facilité de son apprentissage. Aurait-elle été mal informée ?

Exemple à ne pas suivre, bis

«L’enseignement supérieur est devenu comme jamais un facteur de développement touchant toutes les sphères d’activité professionnelle et tous les ressorts de l’économie dans un contexte de mondialisation et d’émergence de la société du savoir où l’apprentissage ne se limite plus aux murs et aux temps académiques. L’accélération de la décision et la “déterritorialisation” sont en marche, imposant une gouvernance de l’adaptation continue, ouverte et transparente, pour en garantir autant l’efficacité que l’équité. Protéger les patrimoines, mutualiser la recherche en activité, donner accès aux savoirs, transférer de l’ingénierie, c’est favoriser l’émulation plutôt que la concurrence qui [???] s’installe en fait à partir de protections d’où elle peut se déployer, mettant le monde à l’épreuve du défi impossible de faire mieux. Séductrice, la concurrence détourne l’université de sa mission. Elle en devient aujourd’hui une représentation imposée et donc, par effet, le critère, avec pour enjeu une excellence bornée par sa norme

Le Français à l’université, 15, 2, deuxième trimestre 2010, p. 1 (l’Oreille souligne).

100 – 40

Centennal : «Rare. Qui se fait, revient tous les cent ans. Exposition centennale. ? Qui couvre cent ans» (le Petit Robert, édition numérique de 2007).

Centennial : «adjective. of or relating to a hundredth anniversary : centennial celebrations. noun. a hundredth anniversary : the museum’s centennial. • a celebration of such an anniversary» (dictionnaire Apple, 2007).

Près de chez l’Oreille tendue, l’Académie centennale / Centennial Academy célèbre ses… quarante ans.

Académie centennale / Centennial Academy, Montréal, 2010

C’est beau l’espoir.

Citation de circonstance

P. Gabriel La Rue, s.j., Pour que vive notre français, 1938, couverture

«Le professeur qui entreprendrait dans cet esprit l’enseignement de la langue maternelle ouvrirait à nos problèmes nationaux l’esprit et le cœur de ses élèves : dans ces jeunes âmes, il jetterait pour la vie la conviction et l’amour, la confiance en nos destinées françaises. Peut-être alors pourrions-nous attendre de nos bacheliers une plus minutieuse correction dans le parler et dans le style, des exigences plus tenaces pour le respect du français, un amour de la langue maternelle qui se manifestât dans la trame quotidienne de leur existence et non pas seulement aux jours de fête nationale, dans le délire d’une trop facile improvisation.»

P. Gabriel La Rue, s.j., Pour que vive notre français, Montréal, l’École sociale populaire, publication mensuelle, numéro 293, juin 1938, 32 p., p. 2-3. Texte d’abord paru dans le Canada français, mai 1938.