Citation ornithologique du jour, bis

Les Canadiens de Montréal affrontent les Penguins de Pittsburgh dans les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey.

Description du match par Jean Dion dans les pages du Devoir : «Cette séquence semble, par un paradoxe zoologique assez sérieux, donner des ailes aux Penguins […]» (7 mai 2010, p. A10).

Rimes riches

Ils sont nombreux à vouloir tirer profit des victoires des Canadiens de Montréal dans les séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey.

La chaîne d’alimentation Metro (sans accent) a ainsi acheté une pleine page de publicité dans la Presse du 29 avril 2010 (p. A9), toute de bleu-blanc-rouge, les couleurs de l’équipe, sur fond de patinoire :

On en a mangé des émotions.

Assis, debout, couché sur le sofa. La pointe de pizza avant la mise au jeu. La bouche pleine en chialant contre l’arbitre. Le bol de maïs soufflé entre l’enthousiasme et l’inquiétude. La crème à glace quand notre gardien est touché par la grâce. Le ketchup à côté de l’assiette quand la rondelle frappe le poteau. Les yeux pleins d’eau, remplis de fierté pour nos Glorieux.

Metro

Fière partenaire des Canadiens de Montréal

Passons sur le titre, dont l’indigence n’a d’égale que celle du texte. Notons au passage l’absence de verbes conjugués : l’abus des phrases nominales est pourtant un crime grave, passible des pires violences. Attachons-nous toutefois un instant à la relation trouble du maïs soufflé et de la crème à glace.

Partons d’une évidence : qui dit crème à glace ne dit pas maïs soufflé — il dit pop-corn; qui dit maïs soufflé ne dit pas crème à glace — il dit crème glacée, voire, cas extrême — cas français de France — glace. Pourquoi cette rupture dans les niveaux de langue ? Pourquoi ne choisir ni glace ni crème glacée ?

Pour deux raisons. Glace n’aurait pas pu remplacer crème à glace : cela aurait créé une confusion avec la surface sur laquelle jouent les Canadiens. Crème à glace rime (à peu près) avec grâce.

La poésie n’est pas toujours où on l’attend.

Onomastique cruelle

Lors de son arrivée chez les Canadiens de Montréal, le gardien de but Carey Price était perçu comme le Sauveur, d’où son surnom : Jesus Price.

Depuis, les choses se sont un rien gâtées. Comment le surnomme-t-on dans les cours d’école montréalaises ? Caprice (CArey PRICE).

Les enfants sont cruels.

P.-S. — Heureusement pour le principal intéressé, on prononce peu son nom, ces jours-ci, dans les rues exaltées de Montréal.

Patinoires intérieures

Le gardien de but des Canadiens de Montréal a fait preuve d’une belle alacrité dans la victoire des siens ce lundi. Il a en effet éclipsé les (redoutables) marqueurs des Capitals de Washington.

À un moment, Benoît Brunet, un des commentateurs du match au réseau de télévision RDS, a affirmé sans hésitation : «Jaroslav Halak est en train de jouer dans la tête des joueurs des Capitals.» Traduction libre : il les arrête, il les arrête, il les arrête — à force de les arrêter, il va les faire réfléchir, et trop réfléchir, ce qui va leur nuire dans la suite des séries éliminatoires.

L’image est forte : Halak, avec tout son équipement (patins, jambières, masque, gant, biscuit, etc.), dans la tête d’Ovechkin. On imagine sans mal que ça puisse ralentir Alexandre le Grand.

À suivre ce soir.

P.-S. — Sur le même sujet, le Journal de Montréal titrait, le 27 avril, «Halak majstrovský» («magistral en slovaque», expliquait-on entre parenthèses). À défaut de journalistes, ce quotidien utilise Google traduction.

 

[Complément du 22 janvier 2016]

Il n’y a pas que les opposants à pouvoir jouer dans votre tête : «On jouait très bien, je pense à la partie contre Los Angeles où Jonathan Quick a été extraordinaire, mais les défaites se sont mises à nous jouer dans la tête» (la Presse+, 22 janvier 2016).

Regret sportif

Victoire des Canadiens hier soir. En troisième période, sauf erreur de la part de l’Oreille tendue, l’entraîneur de l’équipe, Jacques Martin, n’a pas fait jouer du tout Marc-André Bergeron et Sergei Kostitsyn, et presque pas Benoît Pouliot et Glen Metropolit. En termes de hockey, cela s’appelle couper son banc (ne pas se servir de tous les joueurs qui se trouvent sur icelui). Or aucun commentateur, à la télévision, n’a employé l’expression.

Les traditions se perdent.

 

[Complément du 26 avril 2010]

Claude Quenneville, à la radio de Radio-Canada, racontait tout à l’heure que Scotty Bowman, l’ex-entraîneur des Canadiens de Montréal, avait un jour demandé à un employé du Forum, là où jouait l’équipe, de raccourcir (à la scie) le banc de l’équipe adverse, les Bruins de Boston, histoire de les embêter pendant un match. Couper son banc, mais au sens littéral.