L’Église se transforme

Pour des raisons intergénérationnelles, quelques fois l’an, l’Oreille tendue est tenue de s’exposer à la liturgie catholique. Cette année, c’était le 24 décembre, à la messe de minuit, celle de 21 h, à l’Oratoire Saint-Joseph, à Montréal.

Un des officiants souhaita la bienvenue aux (in)fidèles, ceux qui se trouvaient dans l’église, mais aussi «aux auditeurs du réseau Cogeco». La cérémonie était en effet radiodiffusée.

Pendant des années, c’est CKAC qui était le diffuseur ecclésiastique. Cela a donc changé. L’Église ne cesse de se transformer.

Qui oserait le lui reprocher ?

Moi, ce personnage

William Messier, Dixie, 2013, couverture

L’Oreille tendue rougit. Deux fois, elle est devenue personnage de fiction (en quelque sorte).

La première fois, c’était en 2000, sous la plume de Bernard Andrès, dans l’Énigme de Sales Laterrière :

— Une rhétorique où élocution et invention rhétoriques s’entremêlent, une elocutio fondée sur l’encyclopédie des savoirs, toute une triade des figurae ad docendum, ad delectandum et ad movendum ! s’enflamme Bernier sous l’œil goguenard de Melançon.

Mais Marc-André n’a que faire des sourires en coin. Il persiste et signe en renchérissant sur les idées de son ancien professeur :

— Messieurs, ce n’est pas une université que nous devrions avoir dans la province, mais au moins deux ! Ou trois ? Une à Québec, pour détrôner le Séminaire, une autre à Montréal, pour damer le pion aux sulpiciens et, pourquoi pas, une autre aux Trois-Rivières ?

— Comme vous y allez, Maître Bernier ! lance d’Estimauville qui connaît la fougue et les ambitions de la jeunesse lettrée. Et où recruterions-nous nos enseignants par ici ?

— Mais n’en voilà-t-il pas un devant nous ? répond benoîtement Melançon.

— Eh bien, pourquoi pas, mon ami ? reprend l’autre. Vous à Montréal et moi aux Trois-Rivières.

— La devision [sic] du petit monde universitaire ! plaisante Gamelin (p. 518-519).

Sa deuxième transsubstantiation est plus récente. Dans Dixie (2013), de William S. Messier, elle lit :

Il y a même le vieux Melançon qui scande les vers de la chanson en rinçant le moteur de sa chainsaw (p. 139).

(Les lecteurs de l’École de la tchén’ssâ reconnaîtront l’allusion.)

Si jamais elle meurt, l’Oreille mourra heureuse.

 

[Complément du 6 septembre 2019]

L’ami et ex-collègue François Hébert publie Miniatures indiennes. Cela a beau se dire Roman, on y croise des êtres de chair(e). La scène se déroule pendant la période des initiations de début d’année :

Il y a du tapage dans le corridor. Des rois passent, des médecins sadiques, des collègues, des vampires au menton dégoulinant de ketchup, des bagnards enchaînés, des démarcheurs, les professeurs Melançon et Mélancon, des chiens forcés de japper, des clowns, des Hare Krishna, des mendiants, des courtisanes à demi nues (p. 65).

Le lecteur qui connaît l’Université de Montréal n’aura pas de mal à reconnaître l’Oreille dans le premier des deux M., et Robert Mélançon dans le second.

 

[Complément du 13 juin 2022]

L’Oreille a longtemps donné à l’Université de Montréal un cours d’histoire de la littérature. Elle y a aussi donné des cours de littérature française du XVIIIe siècle. Or, lisant l’Amour des maîtres (2011), de Mélissa Grégoire, elle tombe sur ces deux passages :

Aucun cours n’était aussi brillant, substantiel, provocant que celui de Julien Élie, aucun professeur ne lui arrivait à la cheville, sauf un peut-être qui semblait se passionner pour l’histoire littéraire mais dont l’enseignement, donné dans un grand amphithéâtre, avait quelque chose d’impersonnel (p. 102).

Le lendemain, dans le cours de Littérature du XVIIIe siècle, Louis s’est assis à côté de moi […]. […] tandis que le professeur Beauchamp entrait dans la classe, j’ai continué de chuchoter à son oreille : «À l’avenir, parle donc pour toi !» Le professeur s’est assis, en faisant craquer sa chaise, a ouvert son livre et a commencé à lire son exposé d’une voix monocorde : «Madame de Staël se méfie de la solitude, elle insiste sur la nécessité de la conversation…» (p. 127)

Une «voix monocorde», vraiment ?

 

Références

Andrès, Bernard, l’Énigme de Sales Laterrière, Montréal, Québec Amérique, 2000, 871 p.

Grégoire, Mélissa, l’Amour des maîtres, Montréal, Leméac, 2011, 245 p.

Hébert, François, Miniatures indiennes. Roman, Montréal, Leméac, 2019, 174 p.

Messier, William S., Dixie. Roman, Montréal, Marchand de feuilles, 2013, 157 p. Ill.

Les clichés du temps des Fêtes

La période des fêtes de fin d’année se prête particulièrement bien aux lieux communs, notamment dans les médias. Cinq exemples.

1. «Le visage de la pauvreté a changé.»

2. «Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.» (Dans le Devoir, le 24 décembre 2012, le professeur André Gagné a réfléchi à cette formule, dans le cadre de la rubrique «Le devoir de philo».)

3. Tout est toujours pire «à quelques jours de Noël» (@OursMathieu).

4. «Constatation : la plupart des Noëls sont blancs, rock ou d’antan» (@machinaecrire).

5. Il faut «réinventer» Noël. (Le Devoir s’y est employé dans son édition des 21-22 décembre 2013, p. A6-A7.)

Vous en connaissez d’autres ? Les suggestions sont bienvenues.

L’Oreille tendue souhaite vous tâter…

…en tout bien tout honneur.

Au printemps 2013, du premier au dernier jour des séries éliminatoires de la Ligue nationale de hockey, l’Oreille a publié ici même les 57 entrées d’un «Dictionnaire des séries». Il y était question, jour après jour, match après match, de la langue du hockey.

En février 2014, ces textes, revus et augmentés, accompagnés de quelques inédits, présentés dans un nouvel ordre, paraîtront à Montréal chez Del Busso éditeur. L’ouvrage à paraître sera généreusement illustré.

L’Oreille a proposé à son éditeur et néanmoins ami, Antoine Del Busso, le titre suivant : Petit lexique illustré à l’usage de l’amateur de notre beau sport national, titre qui a reçu son aval.

Puis, un jour, hésitation éditoriale. En effet, l’Oreille ayant intitulé, sans trop y réfléchir, un de ses courriels «Langue de puck», l’éditeur a été séduit par la formule, au point de se demander s’il ne tenait pas là un meilleur titre de livre que Petit lexique illustré à l’usage de l’amateur de notre beau sport national.

Qu’en pensent les bénéficiaires de l’Oreille tendue ? Quel titre préfèrent-ils ?

Langue de puck ?

Petit lexique illustré à l’usage de l’amateur de notre beau sport national ?

Langue de puck. Petit lexique illustré à l’usage de l’amateur de notre beau sport national ?

Autre chose ?

Elle et lui vous remercient à l’avance.

P.-S. — On ne confondra évidemment pas poque et puck.

 

[Complément du 29 janvier 2014]

Finalement, ce sera Langue de puck. Abécédaire du hockey et ça paraîtra au début de mars. (Pourquoi ce changement de sous-titre ? Le premier — Petit lexique illustré à l’usage de l’amateur de notre beau sport national — correspondait parfaitement au graphisme initial de l’ouvrage. Ce graphisme ayant complètement changé, Abécédaire du hockey fait mieux l’affaire.)

Ci-dessous, une première maquette de la couverture.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

Le zeugme du sexe et du dimanche matin

Aude, Banc de brume ou Les aventures de la petite fille que l’on croyait partie avec l’eau du bain, 1987, couverture

«Elle ne leur dira rien de ses petits seins secs qui n’avaient pas voulu pousser parce que, pendant son enfance et son adolescence, on lui avait laissé entendre que “cela” était sale : les seins, les fesses, le sexe; et même en parler.»

Aude, «La gironde», dans Banc de brume ou Les aventures de la petite fille que l’on croyait partie avec l’eau du bain, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels poche», 2007, 107 p., p. 51. Édition originale : 1987.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)