Épistolarité télévisuelle

La série télévisée Mad Men n’est pas que l’occasion de citer Voltaire ou de mettre un sacre québécois dans la bouche d’un personnage féminin. On y réfléchit aussi au statut de la communication, et notamment de la communication épistolaire, dans les années 1960.

Dans le neuvième épisode de la troisième saison, «Wee Small Hours», Betty Draper noue une liaison, qui ne sera pas qu’épistolaire, avec Henry Francis. Comment communiquent-ils ? Par lettre, Betty, sur son papier le plus officiel, et de sa plus belle main, demandant à Henry «Il y a quelqu’un d’autre qui lit votre courrier ?». Il lui répondra par une invite : «À partir de maintenant, moi seul.»

L’épisode suivant, «The Color Blue», porte sur la campagne publicitaire commandée à la firme Sterling Cooper par Western Union, le géant de la télégraphie. Les créatifs se demandent comment distinguer le télégramme du téléphone. De leurs échanges naîtra cette petite phrase : «You can’t frame a phone call» (Vous ne pouvez pas encadrer un coup de fil). Un télégramme, si, ou une lettre.

L’épistologue qui ne sommeille jamais en l’Oreille tendue ne peut que se réjouir de pareille attention apportée à la matérialité de la lettre.

Autopromotion 027

Ce matin, entre 9 h et 10 h, l’Oreille tendue sera au micro de Franco Nuovo (Dessine-moi un dimanche), à la radio de Radio-Canada, pour parler des encyclopédies à l’ère du numérique

Elle s’appuiera (peut-être) sur les sources suivantes :

Baker, Nicholson, «The Charms of Wikipedia», The New York Review of Books, 55, 4, 20 mars 2008, p. 6-10.

Bibliomancienne, «Wikipédia comme projet pédagogique décliné à l’infini», blogue, 18 août 2011.

Carmody, Tim, «Wikipedia Didn’t Kill Britannica. Windows Did», Wired, 14 mars 2012.

Cronon, William, «From the President. Scholarly Authority in a Wikified World», dans American Historical Association, Perspectives on History, février 2012.

Melançon, Benoît, «Sommes-nous les premiers lecteurs de l’Encyclopédie ?», dans Jean-Michel Salaün et Christian Vandendorpe (édit.), les Défis de la publication sur le Web : hyperlectures, cybertextes et méta-éditions, Lyon, Presses de l’ENSSIB (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques), coll. «Référence», 2004, p. 145-165 et p. 285.

Melançon, Benoît, «Journal d’un (modeste) Wikipédien», dans Rainier Grutman et Christian Milat (édit.), Lecture, rêve, hypertexte. Liber amicorum Christian Vandendorpe, Ottawa, Éditions David, coll. «Voix savantes», 32, 2009, p. 225-239. https://doi.org/1866/11380

Place de la toile, France Culture, émission du 3 mars 2012 : «Les langues de l’internet».

Rosenzweig, Roy, «Can History be Open Source ? Wikipedia and the Future of the Past», The Journal of American History, 93, 1, juin 2006, p. 117-146. https://web.archive.org/web/20220120045343/https://chnm.gmu.edu/essays-on-history-new-media/essays/?essayid=42

Vandendorpe, Christian, «Le phénomène Wikipédia : une utopie en marche», le Débat, 148, janvier-février 2008, p. 17-30. https://doi.org/10.3917/deba.148.0017

«Will Wikipedia Mean the End Of Traditional Encyclopedias ?», The Wall Street Journal, 12 septembre 2006. Débat, par courriel, entre Jimmy Wales (Wikipédia) et Dale Hoiberg (Encyclopædia Britannica).

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

Manifestation culturelle

Le gouvernement du Québec veut augmenter les droits de scolarité dans les universités. Tout le monde n’est pas d’accord.

C’est notamment le cas d’étudiants qui sont allés manifester devant le parlement de Québec le 2 mars.

Qui dit manifestation dit pancartes. Qui dit université dit — devrait dire — culture. Ce jour-là, on a fait se rejoindre les deux.

Voici trois jeux de mots repérés par des journalistes de la Presse, les deux premiers dans l’édition papier du journal (3 mars 2012, cahier Sports, p. 5), le troisième sur Twitter : «Ça Baudelaire qu’on est contre l’augmentation des frais de scolarité»; «Y Perec qu’on n’est pas d’accord»; «Kant t’es tanné des choix du gouvernement».

Difficile de s’étonner après cela de voir un dentiste appeler son cabinet Al Denté.

 

[Complément du 4 mars 2012 ]

Une des antennes américaines de l’Oreille tendue se demande s’il ne faudrait pas, dès lors, parler de «Grevisstes» ?

 

Autopromotion 024

Simone de Beauvoir, Faut-il brûler Sade ?, éd. de 2011, couverture

En ce dimanche matin, au lieu d’aller à la messe, l’Oreille tendue ira parler du marquis de Sade, lu par Simone de Beauvoir, à la radio.

C’est chez Franco Nuovo, à l’émission Dessine-moi un dimanche, à la radio de Radio-Canada, entre 9 h et 10 h.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

 

Référence

De Beauvoir, Simone, Faut-il brûler Sade ?, Paris, Gallimard, 2011, 300 p. Édition originale : 1955.