La clinique des phrases (121)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Tous ces délicats enjeux sont au cœur du vaste projet de transition énergétique qui attend le Québec. Au lieu de faire de l’aveuglement volontaire, il est temps de se parler dans le blanc des yeux, en conviant le grand public à un véritable débat de société, ouvert et transparent.

Si «le grand public» est convié à un «débat», on peut supposer qu’il s’agira d’un «débat de société», non ?

Donc :

Tous ces délicats enjeux sont au cœur du vaste projet de transition énergétique qui attend le Québec. Au lieu de faire de l’aveuglement volontaire, il est temps de se parler dans le blanc des yeux, en conviant le grand public à un véritable débat, ouvert et transparent.

À votre service.

P.-S.—Pourquoi le nierait-elle ? L’Oreille tendue a toujours eu du mal avec «le débat de société».

Le zeugme du dimanche matin et d’Horace Brown

Whispering City, éd. de 2023, couverture

«As he stood outside Michel Lacoste’s apartment, listening, the thought seemed to him thin and insubstantial. His breathing was even more rapid than he remembered it from those horrible moments a score of years ago, when his friend’s face had turned to him in surprised and pleading terror and then when the roar of the [Montmorency] Falls had blotted out all reason and the falling scream had seemed natural, part of the wild landscape and of the ordered scheme of things. His pulse raced beyond normal.»

Whispering City. A Study in Suspense, Montréal, Véhicule Press, A Ricochet Book, 2023, 161 p., p. 73. Adapted by Horace Brown from the Quebec Productions’ Film based on an original story by George Zuckerman and Michael Lennox. Introduction de Brian Busby. Édition originale : 1947.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Henning Mankell

Henning Mankell, Meurtriers sans visage, éd. de 2003, couverture

«Il tend l’oreille dans le noir et soudain il est parfaitement conscient.

Il y a quelque chose qui a changé. Quelque chose n’est plus comme d’habitude.

Il étend prudemment la main jusqu’à toucher le visage de sa femme. Du bout des doigts, il sent la chaleur de son corps. Ce n’est donc pas elle qui est morte. Aucun des deux n’a encore laissé l’autre seul.

Il tend l’oreille dans le noir.»

Henning Mankell, Meurtriers sans visage. Roman, Paris, Christian Bourgois éditeur, coll. «Points», P1122, 2003, 385 p., p. 12. Édition originale : 1991. Traduction de Philippe Bouquet.

Autopromotion 782

«Architecture et parties qui en dépendent. Première partie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche X

La 624e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 73 400 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Architecture et parties qui en dépendent. Première partie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche X

L’art de bien commencer

Marcello Vitali-Rosati, Éloge du bug, 2024, couverture

À une époque pas trop lointaine, Marcello Vitali-Rosati et l’Oreille tendue étaient collègues. Ils sont néanmoins restés amis.

Le premier vient de faire paraître le livre Éloge du bug. Être libre à l’époque du numérique; la seconde le lit avec avidité et bonheur.

L’ex-jeune collègue de l’Oreille est doué pour les entrées en matière. Deux exemples :

«Un matin au réveil, attrapant machinalement son iPhone posé sur la table de chevet, Gregor Samsa constata que son téléphone s’était métamorphosé en un infâme appareil plein de bugs» (chapitre «Il faut que ça marche»).

«Un soir de l’année 416 avant J.-C., Socrate se met sur son trente-et-un pour se rendre à une fête. Lui qui, habituellement, va toujours nu-pieds et n’est jamais soucieux de son apparence, est propre, bien habillé et chausse même des sandales» (chapitre «Le monde des bugs»).

Joli !

P.-S.—Vous avez bonne mémoire : l’Oreille a déjà rêvé de donner un cours sur l’art de l’incipit.

 

Référence

Vitali-Rosati, Marcello, Éloge du bug. Être libre à l’époque du numérique, Paris, Éditions Zones, 2024, 208 p. PapierHTMLPDF