La différence du même

Il y a jadis naguère, l’Oreille tendue disait un mot du rapport au temps d’une chic école privée de son quartier (c’est ici).

Ces jours-ci, cette Académie centennale / Centennial Academy organise des Portes ouvertes. Sa publicité ?

Académie centennale / Centennial Academy, bannière publicitaire, 2011

Rendre «Great teaching matters» par «l’enseignement à son meilleur» ? Oui.

Rendre «Great minds think differently» par «Les grands esprits se rencontrent» ? Le promeneur s’y attend moins. En français, on se rapproche; en anglais, on s’éloigne.

Paradoxes d’une ville bilingue, quoi qu’on en dise : Montréal.

Prière de ne pas déranger

La descendance de l’Oreille tendue est encore, et pour longtemps, sur les bancs d’école. Ladite Oreille ne risque pas manquer de grain à moudre.

Exemple récent.

Le mot «dérangeur»

Le «dérangeur» menacerait donc le «vivre ensemble». La «dérangeure» aussi. Ça ne s’invente pas, et pourtant quelqu’un l’a inventé.

L’école n’est pas finie

Le fils cadet de l’Oreille tendue est encore tout au début de son parcours scolaire. Il aspire pourtant à mieux que ce qu’on lui enseigne. L’autre jour, il s’est mis, tout seul, en plein été, à faire des additions, et complexes. Autodéfinition de cette activité ? Des «mathématiques extrêmes».

Si petit, et déjà touché par ce grand mal.

Chroniques du bilinguisme hexagonal 003

De passage à Lutèce en décembre dernier, l’Oreille tendue avait été sensible à une publicité invitant les usagers du métro à apprendre le «Wall Street English».

La publicité est toujours là en mars, mais avec une nouvelle photo : une femme tire la langue; sur celle-ci, on a peint un drapeau. Le Stars and Stripes, Wall Street oblige ? Non : l’Union Jack.

Il y a des leçons de géographie qui se perdent.

 

[Complément du 22 février 2012]

Hier, François Bon, sur tierslivre.net, écrivait ceci : «je viens de remarquer, centre-ville, en suivant un bus, que sur les publicités “Wall Street english”, le drapeau anglais avait été supprimé… l’oreille tendue a donc eu gain de cause !» L’Oreille va finir par se croire puissante (surtout après ceci). Elle compte sur ses lecteurs pour la rappeler à son obligation de modestie.

 

[Complément du 19 juin 2012]

La correction n’a pas touché Genève, du moins en juin 2012. Le pouvoir de l’Oreille paraît localisé.

Publicité pour une école de langue, Genève

De l’éditorial

Il y a toutes sortes de raisons pour lire les pages éditoriales des quotidiens.

On peut y consacrer du temps pour se conforter dans son opinion : notre journal pense comme nous. Les indépendantistes ont plus de chances de trouver chaussure à leur pied au Devoir que dans The Gazette.

On peut y passer périodiquement pour se souvenir de détester ceux qui ne sont pas de notre camp. Beaucoup des mêmes indépendantistes aiment ainsi se faire du mal et lire les textes d’André Pratte dans la Presse.

Quoi qu’il en soit des motivations des uns et des autres, ils s’attendent généralement à trouver une position par éditorial. N’est-ce pas le but de l’exercice ?

Mario Roy, de la Presse, ne semble pas entendre tout à fait les choses ainsi. Réagissant à la récente proposition du premier ministre québécois Jean Charest de réintroduire le vouvoiement dans les écoles de la province, il commence par se moquer de la proposition : «Le vouvoiement à l’école ? Et pourquoi pas le retour de la strappe, du petit catéchisme et du char à bœufs ? On se trompe vraiment d’époque» (5 mars 2011, p. A32). Suit un développement (vasouillard) sur le système scolaire québécois, les concours d’insultes dans la communauté hip-hop, l’absence de politesse sur le Web et dans «la vraie vie». Cela se termine… par un éloge du vouvoiement ! «À sa modeste mesure, le vouvoiement a souvent le mérite de mettre une goutte d’huile dans la mécanique sociale.»

Faudrait se décider, non ?