Autopromotion 286

Victor Hugo, Notre-Dame-de-Paris, éd. de 1969, couverture

 

Le 15 mars 1831 paraissait Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, dixit @GallicaBNF.

Un jour, l’Oreille tendue s’est prise pour lui. C’est ici.

 

Référence

Melançon, Benoît, «Ceci tuer@-t-il cel@ ?», dans Maxime Prévost et Yan Hamel (édit.), Victor Hugo (2003-1802). Images et transfigurations. Actes du colloque «Imago Hugolis» organisé par le Collège de sociocritique de Montréal, Montréal, Fides, 2003, p. 77-87. https://doi.org/1866/13812

Les 9 R

Grégoire Courtois, les Lois du ciel, 2016, couverture

Résumé. Une gastro, puis seize morts, dont une majorité d’enfants, en forêt, dans l’horreur maintenue mais renouvelée en ses formes.

Rouge : sang.

Représentativité. Cette phrase n’est pas du tout représentative du ton du roman : «Parfois les enfants aiment à se perdre dans la contemplation des choses simples» (p. 126). Surtout pas du ton des pages finales, plus gore que gore.

Répétitions. Grégoire Courtois aime beaucoup l’expression tendre l’oreille; il l’utilise au moins sept fois.

Rhétorique. L’amateur de zeugmes se régalera.

Réflexivité. La littérature n’est pas morale (p. 154-155). Pas du tout.

Recommandation. À lire. Ouf et ouf et ouf.

Restricted, comme on dit au cinéma. Âmes sensibles, cependant, s’abstenir. Vous aurez été prévenues.

 

[Complément du jour]

Allons-y pour un autre R.

Remarquable. L’écriture de ce roman l’est.

 

Référence

Courtois, Grégoire, les Lois du ciel. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 99, 2016, 195 p.

Le zeugme du dimanche matin et de Guy Delisle

Guy Delisle, Chroniques de Jérusalem, 2011, couverture

«Mine de rien, cette bouteille de cornichons fait quand même son poids. Je me donne en spectacle devant un parterre de journalistes, essayant tant bien que mal de garder mon équilibre et le peu qu’il me reste de fierté.»

Guy Delisle, Chroniques de Jérusalem, couleur : Lucie Firoud & Guy Delisle, Paris, Guy Delcourt productions, 2011, 333 p., p. 44.

P.-S. — Ce n’est pas le seul zeugme de ce livre et de Guy Delisle (voir ici).

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Pleurer avec Maurice Richard

Maurice Richard pleurant, Forum de Montréal, 11 mars 1996

Le 11 mars 1996, un dernier match de hockey était disputé au Forum de Montréal, sur la rue Sainte-Catherine Ouest, à l’intersection de l’avenue Atwater; dans les jours qui suivirent allait être inauguré le nouveau complexe sportif où se dérouleraient dorénavant les matchs des Canadiens, le Centre Molson, devenu depuis le Centre Bell. Après le match, une cérémonie, scénarisée par Réjean Tremblay et mise en scène par Denis Bouchard, avait été organisée pour marquer le passage d’un lieu à l’autre. Devant environ 18 000 spectateurs, dont plus de 1 500 debout, des joueurs du présent et des joueurs d’hier se passaient de la main à la main un flambeau incarnant la tradition des Flying Frenchmen, selon l’expression longtemps utilisée pour marquer à la fois le caractère ethnique (Frenchmen) et la spécificité (la rapidité : Flying) de l’équipe. Parmi ces joueurs du passé, il y en avait qui seraient appelés, un jour, à faire partie des fantômes du Forum. Dans le discours de presse qui a suivi l’événement, on a beaucoup insisté sur le caractère familial de la cérémonie : les Glorieux, d’hier à aujourd’hui, formeraient une grande famille et des familles se seraient réunies au Forum pour marquer la fin de son utilisation comme aréna. Au sein de ces familles, un patrimoine serait transmis, un passé commun fait d’images continuellement reprises, de figures connues, de faits d’armes transmis de génération en génération, d’expressions toutes faites. C’était cela le Forum : la foule, le flambeau, les fantômes, la famille, la filiation.

Au cours de la cérémonie, Maurice Richard — le plus célèbre porte-couleurs de la plus célèbre équipe de hockey au monde — faisait partie des joueurs appelés à se passer le flambeau. Il est présenté par Richard Garneau, le maître de cérémonie de la soirée, comme «le cœur et l’âme du Forum». Il reçoit une ovation nourrie. Le quotidien montréalais la Presse dit, le lendemain, qu’elle aurait duré «tout près de sept minutes» (12 mars 1996, p. S3), ce que semblent corroborer des images disponibles sur YouTube. Par la suite, cette durée variera considérablement selon les sources : huit minutes, neuf, dix, onze, quinze, seize, voire vingt (chez Bob Bissonnette, dans sa chanson «J’accroche mes patins» en 2012). Maurice Richard, qui ne sait plus où se mettre, pleure, et ses admirateurs avec lui, ceux qui l’ont vu jouer autant que ceux qui n’ont qu’entendu parler de lui (la majorité), en famille.

Récit mythique pour lieu et personnage mythiques.

P.-S. — Rappelons qu’il était possible, au moment de la fermeture du Forum en 1996, d’acheter un ou plusieurs de ses sièges. Depuis, les lieux sont occupés par des salles de cinéma. On y a conservé des souvenirs de leur première vocation : des sièges, une statue de Maurice Richard, une murale le représentant, etc.

[Ce texte reprend des analyses publiées dans les Yeux de Maurice Richard (2006) et d’autres présentées lors d’un colloque en 2012 à l’Université d’Ottawa.]

 

 

[Complément du 14 juin 2021]

Il y a une bière qui commémore cet évènement.

 

Référence

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture