L’oreille tendue de… Émile Zola

La Bête humaine, film de Jean Renoir, 1938, image de titre«Aussi, madame Lebleu avait-elle réveillé Lebleu, pour lui apprendre ce fait extraordinaire. La veille, ils ne s’étaient pas couchés avant l’arrivée de l’express de Paris, à onze heures cinq, brûlant de savoir ce qu’il advenait de l’histoire du sous-préfet. Mais ils n’avaient rien pu lire dans l’attitude des Roubaud, qui étaient revenus avec leur figure de tous les jours; et, vainement, jusqu’à minuit, ils avaient tendu l’oreille : aucun bruit ne sortait de chez leurs voisins, ceux-ci devaient s’être endormis tout de suite, d’un profond sommeil.»

Émile Zola, la Bête humaine, Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, éditeurs, 1893, 415 p., p. 72.

L’oreille tendue de… David Turgeon

David Turgeon, les Bases secrètes, 2012, couverture«La nuit tombe, Irénée continue de tendre l’oreille : mais Ignace ne l’appelle pas. Il a sûrement faim, se dit le gros homme avec reproche. Il a faim ! gémit-il alors, il faut le nourrir ! Et du fond des âges, une voix lui répond. Il croit qu’il hallucine, demande qui parle ? et pour un moment plus rien. Il se demande ce que disait la voix, c’était si soudain, et qui nous dit qu’elle parlait bien français ?»

David Turgeon, les Bases secrètes. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 59, 2012, 189 p., p. 126.

L’oreille tendue de… Dany Laferrière

Dany Laferrière, l’Odeur du café, éd. de 2010, couverture

«Le frère Simon vient de la Bretagne. Il enseigne le français. Le frère Simon a la mauvaise habitude de nous faire prier en silence dès qu’il entre dans la classe. On se met à genoux sur nos sièges respectifs. La tête baissée. En silence. Soudain un cri d’oiseau. Tout le monde se tourne spontanément vers la fenêtre. Un autre cri. Le frère Simon tend l’oreille. Le cri est au milieu de nous. Le frère marche dans les allées en regardant chacun de nous droit dans les yeux.»

Dany Laferrière, l’Odeur du café, Montréal, Typo, 2010, 227 p., p. 192. Édition originale : 1991.

L’oreille tendue de… Andrée A. Michaud

Andrée A. Michaud, Bondrée, 2014, couverture

«Il suffisait de tendre l’oreille pour entendre les gens chuchoter que c’était la folie qui avait agi ainsi, la folie engendrée par la guerre, et la haine après elle, la haine et la colère, l’orgueil, une insondable vanité.»

Andrée A. Michaud, Bondrée. Roman, Montréal, Québec Amérique, 2014, 296 p. Format numérique.

 

[Complément du 27 octobre 2023]

Plus fort encore : «L’enquête se corsait et on avait tendu nos quatre oreilles en direction des fenêtres ouvertes des McBain, où se tenait une réunion à laquelle participait le père d’Emma.»

L’oreille tendue de… James Renner

James Renner, Addict, 2017, couverture«Quand Sherlock Holmes avait besoin de renseignements, il demandait à une armée d’enfants des rues de tendre l’oreille. Les Irréguliers de Baker Street, il les appelait. Il savait que ces gamins étaient capables de couvrir plus de terrain que n’importe quel homme seul. J’en suis venu à considérer ces limiers d’Internet comme mes propres Irréguliers.»

James Renner, Addict. «Mon obsession pour l’affaire Maura Murray», Paris, Sonatine éditions, 2017, 317 p. Traduction de Caroline Nicolas. Format mumérique.