Du bozo

Bozo le clown, 1961, photo déposée sur Wikimedia Commons

Soit la phrase suivante, tirée de la Presse+ du 30 janvier 2024 :

N’importe quel bozo peut désormais télécharger une application sur son iPhone pour réaliser en vitesse une vidéo porno, hypertruquée mais hyperréaliste, mettant en scène l’objet de ses fantasmes.

Qui est donc ce «bozo» ? Dans la langue populaire du Québec, ce mot, emprunté à l’anglais, désigne quelqu’un qui se tient sur un des barreaux de l’échelle de la bêtise, Il est souvent connoté négativement : on pourra apprécier le ti-coune; pour le bozo, c’est plus difficile. C’est ce qu’indique l’exemple ci-dessus.

Il existe (au moins) deux exceptions : le personnage qui a donné son titre à la chanson «Bozo-les-Culottes», de Raymond Lévesque, et Bozo le clown devaient attirer la sympathie, sans toutefois se démarquer ni l’un ni l’autre sur le plan des compétences intellectuelles. S’agissant de la chanson, tout le monde n’était pas d’accord avec une lecture bienveillante.

 

Illustration : Bozo le clown, 1961, photo déposée sur Wikimedia Commons

Fil de presse 048

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

 

Langue et livres / numéros de revues ? Là.

Anquetil, Sophie, Cindy Lefebvre-Scodeller, Régis Mauroy et Olivier Polge (édit.), Dire et redire I. Formes et enjeux de la reformulation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. «Travaux linguistiques du Cerlico», 34, 2023, 210 p.

Becker, Lidia, Sandra Herling et Holger Wochele (édit.), Manuel de linguistique populaire, De Gruyter, coll. «Manuals of Romance Linguistics», 34, 2024, 616 p. Ill.

Boudreau, Annette, Insécurité linguistique dans la francophonie, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, coll. «101», 2023, 96 p.

Bravo, Federico, La double articulation, on en crève ! Repenser le signifiant, Limoges, Lambert-Lucas, coll. «Linguistique et sociolinguistique», 2023, 320 p.

Cahiers de lexicologie, 123, 2023, 303 p. Dossier «La langue de spécialité en espagnol (1850-1950) : textes et dictionnaires», sous la direction de Gloria Clavería et Cecilio Garriga.

Cahiers internationaux de sociolinguistique, 23, 2023, 142 p. Dossier «Francophonies, crises et approches diversitaires des langues. Créativité, imagination», sous la direction de Valentin Feussi.

Cotte, Pierre, la Motivation dans la langue. Recherches en linguistique anglaise. 1. Syntaxe : motivation et genèse, Paris, Sorbonne Université Presses, coll. «Mondes anglophones», 2023, 472 p.

Danon-Boileau, Laurent, Voix des racines. Glossaire giboyeux à l’usage des promeneurs et autres amateurs de mythologie lexicale, Paris, Fario, 2024, 144 p.

Favaro, Marco, Modal Particles in Italian. Adverbs of Illocutionary Modification and Sociolinguistic Variation, Berlin, Language Science Press, coll. «Open Romance Linguistics», 2023.

Hilgert, Emilia, Georges Kleiber et Silvia Palma (édit.), la Notion de formule en linguistique, Limoges, Lambert-Lucas, coll. «Études linguistiques et textuelles», 2023, 216 p.

Le Pichon-Vorstman, Emmanuelle (édit.), Voix et visages du français en Ontario, Sudbury, Prise de parole, coll. «Agora», 2023, 240 p.

Lecercle, Jean-Jacques, Lénine et le langage, Paris, La Fabrique éditions, 2024, 208 p.

Lévêque, Mathilde, les Voix de la traduction, Paris, Classiques Garnier, coll. «Perspectives comparatistes», 134, série «Littératures de jeunesse», 3, 2023, 245 p.

Martin, Marcienne et Sylvain Beaupré (édit.), la Construction de l’identité par le langage. Une approche pluridisciplinaire, Paris, L’Harmattan, coll. «Nomino ergo sum», 2023, 264 p.

Mots. Les langages du politique, 133, 2023. Dossier «La République au-delà du slogan», sous la direction de Chloé Gaboriaux, Cédric Passard et Annabelle Seoane.

Pratiques. Linguistique, littérature, didactique, 199-200, 2023. Dossier «Discours animaux, discours sur les animaux. Nouvelles perspectives en analyse du discours, recherche littéraire et didactique», sous la direction de Sophie Milcent-Lawson.

Priscien, Grammaire. Livre VIII — Le Verbe, Paris, Vrin, coll. «Histoire des doctrines de l’Antiquité classique», 2023, 376 p.

Privas-Bréauté, Virginie (édit.), Du recueil de données à l’analyse des corpus en didactique des langues, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. «Paideia», 2024, 188 p. Postface d’Alexander Boulton.

Rueff, Martin, Au bout de la langue, Caen, Nous, coll. «Antiphilosophique», 2024, 240 p.

Surrallés, Alexandre, la Raison lexicographique. Découverte des langues et origine de l’anthropologie, Paris, Fayard, coll. «Ouvertures», 2023, 504 p.

Trans-. Revue de littérature générale et comparée, 2023. Dossier «Recycler les mots», sous la direction de Maéva Boris et Luca Penge.

Wiese, Heike, Grammatical Systems Without Language Borders Lessons from Free-Range Language, Berlin, Language Science Press, coll. «Conceptual Foundations of Language Science», 2023.

Divergences transatlantiques 074

Affiche de la série télévisée Cerebrum, 2019

Le correspondant de l’Oreille tendue dans la Cité des Anges a récemment regardé, sur TV5, la série télévisée québécoise Cerebrum. Cette série en français était sous-titrée en français.

Dans les sous-titres, le verbe aviser («Je vais aviser mon équipe») était remplacé par informer.

La chose étonne un brin : tant le Petit Robert que le Larousse donnent aviser et informer comme synonymes. Pourquoi remplacer le premier par le second ?

Québécois et français seraient-ils séparés par une langue commune ?

P.-S.—En matière de sous-titrage, citons cette perle de Jérôme Garcin dans la livraison du 19 novembre 2023 de l’émission de radio le Masque et la plume : «Simple comme Sylvain est un film en québécois sous-titré en français.» Rappelons pour ceux qui auraient dormi durant la leçon qu’il n’existe aucune langue qui s’appellerait «le québécois».

Les zeugmes du dimanche matin et de Maylis de Kerangal

Maylis de Kerangal, Naissance d’un pont, éd. de 2020, couverture

«Sanche ne connaît ni le vertige ni la difficulté de travailler en solitaire dans un espace restreint, il a le sens de l’équilibre et des responsabilités, celui de la sécurité — les grues sont dangereuses sur un grand périmètre —, enfin il est doué d’une formidable capacité de concentration : il a trouvé sa place.»

«Sanche accourt à la table, zigzague dans la salle pleine et moite, parmi les fronts qui ruissellent, les bouches humectées d’alcool et d’allégations débiles […].»

Maylis de Kerangal, Naissance d’un pont, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 5339, 2020, 336 p. Édition numérique. Édition originale : 2010.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Autopromotion 743

«Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche VI

La 593e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 70 000 titres.

N.B.—Le moteur de recherche (ici) connaissait des ratés depuis quelque temps. C’est réparé.

Illustration : «Anatomie», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche VI