Les zeugmes du dimanche matin et du hockey

Le gardien «immobilise le disque et le jeu du même coup» (Pierre Houde, Réseau des sports, 5 avril 2014).

«Il entraîne la rondelle et l’arrêt du jeu» (Pierre Houde, Réseau des sports, 1er mai 2014).

«Carey Price était mieux d’avoir perdu ses chiens plutôt que ses repères» (@jpballeux, 5 mai 2014).

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Autopromotion 118

L’Oreille tendue, toujours en quête d’aventures exaltantes, a décidé d’essayer de sa familiariser avec la plateforme Storify («Créer des histoires avec les réseaux sociaux»).

Première expérience : rassembler les contributions inscrites sous le mot-clic #HockeyLittéraire. À l’instigation de Daniel Grenier (@Saint_Henri), des usagers de Twitter se sont amusés à détourner, vers le sport, quelques titres d’œuvres littéraires. C’est ici.

Deuxième expérience : regrouper des tweets qui s’intéressent à la langue du hockey, ce que l’Oreille aime appeler la #LangueDePuck. C’est .

À nous deux maintenant, Storify !

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Citation métaphoricopolitique du jour

George Lakoff et Mark Johnson, les Métaphores dans la vie quotidienne, 1985, couverture

«Comme Charlotte Linde me l’a fait remarquer, qu’il s’agisse de politique nationale ou d’interaction quotidienne, ceux qui possèdent le pouvoir réussissent à imposer leurs métaphores.»

George Lakoff et Mark Johnson, les Métaphores dans la vie quotidienne, traduction de Michel Defornel avec la collaboration de Jean-Jacques Lecercle, Paris, Éditions de Minuit, 1985, 249 p., p. 167-168. Édition originale : 1980.

Ce que peuvent parfois cacher les mots

Couverture de l’édition canadienne de Sports Illustrated, décembre 2014

P.K. Subban est un défenseur des Canadiens de Montréal — c’est du hockey. À la suite d’un match récent qu’il a aidé son équipe à remporter, il a été l’objet de commentaires racistes sur les médias sociaux. P.K. Subban est noir. Plusieurs, à juste titre, ont publiquement dénoncé ces comportements.

Sur un plan légèrement différent, mais en lien avec ce qui précède, Yves Boisvert écrit ce qui suit dans la Presse du 7 mai (cahier Sports, p. 4) :

Dans tous les autres sports majeurs, les Noirs sont rois et maîtres ou très, très nombreux dans l’élite. Le hockey ? Il est blanc comme le dos de Lars Eller. J’ai toujours pensé qu’un fond de racisme plus ou moins inconscient teintait les commentaires au sujet de Subban. Ça sourd ici et là dans les critiques excessives. Et même chez ceux qui le louangent. En as-tu assez comme moi d’entendre dire «P.K., c’est un pur sang !» Dit-on ça des joueurs blancs au talent brut pas tout à fait poli ? Le racisme renvoie l’homme de l’autre race à une forme d’animalité, soit pour l’abaisser, soit pour le glorifier.

Les propos de Boisvert rappellent ceux de George F. Will, s’agissant d’un joueur de baseball noir, dans Men at Work (éd. de 1991).

[Willie] Mays received much praise for his baserunning «instincts». But again, such praise often is veiled — and not very well veiled — condescension. Mays’s «instincts» were actually the result of meticulous work (p. 227).

Will parle de «condescendance», pas de racisme, mais on voit bien qu’on est devant un phénomène semblable : associer à un groupe minoritaire des caractéristiques réputées «naturelles».

La langue classe.

P.-S. — Sur Twitter, @cestepatent répond à Yves Boisvert qu’on a déjà utilisé la même expression, mais en anglais (thoroughbred), pour désigner un autre joueur des Canadiens, le gardien de but Carey Price. Il est vrai que Price n’est pas noir. Il est amérindien…

 

[Complément du 9 mai 2014]

Sur Twitter, @DoCharron attire l’attention de l’Oreille tendue sur un article du Guardian : une revue australienne a dû s’excuser récemment d’avoir parlé du «apeish face» (visage simiesque) d’un surfer… autochtone.

 

Référence

Will, George F., Men at Work. The Craft of Baseball, New York, HarperPerennial, 1991, ix/353 p. Ill. Édition originale : 1990.