Janotismes du jour

Dorvigny, Les battus paient l’amende. Proverbe-comédie-parade ou ce l’on voudra, 1779, page de titre

Définition du janotisme selon le Petit Robert : «VIEILLI Construction maladroite de la phrase donnant lieu à des équivoques (ex. c’est la voiture de ma grand-mère qui est morte)» (édition numérique de 2018).

L’étymologie est précise — «1779 • de Janot, nom d’un personnage du théâtre comique de la fin du XVIIIe» — et juste.

Le personnage de Janot serait en effet apparu dans une courte pièce de Dorvigny, créée en 1779, Les battus paient l’amende. Proverbe-comédie-parade ou ce l’on voudra.

Deux exemples :

«J’ai été battre c’te vieille courtepointe que vous savez ben, avec la voisine, qui était toute pleine de poussière» (p. 975).

«Je vas chercher not’ soupé, qui est chez le pâtissier, au coin de la rue, à côté de ce parfumeur, cuit dans le four» (p. 978).

 

Référence

Dorvigny, Les battus paient l’amende. Proverbe-comédie-parade ou ce l’on voudra, dans Théâtre du XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 251, 1974, vol. II, p. 971-997 et p. 1509-1513. Textes choisis, établis, présentés et annotés par Jacques Truchet. Édition originale : 1779.

L’oreille tendue de… Albert Camus

Albert Camus, l’Exil et le royaume, 1957, couverture

«Réveillée, elle se dressa dans son lit et tendit l’oreille à un appel qui lui sembla tout proche. Mais, des extrémités de la nuit, les voix exténuées et infatigables des chiens de l’oasis lui parvinrent seules. Un faible vent s’était levé dont elle entendait couler les eaux légères dans la palmeraie. Il venait du sud, là où le désert et la nuit se mêlaient maintenant sous le ciel à nouveau fixe, là où la vie s’arrêtait, où plus personne ne vieillissait ni ne mourait. Puis les eaux du vent tarirent et elle ne fut même plus sûre d’avoir rien entendu, sinon un appel muet qu’après tout elle pouvait à volonté faire taire ou percevoir, mais dont plus jamais elle ne connaîtrait le sens, si elle n’y répondait à l’instant.»

Albert Camus, «La femme adultère», dans l’Exil et le royaume. Nouvelles, Paris, Gallimard, 1957. Édition numérique de 2012.

Accouplements 155

Mordecai Richler, Joshua Then and Now, éd. de 1993, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Quand un personnage masculin boit trop, il devrait faire attention aux vêtements qu’il emprunte.

Dimanche, Thierry, Cercles de feu. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 138, 2019, 438 p.

«J’avais mon maudit voyage. Un peu mal à la tête, en fin de compte. Je portais un soutien-gorge rouge. Simonac !» (p. 229)

Richler, Mordecai, Joshua Then and Now, Toronto, McClelland & Stewart, coll. «New Canadian Library», 1993, 375 p. Postface d’Eric Wright. Édition originale : 1980.

«Leaping up to see him to the door, Joshua didn’t realize that his loosely belted dressing gown had fallen open briefly, but one look at McMaster’s startled face was sufficient to remind him that having tumbled into bed drunk last night, he was still wearing that ridiculous pair of black satin panties with the delicate lace trim» (p. 17).

Autopromotion 516

L’ami Laurent Turcot a sa chaîne sur YouTube, L’histoire nous le dira.

En 2018, l’Oreille tendue y a causé de Voltaire et du Canada, puis de Maurice Richard — c’est du hockey. En 2019, il y a été question du Siècle des lumières, en l’occurrence de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, de son livre Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), de Jackie Robinson et d’Ella Fitzgerald. Cette année, il y a eu Marivaux, un célèbre tableau d’Anicet Charles Gabriel Lemonnier, puis le plus récent livre de l’Oreille, Nos Lumières (2020).

Aujourd’hui, hommage à André Belleau (1930-1986) :

P.-S.—L’Oreille a aussi sa chaîne vidéo. Elle est bien plus modeste.

 

Références

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Melançon, Benoît, Nos Lumières. Les classiques au jour le jour, Montréal, Del Busso éditeur, 2020, 194 p.