Portrait pénitent du jour

 Jean Echenoz, le Méridien de Greenwich, 1979, couverture

«Il regardait Pradon avec une expression de confesseur donnant la pénitence. Il avait un visage sévère et onctueux à la fois, décoré de lunettes sans montures, et qui s’accordait mal à son thorax; il semblait le résultat fortuit d’une erreur d’assemblage, comme si l’on avait monté par distraction une tête de prêtre sur un corps de lutteur.»

Jean Echenoz, le Méridien de Greenwich. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1979, 255 p., p. 109.

Portrait louche du jour

 Jean Echenoz, Lac, 1989, couverture

«Le soir venu, après le dîner, [Chopin] fit la connaissance du docteur Belsunce, homme strabique et vif qui avait au bar sa bouteille à son nom. Son ample costume bleu pétrole et son nœud papillon marine qui pendait également semblaient avoir été volés dans les vestiaires d’orchestres de danse concurrents, et le ruban vert à sa boutonnière ne commémorait rien de connu de Chopin. Derrière ses lunettes à monture épaisse, seul son œil droit très aiguisé, sévère ou farce selon les cas, restait posé sur vous pendant que le gauche allait s’asseoir ailleurs, empreint d’une expression de patience candide, confiante, absente, comme une épouse distraite qui n’écouterait jamais ce que le docteur disait.»

Jean Echenoz, Lac. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1989, 188 p., p. 117.

Portrait en vert et en anglais

 Michael Connelly, The Fifth Witness, 2011, couverture

«It was the first time I saw Opparizio in person. He was a block of a man who somehow appeared as wide as he was tall. The skin on his face had been stretched tight by the scalpel or by years of anger. By the cut of his hair and of his suit, he looked like money

Michael Connelly, The Fifth Witness. A Lincoln Lawyer Novel, New York, Little, Brown and Company, 2011. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Score parfait pour l’Oreille tendue

BibliObs, le site du Nouvel Observateur, publiait récemment un billet intitulé «Les 8 astuces pour réussir une mauvaise photo d’écrivain».

Sans fausse modestie, l’Oreille tendue est heureuse de dire que, sur ce plan, elle a un score parfait.

Démonstration.

1. «Le regard perçant de l’écrivain»

Libération, 15 janvier 1999

2. «L’œil rêveur»

Médium large, 30 octobre 2012

3. «Le sourire» (en l’occurrence, le «demi-sourire crispé»)

Forum, 18 avril 2005

4. «La tête penchée»

Forum, 7 février 2005

5. «L’écrivain présentoir»

Forum, 10 octobre 2006

6. «Le plan bibliothèque»

1996

7. «Le plan arbre»

Forum, 27 janvier 2011

8. «Le plan sofa» (ici : le plan fauteuil)

2012

Ne félicitez pas l’Oreille. Cela pourrait lui monter à la tête.