L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, Maigret en meublé, couverture

«Tout le monde dormait. Il pensa à Mlle Isabelle qui se retournait dans son lit et dont le corps de blonde devait déjà être tout moite. Les Saft, dans l’autre chambre, étaient couchés dans le même lit. Il avait visité leur chambre. Le lit était si étroit qu’il se demandait comment ils y tenaient tous les deux.

Il s’assit sur son lit à lui. Plus exactement, il se retrouva assis sur son lit sans avoir eu conscience de bouger et, tout de suite, il tendit l’oreille. Il était sûr d’avoir entendu un bruit anormal, probablement un heurt de faïence ou de porcelaine.»

Georges Simenon, Maigret en meublé, dans les Essentiels de Maigret, présentation de Benoît Denis, Paris, Omnibus, coll. «Tout Simenon», 2011, p. 507-617, p. 540. Édition originale : 1951.

Portrait simenonien

Georges Simenon, Maigret en meublé, couverture

«Elle était comme un énorme bébé, la chair rose, les formes indécises, avec de gros yeux bleus, des cheveux très blonds, une robe couleur de bonbon. À la voir, on aurait dit qu’il ne s’était rien passé de tragique, que tout était pour le mieux dans le meilleurs des mondes. […] Elle devait avoir dans les quarante ou quarante-cinq ans, mais, en apparence, elle n’avait pas d’âge. Tout comme, malgré son volume impressionnant, elle n’avait pas de poids. Et il y avait tant d’exubérance en elle qu’on s’attendait, en dépit des circonstances, à la voir éclater d’un rire enjoué.»

Georges Simenon, Maigret en meublé, dans les Essentiels de Maigret, présentation de Benoît Denis, Paris, Omnibus, coll. «Tout Simenon», 2011, p. 507-617, p. 517 et p. 518. Édition originale : 1951.

Une petite laine policière ?

Portrait de Michael Jackson sur la neige

Durant les années 1980, l’Oreille tendue a lu quelques ouvrages de Michel Lebrun consacrés au roman policier, par exemple dans sa série l’Année du polar. Lebrun était aussi du comité de rédaction de la revue Polar. On le surnommait parfois «le pape du roman policier», voire «le grand pape du polar». (Question, au passage : est-il de petits papes ?)

Michel Lebrun était un des pseudonymes de Michel Cade (1930-1996). Selon la Bibliothèque nationale de France, il a aussi signé des œuvres — romans d’espionnage, policiers, érotiques — sous les noms de Pierre Anduze, Lou Blanc, Oliver King, Laurence Nelson, Michel Lenoir et Michel Lecler. Il était encore traducteur.

Ce fan de roman noir s’est un jour demandé comment traduire le mot anglais thriller. Sa suggestion ? Frileur, car ce genre doit faire frissonner.

Joli.

P.-S.—Le mot thriller est «déconseillé» par l’Office québécois de la langue française. Le Petit Robert le considère comme un anglicisme : «Film (policier, fantastique), roman, récit qui provoque des sensations fortes.»

P.-P.-S.—L’Oreille est volontiers lectrice de polar; voir ici.

L’oreille tendue de… Éric Forbes

Éric Forbes, Amqui, 2017, couverture

«La porte d’entrée était entrebâillée. Il approcha son visage et constata que le cadre était fendillé à la hauteur de la serrure. On l’avait forcée. Mauvais signe, se dit-il en tentant de reprendre son souffle. Très mauvais signe. Il posa une main sur la poignée, tendit l’oreille et écouta.»

Éric Forbes, Amqui, Montréal, Héliotrope, coll. «Noir», 2017, 289 p. Édition numérique.