Logique scolaire

À l’école, tu t’es bien comporté, tu as fait tous tes devoirs, tu as multiplié les efforts : ta maîtresse — que tu appelles ton enseignante — est contente. Elle ne t’accordera pourtant pas de récompense; elle te donnera plutôt un privilège.

S’il n’y a plus de punition, mais seulement des conséquences, il n’est pas étonnant qu’il n’y ait plus de récompense. C’est logique.

De la responsabilité (linguistique)

Les écoliers québécois ne connaissent plus la punition. S’ils font une bêtise quelconque, s’ils sont les auteurs d’un méfait plus ou moins grave, s’ils contreviennent au règlement, ils sont passibles d’une conséquence. Ça s’expose ainsi : Les amis, t’auras une conséquence si tu fais pas ton devoir.

En voulant faire comprendre aux petits qu’ils sont responsables de leurs gestes et de leurs suites, on leur fait parler une langue parfaitement artificielle.

 

[Complément du 7 juin 2015]

Exemple romanesque : «Du point de vue comportement revenait toujours plus que place à l’amélioration et j’accumulais les conséquences mineures liées à mes agissements dits problématiques» (la Bête à sa mère, p. 22).

 

[Complément du 9 septembre 2015]

En bon père de famille qu’elle est, l’Oreille tendue a assisté hier soir à la réunion de parents de l’école de son fils cadet. Elle a été rassurée d’y entendre le responsable de la «gestion des conséquences».

 

Référence

Goudreault, David, la Bête à sa mère, Montréal, Stanké, 2015, 231 p.

Communions

Le grégarisme du Québec ne faire guère de doute : de sommet en focus stratégique, il est bon d’y échanger au niveau des débats de société.

Dans le même registre, le vieux fond catholique provincial est aussi présent : «La présidente [de la Fédération des commissions scolaires], Josée Bouchard, a dit trouver “démobilisant de devoir encore mettre de l’énergie à débattre des structures lors d’une grand-messe alors qu’on devrait se concentrer sur la réussite”» (le Devoir, 31 mars 2010, p. A3).

Parler de grand-messe, en ces temps d’accommodements raisonnables, est-ce bien raisonnable ?

Espace scolaire

Il y a bien deux semaines que l’Oreille tendue n’avait pas redit sa détestation de l’emploi absolu du verbe quitter. Ça lui manquait.

L’école d’un de ses fils lui en offre l’occasion.

Le verbe «quitter», CSDM, 24 février 2010

Merci.

De l’abus du possessif

Louis Cornellier écrit des livres, tient chronique (sur l’essai) dans les pages du Devoir et milite en faveur de l’enseignement de la littérature nationale d’ici.

Il le faisait dès 2002 :

Pour enrayer le déficit de sens ressenti par les étudiants devant le contenu de leurs deux premiers cours de littérature au collégial, il faudrait donc réformer en profondeur la séquence actuelle et consacrer ces deux cours à la littérature québécoise et à son contexte historique. Ensuite, et ensuite seulement, un troisième cours consacré aux littératures francophones, qu’il ne s’agit surtout pas de discréditer, dans une perspective comparatiste, trouverait tout son sens et sa pertinence. Quant au quatrième cours, qui porte sur la communication efficace (une sorte de rhétorique moderne), laissons-le tranquille : son approche très concrète (lire des journaux, ça s’apprend et ça déniaise) est parfois la seule qui parvienne à stimuler les plus rétifs (le Devoir, 11 février 2002, p. A7).

Rebelote ce samedi, au sujet d’un livre récent sur l’Épreuve uniforme de français du ministère de l’Éducation du Québec à la fin du cégep : «Un tel examen national ne devrait-il pas porter […] exclusivement sur notre littérature nationale ?» (le Devoir, 20-21 février 2010, p. F6)

Le «notre» n’était pas indispensable. On avait compris.