Coulées d’irrationalité

Pissotière, Liège, 2010

 

Soit ce message sur Bluesky :

Message sur Bluesky, 24 juin 2025 contenant les mots «humeur du matin»

L’«humeur du matin» désignerait un caprice de la pensée : X, en se levant, a décidé que Y s’appliquerait. Aucune justification ne lui serait nécessaire.

Le français populaire du Québec connaît une variation un peu plus crue de cette expression : «trouver dans ses urines du matin». Exemple : Le ministre a trouvé sa politique des toilettes scolaires dans ses urines du matin.

À votre service.

P.-S.—L’urine, on s’en souviendra, ne relève pas de la théorie des humeurs.

Les religions du hockey

Cara Hedley, Twenty Miles, 2007, couverture

On aime beaucoup dire, au Québec, que le hockey y serait une religion.

Le premier à sérieusement réfléchir à cette association a été Olivier Bauer, d’abord en dirigeant, avec Jean-Marc Barreau, un ouvrage collectif, la Religion du Canadien de Montréal (2008), puis en publiant Une théologie du Canadien de Montréal (2011). Dans l’ouvrage de 2011, il concluait ceci :

la religion du Canadien m’apparaît comme une fausse religion qui vénère un mauvais dieu ou, s’il n’y a qu’un Dieu — ce que je crois —, qui l’adore d’une mauvaise façon. Ce qui, je ne me lasserai jamais de le répéter, ne prive pas le Canadien de tout caractère religieux. Car même une fausse religion est encore une religion (p. 126).

On aime aussi dire que cette religion hockeyistique serait propre au Québec. (S’agissant du hockey, l’Oreille tendue a pondu quelques lignes sur d’autres supposées caractéristiques propres à cette province; c’est ici.)

Comme toujours, les choses sont plus compliquées qu’elles ne le paraissent.

Ouvrons Twenty Miles (2007) de Cara Hedley :

I’ve always known about hockey being the Religion of Canadians. But what about the other side : the hockey atheists, the disbelievers, the half-believers ? I played, so I’d never thought to look in that direction. The ones sitting on the fence. Jacob made it sound like I was headed to Hell (p. 116).

S’il existe une religion du hockey, cela suppose la présence d’athées («atheists»), de mécréants («disbelievers»), de demi-croyants («half-believers»), d’indécis («The ones sitting on the fence») et de l’enfer («Hell»). On notera surtout que cette religion serait celle des Canadiens («the Religion of Canadians»), pas seulement celle des Québécois.

L’Oreille est désolée de s’en prendre une fois de plus à un mythe national.

 

Références

Bauer, Olivier et Jean-Marc Barreau (édit.), la Religion du Canadien de Montréal, Montréal, Fides, 2008, 182 p. Ill.

Bauer, Olivier, Une théologie du Canadien de Montréal, Montréal, Bayard Canada, coll. «Religions et société», 2011, 214 p. Ill.

Hedley, Cara, Twenty Miles, Toronto, Coach House Books, 2007, 205 p.

Melançon, Benoît, «Au Québec, c’est comme ça qu’on joue», le Devoir, 4 mars 2025.

Le zeugme du dimanche matin et de Philippe Manevy

Philippe Manevy, La colline qui travaille, 2024, couverture

«Ce qui a changé, c’est Cocotte elle-même, marquée par trois décennies d’un mariage malheureux, qui lui a laissé beaucoup de désillusions et deux enfants, dont Tony, le pilote, le casse-cou, le fils prodigue pour lequel elle tremble de crainte et de fierté»

Philippe Manevy, La colline qui travaille, Montréal, Leméac, 2024, 288 p. Édition numérique.

 

(Une définition du zeugme ? Par là.)