Autopromotion 064

Centre Flaubert (Rouen)

L’Oreille tendue s’intéresse depuis plusieurs années à l’épistolarité. Voilà pourquoi elle a lu, pour le Centre Flaubert de l’Université de Rouen, le livre Flaubert en toutes lettres. L’écriture épistolaire dans la correspondance et dans l’œuvre d’Amélie Schweiger. Son compte rendu est ici.

 

Référence

Schweiger, Amélie, Flaubert en toutes lettres. L’écriture épistolaire dans la correspondance et dans l’œuvre, Rouen, Publications des universités de Rouen et du Havre, coll. «Flaubert», 2012, 140 p.

Amélie Schweiger, Flaubert en toutes lettres, 2012, couverture

L’Oreille tendue inc.

la Presse+, 25 avril 2013

Quiconque fréquente la presse québécoise sait que l’expression «Québec inc.» y est sans cesse employée. Elle désignerait l’entrepreneuriat autochtone. Les exemples ne manquent pas.

«Saga au cœur de Québec Inc.» (la Presse, 10 octobre 2006, cahier Affaires, p. 1).

«Québec extrême inc.» (la Presse, 10 mars 2007, cahier Plus, p. 1-2).

«Lève-toi, Québec inc. !» (la Presse, 11 avril 2011, p. A20).

«What does Quebec inc. want ?» (la Presse, 16 avril 2011, cahier Affaires, p. 1).

Le «inc.» paraît cependant prendre de l’expansion. Exemples glanés au cours des derniers jours.

«Le nouveau Montréal inc.» (la Presse, 20 avril 2013, cahier Affaires, p. 1).

«Wall Street rassurée par les résultats d’America Inc.» (la Presse, 20 avril 2013, cahier Affaires, p. 8).

«Onde de choc dans les échelons supérieurs de Canada inc. !» (la Presse+, 25 avril 2013).

«Manucure inc.» (la Presse+, 25 avril 2013).

À l’heure de l’incorporation (inc. = incorporée) à tous crins, l’Oreille tendue ne voudrait pas traîner de la patte. Dorénavant, elle s’appellera l’Oreille tendue inc. Merci d’en prendre note.

 

[Complément du 6 mai 2013]

«France inc. débarque à Montréal», titre aujourd’hui la Presse (cahier Affaires, p. 1).

 

[Complément du 17 mars 2017]

Où en sommes-nous ?

L’abréviation a connu une extension géographique.

«Comment le Japon Inc. est tombé en disgrâce» (le Devoir, 15 mars 2017, p. B1).

«China inc.» (la Presse+, 23 mai 2016).

«Planète économique. L’appétit insatiable de China inc.» (la Presse+, 8 février 2016).

Une extension proprement québécoise.

«Vers un cégep inc.» (la Presse+, 23-24 juillet 2016).

«Pure laine inc.» (la Presse+, 5 mars 2016).

Une extension sportive.

Bagarreurs inc., film de Sophie Lambert, 2013, sur les bagarreurs au hockey.

Une extension littéraire.

«Big Brother Inc.» (le Devoir, 25 juin 2013, p. B2).

Une extension bancaire.

generationinc.com

42

Brian Helgeland, 42 (2013)

Le 15 avril de chaque année, on célèbre le «Jackie Robinson Day», histoire d’honorer la mémoire du premier joueur noir du baseball «moderne».

Cette année, pour l’occasion, l’organisation des ligues majeures de baseball (Major League Baseball) a fait paraître le livre numérique «augmenté» ou «enrichi» — texte, photos, vidéos, liens — de Lyle Spencer, Fortitude. The Exemplary Life of Jackie Robinson (2013), conçu spécifiquement pour le iPad. (L’Oreille tendue a en rendu compte ici.)

Au même moment était lancé le film biographique 42 de Brian Helgeland.

Presque tout ce qui fait un film à thèse y est. Les personnages parlent par maximes et phrases ronflantes. Dès qu’ils ont quelque chose de grave à dire, la musique devient sirupeuse. Le jeu des acteurs est digne d’un téléfilm : aucune mimique lourdement expressive n’est épargnée. Il y a des ralentis pour marquer les temps forts. Tout concorde à livrer une morale claire : Jackie Robinson a changé la culture du baseball et, dans le même temps, la société états-unienne. Il ne manque que la guérison miraculeuse d’un jeune handicapé dans le vestiaire de l’équipe dirigée par son père pour que tout y soit.

Qu’on ne s’y trompe cependant pas : ce film, dès qu’on a mis de côté toute considération esthétique, est d’une efficacité redoutable. L’Oreille ne cachera pas avoir eu le motton à répétition en le regardant. Il est vrai que Jackie Robinson est son héros.

Avant d’être le numéro 42 des Dodgers de Brooklyn, Robinson a passé la saison 1946 dans l’uniforme des Royaux de Montréal. Comme un autre sportif célèbre de son époque, Maurice Richard, il portait alors le numéro 9. Comment la ville apparaît-elle dans le film ?

Son nom est prononcé à quelques reprises par Branch Rickey, l’homme qui a recruté Robinson. On voit celui-ci dans l’uniforme des Royaux en Floride (pendant le camp d’entraînement de l’équipe) et à Jersey City (pour sa première présence au bâton durant son premier match). C’est à peu près tout.

Est-ce trop peu, comme certains l’ont écrit ? Dans une perspective strictement biographique, oui : l’année passé par Robinson à Montréal a permis aux Dodgers de Brooklyn de préparer son passage vers le baseball majeur, et de le préparer, lui. Dans une perspective dramatique, non : Robinson et sa femme, Rachel, ont toujours vanté la tolérance des Montréalais à leur égard; dans un film qui veut dénoncer le racisme aux États-Unis dans la première moitié du XXe siècle, ce serait rappeler que certaines sociétés, à la même l’époque, l’étaient moins.

Les habitants de Montréal aiment se souvenir du passage de Robinson à Montréal. Une plaque officielle a été fixée à la maison qu’il a habitée en 1946, au 8232, avenue De Gaspé. Une statue à son effigie a d’abord été installée angle Ontario et de Lorimier, là où jouaient les Royaux; on y trouve toujours une plaque, mais la statue a été déménagée au stade du Parc olympique. Les romanciers Morley Callaghan (The Loved and the Lost, 1951), Mordecai Richler (St. Urbain’s Horseman, 1966), Jean-François Chassay (Laisse, 2007) et Renald Bérubé (les Caprices du sport, 2010) évoquent le souvenir de Robinson. Jack Jedwab a même consacré un court ouvrage à sa saison de 1946, dans les deux langues officielles : Jackie Robinson’s Unforgettable Season of Baseball in Montreal (1996); Jackie Robinson : une inoubliable saison de baseball à Montréal (1997).

On peut comprendre cette fierté rétrospective, mais, de toute évidence, ce n’est pas aux Montréalais que le film 42 est destiné. D’ailleurs, aucune version française n’en est encore disponible.

P.-S. — 42 n’est pas le premier film sur Jackie Robinson. Dès 1950, alors qu’il était encore joueur actif, on le voit jouer son propre rôle dans The Jackie Robinson Story (le film est visible en ligne). Richard Brody, dans le magazine The New Yorker, propose une comparaison très fine des films de Brian Helgeland et d’Alfred E. Green.

P.-P.-S. — Avec Montréal, Robinson aurait aussi porté les numéros 4 et 11.

 

Références

Bérubé, Renald, les Caprices du sport. Roman fragmenté, Montréal, Lévesque éditeur, coll. «Réverbération», 2010, 159 p.

Callaghan, Morley, The Loved and the Lost, Toronto, Macmillan of Canada, coll. «Laurentian Library», 9, 1977, 257 p. Édition originale : 1951.

Chassay, Jean-François, Laisse. Une fantaisie pleine de chiens, de bruits et de fureurs. Roman, Montréal, Boréal, 2007, 187 p.

Jedwab, Jack, Jackie Robinson’s Unforgettable Season of Baseball in Montreal, Montréal, Images, 1996, 56 p. Ill.

Jedwab, Jack, Jackie Robinson : une inoubliable saison de baseball à Montréal, Montréal, Images, 1997, 64 p. Ill.

Richler, Mordecai, St. Urbain’s Horseman, New York, Alfred A. Knopf, Inc. / A Bantam Book, 1972, 436 p. Ill. Édition originale : 1966.

Spencer, Lyle, Fortitude. The Exemplary Life of Jackie Robinson, New York, MLB.com Play Ball Books, et Ecco. An Imprint of HarperCollins Publishers, 2013 (deuxième édition). Préface de Kareem Abdul-Jabbar. Édition pour iPad.

Jackie Robinson, Royaux de Montréal, 1946

La beauté est (aussi) dans les détails

Sophie Létourneau, Chanson française, 2013

Ceci, tiré de Chanson française (2013) de Sophie Létourneau : «Maité aimait la fête et le vin bu» (p. 21). Pas «le vin» : «le vin bu». Deux lettres de plus, un tout autre sens, avec sa projection dans l’après.

P.-S. — Dans Polaroïds, de la même auteure, l’Oreille tendue avait trouvé une phrase parfaite. Elle est ici.

 

Références

Létourneau, Sophie, Chanson française. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 70, 2013, 178 p.

Létourneau, Sophie, Polaroïds. Récits, Montréal, Québec Amérique, coll. «Littérature d’Amérique», 2006, 166 p.

Autopromotion 063

Colloque, CRIST, UQAM, 25-26 avril 2013

Demain et vendredi, le Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes (CRIST) organise son colloque annuel, «C’est grave, docteur ? Médecins et médecines imaginaires.» Le programme est ici.

L’Oreille tendue présidera la séance inaugurale, «Des médecins dans la cité (vagabondages thérapeutiques)». Il y sera notamment question d’Ancien Régime.