Fil de presse 016

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Sans le moindre souci d’exhaustivité, quelques livres récents (2014 et 2015) en matière de langue…

A comme accent

Gendron, Jean-Denis, la Modernisation de l’accent québécois. De l’accent traditionnel au nouvel accent : 1841-1960. Esquisse historique. Contribution à l’histoire de la prononciation du français au Québec, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. «Langue française en Amérique du Nord», 2014, 281 p. Ill.

(L’Oreille tendue a parlé de ce livre dans la revue Recherches sociographiques.)

A comme anglais

Jeener, Jean-Luc, Pour en finir avec la langue de Shakespeare, Neuilly, Atlande, 2014, 160 p.

Schifres, Alain, My taylor is rich but my français is poor, Paris, First, 2014, 144 p.

A comme argot

Delaplace, Denis, l’Argot dans le Vice puni, ou Cartouche de Grandval, Paris, Classiques Garnier, coll. «Classiques de l’argot et du jargon», 8, 2014, 365 p.

B comme bizarrerie

Bouleau, Fabian, Chienne de langue française. Répertoire tendrement agacé des bizarreries du français, Paris, Points, coll. «Le goût des mots», 2014, 192 p.

C comme classement

Godel, Rainer et Michèle Vallenthini (édit.), Classer les mots, classer les choses. Synonymie, analogie et métaphore au XVIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, coll. «Rencontres», 100, série «Le dix-huitième siècle», 10, 2014, 376 p.

D comme dictionnaires

Chiflet, Jean-Loup, Dictionnaire amoureux de la langue française, Paris, Plon, 2014, 752 p.

Piselli, Francesca, Féraud versus Racine. Riflessioni sulla lingua, Rome, Aracne, coll. «Recherches sur toiles», 2014, 124 p.

Rey, Christophe, le Grand Vocabulaire françois (1767-1774) de Charles-Joseph Panckoucke, Paris, Honoré Champion, coll. «Lexica – Mots et dictionnaires», 27, 2014, 352 p.

E comme e muet

Borer, Alain, De quel amour blessée. Réflexions sur la langue française, Paris, Gallimard, coll. «nrf», 2014, 352 p.

F comme francophonie

Tessier, Jules, Avant de quitter ces lieux, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 221 p.

G comme grammaire (et comme Voltaire)

Vernier, Léon, Étude sur Voltaire grammairien et la grammaire au XVIIIe siècle, Genève, Slatkine reprints, 2014, 270 p. Réimpression de l’édition de Paris, 1888.

H comme histoire

Ayres-Bennett, Wendy et Thomas M. Rainsford (édit.), l’Histoire du français. État des lieux et perspectives, Paris, Classiques Garnier, coll. «Histoire et évolution du français», 2, 2014, 419 p.

H comme histoire culturelle

Gingras, Francis (édit.), Miroir du français. Éléments pour une histoire culturelle de la langue française, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Espace littéraire», 2014 (troisième édition), 476 p.

I comme idées (reçues ?)

Colombat, Bernard, Jean-Marie Fournier, Christian Puech (édit.), Histoire des idées sur le langage et les langues, Paris, Klincksieck, coll. «50 questions», 33, 2015, 280 p. Édition originale : 2010.

J comme jeunesse

Tardif, Benoit, Sport-O-Rama, Montréal, Comme des géants, 2014, 53 p. Ill.

M comme maladie

Chauvier, Éric, les Mots sans les choses, Paris, Allia, 2014, 128 p.

N comme nation

Vidal, Cécile (édit.), Français ? La nation en débat entre colonies et métropole (XVIe-XIXe siècle), Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, coll. «En temps & lieux», 51, 2014, 272 p.

O comme orthographe

Beaulieux, Charles, Histoire de l’orthographe française, Genève, Slatkine reprints, 2014, 534 p. Réimpression de l’édition de Paris, 1927-1967.

P comme purisme

Académie française, Dire, ne pas dire. Du bon usage de la langue française, Paris, Philippe Rey, 2014.

R comme Russie

Tesson, Sylvain, Ciel mon moujik ! Et si vous parliez russe sans le savoir ?, Paris, Points, coll. «Le goût des mots», 2014, 160 p. Édition originale : 2004.

S comme sens

Choinière, Olivier (édit.), 26 lettres. Abécédaire des mots en perte de sens, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 02, 2014, 125 p.

(L’Oreille tendue a parlé de ce livre ici.)

T comme traduction

Chevrel, Yves, Annie Cointre et Yen-Maï Tran-Gervat (édit.), Histoire des traductions en langue française, XVIIe-XVIIIe siècles (1610-1815), Lagrasse, Verdier, 2014, 1376 p.

U comme universalité

Rivarol, De l’universalité de la langue française, Paris, Flammarion, coll. «GF-Flammarion», 2014. Présenté par Dany Laferrière. Édition originale : 1784.

V comme variation

Farina, Annick et Valeria Zotti (édit.), la Variation lexicale des français. Dictionnaires, bases de données, corpus. Hommage à Claude Poirier, Paris, Honoré Champion, coll. «Lexica – Mots et dictionnaires», 28, 2014, 368 p.

Autopromotion 156

«Chez Henry, Libraire, rue Taranne, Fauxbourg St. Germain», à Paris, en 1790, paraît un roman par lettres intitulé la Femme jalouse. Ce roman du vicomte de Ségur n’avait pas reparu depuis. La critique se contentait le plus souvent de le considérer comme une pâle imitation des Liaisons dangereuses de Laclos (1782), pour aussitôt s’en désintéresser.

L’Oreille tendue et Flora Amann en proposent une édition commentée. Elle paraîtra dans quelques semaines, à Montréal, chez Del Busso éditeur. Le livre part chez l’imprimeur aujourd’hui.

En primeur, sa quatrième de couverture.

Le marquis aime la baronne, qui l’aime de retour. Il n’aime pas la vicomtesse. Mais la baronne est jalouse. Cela finira mal.

La Femme jalouse paraît anonymement à Paris en 1790. Ce roman épistolaire est l’œuvre de Joseph-Alexandre de Ségur (1757-1805). Il n’avait pas été réédité depuis le XVIIIe siècle. Il aurait dû l’être.

Flora Amann est doctorante (Université de Montréal / Université de Paris IV-Sorbonne). Benoît Melançon est professeur (Université de Montréal). Ils croient que la Femme jalouse mérite un meilleur sort que celui que lui a réservé l’histoire littéraire. Le public jugera.

Sa couverture.

Ségur, la Femme jalouse (1790), couverture de l’édition de 2015

 

Et un autoportrait de la Baronne, la femme jalouse du titre.

J’obtiens avec peine par mes prières, ce qui faisait autrefois le bonheur de votre ami; il se détache de moi, Chevalier… et nous prépare des jours bien malheureux. Vous me connaissez trop pour croire que je veuille augmenter le nombre de ces lâches victimes qui se laissent immoler aux caprices de l’inconstance; si son amour finit, mon empire doit commencer; il sentira le poids de sa chaîne; en un mot mon sort est lié au sien pour la vie. S’il oublie les sacrifices qui doivent à jamais m’assurer ses soins, je saurai les lui rappeler. Je consens à devoir à l’exigence, à la crainte, ce qu’autrefois je devais à l’amour. N’importe à quel prix j’obtienne ce que je désire; que votre ami me reste, c’est assez; ma gloire m’est aussi chère que mon bonheur (lettre III, p. 31).

Au Canada, le livre sera distribué par la Socadis. En France, on s’adresse à Tothèmes Diffusion.

 

[Le livre est arrivé de l’imprimerie. Il sera en librairie le 16 mars.]

 

[Deux extraits du roman ont paru sur le blogue collectif Lettres ouvertes.]

 

[Un extrait de l’«Introduction» a paru sur le site de l’éditeur.]

 

[Entrevue avec les éditeurs dans le journal Forum de l’Université de Montréal, à lire ici. Attention : le livre existe bel et bien en papier et en numérique.]

 

[Complément du 10 janvier 2024]

Le livre, au format PDF, est désormais disponible en libre accès ici.

 

Comptes rendus

Le Devoir, 13-14 juin 2015, p. F4 (Marie-Frédérique Desbiens) : «Réédition d’un roman ayant sombré dans l’oubli depuis sa création en 1790, la Femme jalouse est un véritable joyau.»

Dix-huitième siècle, 48, 2016, p. 651-653 (Paul Pelckmans)

Épistolaire. Revue de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 42, 2016, p. 217-218 (Odile Richard-Pauchet)

 

Référence

Ségur, Joseph-Alexandre, vicomte de, la Femme jalouse, édition présentée et commentée par Flora Amann et Benoît Melançon, Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 245 p. ISBN : 978-2-923792-63-7.

 

Illustration de la couverture

Charles Ange Boily, «Funeste effet de la jalousie», gravure, deuxième moitié du XVIIIe siècle / début du XIXe siècle, 180 mm par 114 mm, Rijksmuseum, Amsterdam

Du fanatisme

Charlie hebdo et les religions

 

[Un article reprend et prolonge cette entrée de blogue : Melançon, Benoît, «Voltaire, Paris, 2015», dans Stéphanie Géhanne-Gavoty et Alain Sandrier (édit.), les Neveux de Voltaire, à André Magnan, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, coll. «Publications de la Société Voltaire», 4, 2017, p. 137-146; repris, sous le titre «Voltaire et Charlie hebdo (I)», dans Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, p. 110-124. https://doi.org/1866/28761]

 

«Mieux vaut un discours mal argumenté que le silence,
mieux vaut un propos discutable que la peur.»
Marcello Vitali-Rosati

Douze personnes tuées, plusieurs blessés : le fanatisme a frappé Charlie hebdo. Les mots manquent devant un pareil carnage. Que dire ?

On peut au moins noter qu’un des pourfendeurs les plus célèbres du fanatisme est beaucoup évoqué depuis hier : Voltaire.

On rappelle sa volonté d’«Écraser l’infâme» :

 

«Écrasé par l’infâme», le Devoir, 8 janvier 2015

On cite à l’envi une de ses phrases apocryphes («Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire»).

Pour la BBC, Tom Holland rappelle les origines de la liberté d’expression et le rôle qu’y a joué Voltaire. Il cite notamment le titre d’un livre de 2008 de Philippe Val, l’ancien directeur de Charlie hebdo : Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous (Paris, Grasset). Il indique clairement sa position : «When it comes to defining l’infâme, I for one have no doubt whose side I am on.»

L’attitude ferme de Holland contraste avec une déclaration de Tony Barber, le rédacteur en chef Europe du Financial Times : «La France est le pays de Voltaire mais trop souvent l’irresponsabilité éditoriale a prévalu chez Charlie hebdo». (Ce texte a été modifié depuis sa publication initiale.)

Les classiques sont là pour nous aider à penser, même l’horreur.

 

[Complément du jour]

À la télévision, Jeannette Bougrab, la compagne de Stéphane Charbonnier, dit Charb, le directeur de Charlie hebdo, a salué sa défense de l’«esprit voltairien».

 

[Complément du 9 janvier 2015]

Sur Twitter et à la Twitter, James O’Malley (@Psythor) a trouvé une brillante façon de réécrire (le faux) Voltaire.

https://twitter.com/Psythor/status/553162000793350144

 

[Complément du 10 janvier 2015]

Voltaire sur les murs de Paris. (Merci à @Didi__1713.)

Affiche de Voltaire pour Charlie hebdo

 

[Complément du 11 janvier 2015]

Illustration du Bulletin de la Société Voltaire, 35, 11 janvier 2015

Fondée en 2000, la Société Voltaire a pour objectifs «de susciter, favoriser, et coordonner toutes études, recherches, publications et manifestations savantes relatives à Voltaire, à sa personne, à sa vie et à son œuvre, à sa pensée, à son influence et à tous autres aspects attachés à son nom».

La trente-cinquième livraison de son Bulletin (11 janvier 2015) revient sur ce qui s’est passé à Charlie hebdo.

Intervention d’Alain Sager

Parvis de la mairie de Nogent-sur-Oise le 10 janvier 2015

J’interviens devant vous en tant que membre de la Société Voltaire. Car en ce moment la voix de Voltaire mérite amplement qu’on l’écoute. Jugez-en.

«On entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie de l’esprit qui se gagne comme la petite vérole. Les livres la communiquent beaucoup moins que les assemblées et les discours […]. Un homme ardent et d’une imagination forte parle à des imaginations faibles, ses yeux sont en feu, et ce feu se communique […]. Il crie : Dieu vous regarde, sacrifiez ce qui n’est qu’humain.»

Voilà bien le comble de l’inhumanité.

Nous sommes en 1771. Voltaire évoquait les fanatiques de son temps en ces termes, avant d’ajouter : «ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne». Remarquons bien chez lui cette distinction entre fanatisme et religion. Il précise : «si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre». On sait que pour Voltaire, la seule religion «sainte», c’est celle qui unit naturellement les hommes dans un sentiment de bienveillance réciproque.

Voilà une leçon pour l’époque que nous traversons. La frontière ne passe pas aujourd’hui entre le religieux et l’athée, entre le chrétien ou le non-chrétien, le musulman et le non-musulman, entre le juif ou le non-juif. Elle passe entre la barbarie et la civilisation.

Le barbare, c’est celui que Voltaire appelle encore le «bœuf-tigre», un mélange de stupidité bornée et de férocité sanguinaire. Le civilisé c’est celui qui incarne à la fois un idéal de savoir et de douceur, d’esprit critique et de tolérance. Il représente le combat d’aujourd’hui contre tous les obscurantismes, d’où qu’ils viennent, y compris de ceux qui propagent la haine, en délirant sur le «suicide français» ou un fantasme de «soumission». Ce n’est pas ainsi qu’on pourra reconquérir cette partie de notre jeunesse soumise aux influences intégristes porteuses de mort.

Cela étant, «que répondre à un homme», demandait Voltaire, «qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?».

Plantu, le dessinateur du Monde est voltairien quand il répond : «il ne faut pas baisser le crayon», de même que Voltaire n’a jamais baissé la plume. La civilisation contre la barbarie, c’est la liberté d’écrire et de dessiner contre toutes les répressions et tous les interdits. C’est le droit de la satire irrévérencieuse et libertaire contre tous les pisse-froid dogmatiques et violents. Voltaire encore, en 1769 : «l’orthodoxie n’a jamais été prouvée que par des bourreaux» — l’orthodoxie, c’est-à-dire l’opinion rigide, enfermée entre des œillères, et qui s’impose par le massacre.

Malheureusement les massacreurs sont passés. Mais, comme l’a dit Coco, la dessinatrice rescapée de Charlie hebdo, «il ne faut pas céder». Il ne faut pas céder sur la liberté de conscience et de parole, sur la propagation des Lumières, sur la dignité et l’émancipation des femmes. Sur la liberté pour chacun de croire et de pratiquer sa foi, ou de ne pas croire et de critiquer ouvertement les religions ou les croyances. C’est-à-dire ne pas céder sur tous les principes de civilisation, et donc de tolérance mutuelle, qui nous tiennent si chèrement au cœur et à la raison.

Merci les Charlie !

 

[Complément du 11 janvier 2015]

Rendons à Evelyn Beatrice Hall ce qui est à Evelyn Beatrice Hall.

 

[Complément du 11 janvier 2015]

«Et les dix-huitiémistes allèrent manifester #lumières #Rousseau #Voltaire #GaminsDeParis» (@Didi__1713).

Voltaire, Rousseau et Charlie hebdo

 

[Complément du 12 janvier 2015]

Avec son ironie habituelle, @AcademicsSay a vu quel bénéfice tirer de la (fausse) citation de Voltaire.

 

[Complément du 12 janvier 2015]

Dans le Devoir (Montréal) du jour, Stéphane Baillargeon signe un texte intitulé «Confessions aux cons» (p. B8). On y lit ceci :

Personnellement, j’ai toujours été déchiré idéologiquement entre deux positions analytiques, disons entre Voltaire et Weber.

D’un côté, il y a cette idée impétueuse et effrénée d’écraser l’infâme. Le projet des Lumières propose de juger les croyances au tribunal de la raison. La maxime favorite de Marx proclame : doute de tout.

Dans le Temps (Genève) du 9 janvier, l’ami Michel Porret publiait «L’assassinat d’un intellectuel collectif» (p. 7).

Au cœur de Paris, l’exécution de journalistes à l’arme de guerre est le «11 septembre de la pensée libre». Des voyous obscurantistes attaquent manu militari la vie intellectuelle et le rire salvateur. On y voit la haine morbide voulant «venger la divinité», comme le déplorait Montesquieu au temps des Lumières. On y lit le triomphe (momentané) de l’infâme, selon son contemporain Voltaire.

 

[Complément du 12 janvier 2015]

Susan Dalton (Département d’histoire, Université de Montréal) a créé La Révolution est terminée ? sur Spotify : «Un aperçu des renvois aux Lumières et à la Révolution française sur Twitter et dans les médias suite aux attentats à Paris.» Il y est parfois question de Voltaire. C’est ici.

Dans le Devoir du jour, il n’y a pas que Stéphane Baillargeon à évoquer Voltaire. Cela se trouve aussi sous la plume de François Brousseau («De République à Nation», p. B1) :

Entre République et Nation, un peuple meurtri a défilé pour clamer l’unité de la seconde dans la défense de la première. Pour dire au monde entier — et en présence du monde entier — sa détermination à «écraser l’Infâme».

(Pour mémoire, ce mot célèbre de Voltaire visait explicitement, et dans l’ordre : l’intolérance, la censure, la superstition, le fanatisme — avec son pendant, la violence politique —, sans oublier la torture. Voilà qui, à trois siècles de distance, reste criant d’actualité…)

Brousseau cite l’éditorial de Laurent Joffrin dans Libération du 11 janvier : «Contre la violence, contre l’obscurantisme, contre la division des communautés, le pays de Voltaire et de Cabu s’est soulevé dans un immense élan civique.»

 

[Complément du 12 janvier 2015]

Deux tweets du compte officiel du château de Versailles.

 

[Complément du 13 janvier 2015]

Sur sa page Facebook, le 11 janvier, l’humoriste français Dieudonné a écrit ceci : «Je me sens Charlie Coulibaly», mêlant le nom des victimes (Charlie hebdo) et celui d’un terroriste (Amedy Coulibaly).

Dans la Presse+ du jour, le journaliste Marc Cassivi commente ce geste :

Il récupère à son compte un traumatisme national de la plus abjecte des façons, en espérant s’allier les défenseurs de la liberté d’expression, afin de faire sa propre promotion. On a beau être voltairien, il y a des limites à l’opportunisme.

 

[Complément du 13 janvier 2015]

Déjà en avril 2011, Rue89 titrait «Arrêtez avec le “je me battrai pour vous” de Voltaire !»

 

[Complément du 14 janvier 2015]

Il y a les optimistes (sur Twitter).

 

Il y a les pessimistes (dont Plantu, dans le Monde du 12 janvier). (Merci à Francis Gingras pour l’illustration.)

Plantu, le Monde, 12 janvier 2015

 

 

[Complément du 15 janvier 2015]

Selon le Figaro du 13 janvier, dans un texte intitulé «Voltaire, je crie ton nom», les optimistes auraient raison. (Merci à @glennhroe pour le lien.)

 

[Complément du 16 janvier 2015]

Laurent Joffrin, on l’a vu, parlait du «pays de Voltaire et de Cabu». Aux funérailles du dessinateur Bernard Verlhac, dit Tignous, Christine Taubira, la ministre de la Justice de la France, a parlé du «pays de Voltaire et de l’irrévérence» (le Nouvel Observateur, 15 janvier).

La Voltaire Foundation (Oxford) a publié sur son blogue deux textes sur Voltaire et ce qui s’est passé à Charlie hebdo, l’un de Nicholas Cronk (le 12 janvier), l’autre de John Fletcher (le 16 janvier).

La Mercerie Roger, elle, lance un t-shirt parfaitement voltairien.

T-shirt voltairien. T-shirt lancé par la Mercerie Roger en janvier 2015

 

[Complément du 28 mai 2015]

En kiosque, quelques semaines plus tard (numéro 553, mars 2015).

Magazine littéraire, 553, mars 2015, couverture

 

 

[Complément du 11 août 2015]

Le temps est venu de faire le point sur ce qu’a été le rôle des Lumières dans l’interprétation de ce qui s’est passé à Paris au début de 2015, et plus particulièrement sur celui de Voltaire. En octobre prochain, l’Oreille tendue présentera à Vancouver une communication sur ce sujet dans le cadre du congrès annuel de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle. Pour sa part, la société des dix-huitiémistes états-uniens, l’American Society for Eighteenth-Century Studies, a inscrit au programme de son congrès de 2016 à Pittsburgh une séance consacrée à «Tolerance, Free Speech, and Civility from Voltaire to Charlie Hebdo», sous la direction de Dena Goodman.

 

[Complément du 4 janvier 2016]

L’Oreille tendue a écrit un texte sur la représentation de Voltaire après les événements de janvier 2015 :

Melançon, Benoît, «Voltaire, Paris, 2015», dans Stéphanie Gehanne-Gavoty et Alain Sandrier (édit.), Mélanges André Magnan, manuscrit de 31 pages, à paraître en 2016.

 

[Complément du 6 janvier 2016]

En mars 2015, quelques semaines après les événements, la Société française d’étude du dix-huitième siècle publiait ceci :

Tolérance. Le combat des Lumières, Paris, Société française d’étude du dix-huitième siècle, 2015, 95 p. Préface de Catriona Seth.

Ce florilège est désormais disponible gratuitement en ligne : https://www.openbookpublishers.com/shopimages/resources/Tolerance-Original-French.pdf.

À la veille de leur premier anniversaire paraît la traduction anglaise de l’ouvrage :

Tolerance : The Beacon of the Enlightenment, traduction anglaise sous la direction de Caroline Warman, Cambridge, Open Book Publishers, coll. «Open Book Classics Series», 3, 2016, viii/136 p. http://www.openbookpublishers.com/product/418

 

[Complément du 10 janvier 2015]

Il y a un an, on manifestait à Paris.

Jean-François Vilar (1947-2014)

Portrait de Jean-François Vilar par Sophie Bassouls, 1989
Portrait de Jean-François Vilar par Sophie Bassouls, 1989

Le romancier Jean-François Vilar est mort le 16 novembre; la nouvelle a été rendue publique hier.

L’Oreille tendue a pas mal écrit sur son œuvre, qu’elle admire. Ici, voir, par exemple :

un éloge de Bastille tango (1986);

un commentaire bref du même roman;

un zeugme tiré de C’est toujours les autres qui meurent (1982).

On lui rend hommage sur le Web.

Sur le blogue 813 (qui, le premier, a annoncé la nouvelle de sa mort)

Sur Passage Jean-François Vilar

À Télérama

Sur le blogue Quelques nuances de noir (le Monde)

Chez Edwy Plenel

Sur le site 20 minutes

À Libération

Chez Pierre Maury

À Livres hebdo

Sur le blogue Je crois qu’un jour

Sur le site Jeune cinéma

Sur le site ActuaLitté

Sur le site de la revue les Libraires

Sur le blogue des lecteurs de la Bibliothèque nationale de France

Chez remue.net

Les Éditions du Seuil venaient de rééditer son dernier roman, Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués (1993).

Enfin, voici trois comptes rendus, par l’Oreille, de romans de Vilar :

Passage des singes (Spirale, 47, novembre 1984, p. 10);

Djemila (Spirale, 85, février 1989, p. 15);

les Exagérés (Spirale, 89, été 1989, p. 14).

 

[Complément du 29 janvier 2022]

L’Oreille a repris son texte sur les Exagérés dans le livre qu’elle a fait paraître au début de 2020, Nos Lumières.

 

Référence

Melançon, Benoît, Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 194 p.