Former notre belle jeunesse

Les recrues des Canadiens de Montréal — c’est du hockey — ont commencé hier leur camp d’entraînement. L’Oreille tendue a pensé à elles en tombant sur cette photo des années 1920 dans l’ouvrage Howie Morenz. Hockey’s First Superstar de Dean Robinson (1982, p. 61).

Les joueurs des Canadiens s’entraînent en pleine nature dans les années 1920

Sur Twitter, on a quelquefois commenté la photo, le plus souvent avec humour. «Cette photo a également le mérite de prouver une fois pour toutes la théorie voulant que Stonehenge a été construit par des hockeyeurs du Néolithique», écrit Alex Benjamin. Mr. V. s’interroge : «Ils s’entraînaient à soulever la coupe ? Une tradition qui s’est perdue.» Sylvain Lemay va dans le même sens : «À l’époque où le soulèvement de la Coupe Stanley faisait partie du camp d’entraînement des Canadiens.»

Autres temps, autres mœurs, en effet.

P.S.—Pourquoi lire cet ouvrage ? Parce que.

 

Référence

Robinson, Dean, Howie Morenz. Hockey’s First Superstar, Erin, The Boston Mills Press, 1982, 165 p. Ill.

Denis Coderre et le lexique de l’imbibition

 

Denis Coderre à côté de la statue de Jean Drapeau, Montréal, 2 juin 2021Denis Coderre a déjà été maire de Montréal et il souhaite le redevenir. Dans le cadre de sa campagne électorale, il multiplie les déclarations, toutes plus réjouissantes les unes que les autres.

Nouvel exemple cet après-midi : s’il est élu, il voudrait interdire la consommation d’alcool après 20 h dans les parcs de la ville, histoire de «protéger les gens contre eux-mêmes».

Les réseaux sociaux se régalent depuis, en comparant l’aspirant omnimaire à des hommes politiques du passé, Pacifique Plante ou Jean Drapeau (celui de la statue ci-dessus). On a même évoqué la Ligue de tempérance.

C’est aussi vrai sur le plan du lexique. Que faut-il interdire ? Le fait de «prendre un coup» et, par voie de conséquence, la «boisson». Sur le plan du vocabulaire de l’imbibition, Denis Coderre est aussi un homme d’un autre âge.

Onomastique de puck

Contrairement à la plupart des professeurs d’université, les sportifs ont très souvent droit à un surnom. Au hockey, Maurice Richard était Le Rocket; Jean Béliveau, Le Gros Bill; Georges Vézina, Le Concombre de Chicoutimi.

Une publicité lancée il y a deux jours évoque deux de ces surnoms.

 

Patrick Roy parle d’un petit contenant de frites ? Bien sûr : Casseau est son surnom. Mario Tremblay se délecte par avance d’une tarte aux bleuets ? Qu’attendre de plus du Bleuet bionique ?

P.-S.—Pourquoi rassembler ces deux joueurs ? Parce que.

 

[Complément du 25 décembre 2021]

Version romanesque, chez Maxime Raymond Bock : «Morel a perdu son intérêt pour le hockey l’an dernier quand Peanut a échangé Casseau contre une caisse de pucks, lequel Casseau s’est empressé d’aller gagner la coupe dans les Rocheuses, avec feu les Nordiques par-dessus le marché. Un beau duo de perdants, Peanut et son Bleuet de coach» (2021, p. 281). Peanut est, bien sûr, Réjean Houle.

 

Référence

Raymond Bock, Maxime, Morel. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2021, 325 p.

Accouplements 164

David Turgeon, l’Inexistence, 2021, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Gagnon, Katia, «À la recherche du quatre et demie à 900 $», la Presse+, 24 avril 2021.

«Le quatre et demie, rue de Rouen, dans l’est de Montréal, était annoncé à 845 $ par mois. Les photos, sur Kijiji, étaient plus que sommaires. Le jour même — pas le lendemain —, nous sommes donc allés le visiter.
Il est clair, en y entrant, que nous sommes à la limite du taudis. Des cadres de fenêtre sont noircis par les moisissures. Le plafond de la salle de bains est lui aussi constellé de taches noires. La chambre à coucher est séparée du salon par… une porte-patio, dans laquelle on a suspendu un rideau.
[…]
Dans ce contexte de folie locative, certains propriétaires se permettent d’ailleurs d’être très exigeants avec les futurs locataires. Pour cet appartement dans Anjou, rue des Ormeaux, le propriétaire a une très longue liste d’exigences. Les aspirants locataires doivent d’ailleurs présenter formellement leur personne et leur candidature dans une lettre envoyée à son adresse courriel. Ces éventuels locataires doivent notamment s’engager à demeurer rue des Ormeaux à long terme, avoir une source stable de revenus… ainsi qu’un diplôme universitaire.
Dernière exigence : Speak English a plus

Turgeon, David, l’Inexistence. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 156, 2021, 219 p.

«Il est des gens, commença par dire Carel d’une voix tremblante, qui vivent dans des endroits épouvantables. Il s’arrêta. Il ne pouvait simplement dire que ces gens vivaient dans des taudis. C’était pire. Des cageots sans eau courante où s’entassaient des familles de douze. Des sous-sols sans fenêtre où proliférait la moisissure. Des réduits sentant l’égout où on n’accédait que par des trappes peu sûres. Et ces endroits, précisait Carel, où pas l’un d’entre nous ne tiendrait une semaine, ce ne sont pas ceux qui sont obligés d’y vivre qui m’y ont invité; ce sont ceux qui les possèdent qui me les montraient, et qui me disaient : Voici ce que je leur donne, à ces ingrats, à ces animaux» (p. 29-30).