Deux amours

Scène du film les Fausses Confidences de Luc Bondy (2016)

Vendredi dernier, sur la chaîne L’histoire nous le dira de Laurent Turcot, l’Oreille tendue présentait son dramaturge préféré, Marivaux.

Par la suite, sur Twitter, Luc Jodoin a écrit ceci :

 

Intriguée, l’Oreille est allée voir le film de Luc Bondy (2016), inspiré de sa mise en scène de 2014 des Fausses Confidences, avec la collaboration de Geoffrey Layton au scénario.

Personne ne lui avait dit qu’à la fin du film on entend un extrait de «All Through the Night», dans l’interprétation d’Ella Fitzgerald (The Cole Porter Songbook, 1956, vol. 1).

Marivaux et Ella : l’Oreille ne se peut plus.

P.-S.—Le film ? Charmant dans l’ensemble. Décors magnifiques : le film a été tourné à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, sauf pour une scène aux Jardins du Luxembourg, qui sont tout à côté. Intrigue plus emberlificotée à l’écran que dans le souvenir de l’Oreille. Une délicieuse Marton, jouée par Manon Combes. Une coupe de cheveux bien étrange, celle d’Yves Jacques interprétant Dubois. Plus d’amour que d’argent.

L’oreille tendue de… Sébastien Bailly

Sébastien Bailly, «15 – Les mots-croisés», 19 avril 2020, illustration

«Il sera plus fort que l’oppression. Il s’échappera. Il écrit sur sa chemise, au feutre, l’adresse de cet hôtel des Marquises qui l’a toujours fait rêver. Se colle un timbre sur le front. Plus qu’à se jeter dans la première boîte aux lettres venue, fermer les yeux et quand il les rouvrira il y sera, forcément. S’il tend l’oreille, il devine le clapotis de l’eau contre la coque des voiliers. L’homme se demande s’il ne perd pas un peu les pédales en refermant le dictionnaire.»

Sébastien Bailly, «15 – Les mots-croisés», 19 avril 2020.

 

P.-S.—Dans quelques mois, l’Oreille tendue publiera une chronique sur les lettres humaines.

 

[Complément du 29 décembre 2025]

La chronique annoncée a paru :

Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires», Épistolaire. Revue de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 46, 2020, p. 203-205. [HTML] [PDF]

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L’ami Laurent Turcot a sa chaîne sur YouTube, L’histoire nous le dira.

En 2018, l’Oreille tendue y a causé de Voltaire et du Canada, puis de Maurice Richard — c’est du hockey. En 2019, il y a été question du Siècle des lumières, en l’occurrence de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, de son livre Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), de Jackie Robinson et d’Ella Fitzgerald.

Aujourd’hui : Marivaux.

 

P.-S.—L’Oreille a aussi sa chaîne vidéo. Elle est bien plus modeste.

 

Référence

Melançon, Benoît, Le niveau baisse ! (et autres idées reçues sur la langue), Montréal, Del Busso éditeur, 2015, 118 p. Ill.

Les zeugmes du dimanche matin et d’Albert Camus

Albert Camus, la Peste, édition de 1972, couverture

«Dans ces appartements surchauffés par la fièvre et l’angoisse, des scènes de folie se déroulaient» (p. 92).

«Tous descendent alors dans les rues, s’étourdissent à parler, se querellent ou se convoitent et sous le ciel rouge de juillet la ville, chargée de couples et de clameurs, dérive vers la nuit haletante» (p. 123).

«On ne savait si l’air était lourd de menaces ou de poussières et de brûlure» (p. 144).

«Voilà pourquoi le narrateur croit qu’il convient, à ce sommet de la chaleur et de la maladie, de décrire de façon générale et à titre d’exemple, les violences de nos concitoyens vivants, les enterrements des défunts et la souffrance des amants séparés» (p. 169).

«Pour eux tous, la vraie patrie se trouvait au-delà des murs de cette ville étouffée. Elle était dans ces broussailles odorantes sur les collines, dans la mer, les pays libres et le poids de l’amour» (p. 299).

Albert Camus, la Peste, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 42, 1972, 308 p. Édition originale : 1947.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 10 avril 2020.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Flaubert

Gustave Flaubert, Madame Bovary, éd. de 1966, couverture

«On envoya chercher Lestiboudois, et M. Canivet, ayant retroussé ses manches, passa dans la salle de billard, tandis que l’apothicaire restait avec Artémise et l’aubergiste, plus pâles toutes les deux que leur tablier, et l’oreille tendue contre la porte.»

Gustave Flaubert, Madame Bovary, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «GF», 86, 1966, 441 p., p. 212. Chronologie et préface par Jacques Suffel. Édition originale : 1857.