La station assise

Au Québec, les échanges oraux ne se font ni debout ni couché ni à genoux; on ne discute qu’assis. D’où l’équivalence entre s’asseoir et parler. Les exemples ne manquent pas, dont les quatre suivants.

«La CSDM s’assoit avec ses partenaires afin de développer des stratégies pour l’avenir» (le Devoir, 30-31 octobre 2004).

«Les enseignants s’assoient avec le ministre» (le Devoir, 24 mai 2005, p. A2).

«Paul Martin en entrevue à la Presse. S’asseoir avec les provinces, oui; signer des chèques en blanc, non» (la Presse, 14 octobre 2005, p. A3).

«Mon collègue Marc Antoine Godin s’est assis avec l’analyste de RDS, Benoît Brunet, ce week-end à Québec, pour sonder ses états d’âme» (la Presse, 5 octobre 2010, cahier Sports, p. 4).

De pareilles réunions, il faut toutefois se méfier. Avant de s’asseoir, qu’est-ce que l’autre a décidé d’apporter à la table ?

 

[Complément du 21 mai 2012]

Foi de Twitter, en plus de s’asseoir avec, on peut désormais s’asseoir auprès de : «Pauline Marois réclame que le PM Charest s’assoie auprès de sa nouvelle ministre pour rencontrer les leaders étudiants.»

Frontières du grégarisme

Il faut se méfier des réunions. Les organisateurs de réunions, eux les premiers, le savent; ils ont donc trouvé des façons de ne pas dire qu’ils tiennent des réunions.

On peut changer le nom de la réunion et tenir plutôt une rencontre informelle. Celle-ci peut être aussi préparée que celle-là — animation, documents à distribuer avant les interventions, pistes de réflexion qui permettront de relancer les échanges au cas où il y aurait des temps morts, questionnaire de suivi —, mais elle effrayera moins la communauté.

Il y a plus radical, comme le rapportait Yves Boisvert dans la Presse du 16 mai 2003. Il citait alors un document de la Ville de Montréal qui présentait la «solution accélérée», soit

une technique qui «fait en sorte que dans un contexte et dans un cadre physique, toutes les personnes concernées sont réunies dans un même lieu, dans une certaine configuration, avec tout le support nécessaire pour prioriser et obtenir l’engagement et le soutien décisionnel nécessaire à la résolution des problématiques identifiées» (p. A5).

Foi d’Oreille tendue, on dirait bien une réunion.

P.-S. — Derrière ce document, il y avait Robert Abdallah, qui était alors directeur général de la Ville de Montréal.

Comme une Madeleine

Les amateurs des Canadiens de Montréal se demandent ce que leur réserve leur jeune gardien de but, Carey Price. L’interrogation dure depuis longtemps : ce pourrait donc être une saga. La Presse de ce samedi propose un autre terme, nouveau celui-là : lacrymodrame (cahier Sports, p. 2). Il est vrai que cette histoire vire (trop souvent) au drame et qu’elle en fait pleurer plusieurs. Joli.