L’oreille tendue de… Albert Camus

Albert Camus, l’Exil et le royaume, 1957, couverture

«Réveillée, elle se dressa dans son lit et tendit l’oreille à un appel qui lui sembla tout proche. Mais, des extrémités de la nuit, les voix exténuées et infatigables des chiens de l’oasis lui parvinrent seules. Un faible vent s’était levé dont elle entendait couler les eaux légères dans la palmeraie. Il venait du sud, là où le désert et la nuit se mêlaient maintenant sous le ciel à nouveau fixe, là où la vie s’arrêtait, où plus personne ne vieillissait ni ne mourait. Puis les eaux du vent tarirent et elle ne fut même plus sûre d’avoir rien entendu, sinon un appel muet qu’après tout elle pouvait à volonté faire taire ou percevoir, mais dont plus jamais elle ne connaîtrait le sens, si elle n’y répondait à l’instant.»

Albert Camus, «La femme adultère», dans l’Exil et le royaume. Nouvelles, Paris, Gallimard, 1957. Édition numérique de 2012.

L’oreille tendue de… Tucker Coe

Tucker Coe, le Poster menteur, éd. de 1986, couverture

«J’étais seul dans le couloir. Je tendis l’oreille mais, n’entendant personne dans l’escalier, je sortis mon portefeuille pour y prendre ma carte d’achat d’essence à crédit, la seule carte de crédit que je possède. C’est un mince rectangle de plastique et, depuis quelques années, ces cartes de crédit sont devenues l’outil le plus précieux des cambrioleurs.»

Tucker Coe, le Poster menteur, traduction de R. Fitzgerald, Paris, Gallimard, coll. «Carré noir», 573, 1986, 246 p., p. 174. Édition originale : 1972.

L’oreille tendue de… Tucker Coe

Tucker Coe, Chauffé à blanc, 1968, couverture

«L’appareil n’est pas enfermé dans une cabine mais simplement fixé au mur. Je lui tends une pièce de dix cents, elle forme le numéro, me passe le récepteur, puis se retire derrière la caisse enregistreuse, d’où elle peut entendre la part de conversation, sans tendre l’oreille trop ostensiblement.»

Tucker Coe, Chauffé à blanc, traduction de M. Elfvik, Paris, Gallimard, coll. «Série noire», 1176, 1968, 250 p., p. 164-165.